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Mars : pourquoi Perseverance abandonne-t-il ses précieux prélèvements ?

Percy se déleste d’une partie de ses échantillons au cas où il lui arriverait une mésaventure.

Entre le lancement du JWST, de la mission Artemis I ou encore du satellite SWOT, on pourrait presque oublier que Perseverance continue d’arpenter inlassablement les plaines martiennes. Depuis quelques jours, il a d’ailleurs attaqué une nouvelle phase de sa mission ; il a commencé à abandonner ses précieux échantillons de poussière.

En effet, lors de la traditionnelle conférence de presse de fin d’année de l’American Geophysical Union, les planétologues qui suivent le robot ont donné de ses nouvelles. Ils ont annoncé qu’à partir du 19 décembre, « Percy » allait commencer à déposer dix tubes remplis de matériel martien directement à la surface, dans une région baptisée Three Forks.

Cette information a de quoi surprendre ; pourquoi diable enverrait-on un robot aussi cher et sophistiqué sur la planète voisine, si c’est pour sacrifier le matériel qu’il a eu tant de peine à collecter depuis son arrivée sur la Planète rouge ? Pour le comprendre, il faut se pencher sur la suite de Mars 2020. Car si Perseverance a donné le coup d’envoi de ce grand programme, il ne sera pas le seul appareil à en faire partie.

En effet, ce formidable robot chasseur de vie extraterrestre ne rentrera malheureusement jamais sur Terre. Comme ses illustres ancêtres, il finira sa vie au milieu de ces plaines cramoisies. Mais la NASA compte tout de même étudier les échantillons de sol martien que Perseverance collecte avec diligence depuis bientôt deux ans.

Un trésor scientifique à récupérer coûte que coûte

Or, malgré toutes ses qualités, l’engin ne peut réaliser que des analyses assez rudimentaires. Pour analyser ce matériel plus en détail, il faudra impérativement le rapatrier. Ce sera l’objectif d’une seconde expédition baptisée Mars Sample Return (MSR).

À cette occasion, un petit atterrisseur, le Sample Retrieval Lander, ira se poser dans cette fameuse région de Three Forks. Ce site a été choisi car il s’agit d’une zone extrêmement ennuyeuse en termes géologiques, mais parfaitement plate et dégagée — parfait pour y poser un engin avec un minimum de risque.

Preseverance a déjà accumulé une belle collection d’échantillons. © NASA / JPL-Caltech

Perseverance se rendra alors sur place pour procéder à la collecte. À l’origine, c’est un nouveau rover qui devait s’en charger. Mais le programme a changé entre temps (voir notre article). La NASA a été très impressionnée par les performances de l’inépuisable Ingenuity, le petit hélicoptère qui accompagne Perseverance sur la Planète rouge.

Pour rappel, l’engin n’était qu’une preuve de concept prévue pour voler cinq fois à titre expérimental. Mais il vient récemment de boucler son 36e vol sur Mars. Une fiabilité exceptionnelle et tout à fait inattendue qui lui a valu de nouvelles prérogatives ; il est désormais l’éclaireur attitré de Perseverance. Et son assistance s’est révélée très précieuse.

L’agence a donc décidé d’en construire deux autres pour assurer la récupération des prélèvements depuis Perseverance. Sans surprise, ils sont assez similaires au modèle original; rien de plus normal, puisqu’il continue de dépasser toutes les attentes de la NASA (voir notre article). La seule vraie différence, c’est qu’ils seront notamment munis de roues et d’un bras articulé capable de soulever une charge d’environ 150 grammes. De quoi récupérer facilement les trésors accumulés par le rover.

Le pire doit aussi être envisagé

Mais dans un environnement aussi hostile, il est indispensable de parer à toute éventualité, à commencer par les plus problématiques. Et même si personne ne préfère y penser, il est tout à fait possible que Perseverance rate ce grand rendez-vous indispensable au succès de la mission. Il pourrait par exemple rester coincé dans une poche de sable, une ornière, ou un autre piège géologique retors.

Perseverance va déposer la moitié des ses échantillons à des endroits stratégiques. Les petits hélicoptères de la mission Mars Sample Return pourront ainsi les récupérer sans problème. © NASA / JPL-Caltech

Et au cas où le vaillant Percy connaîtrait un sort funeste, il serait dommage de perdre tous ses précieux échantillons. C’est précisément pour cela qu’il conserve deux exemplaires à chaque forage. Il peut ainsi en laisser la moitié à Three Forks ; s’il lui arrive quelque chose par la suite, le couple d’hélicoptères pourra au moins récupérer un exemplaire de chaque prélèvement.

Qu’ils soient récupérés directement à partir du rover ou depuis la surface en cas d’accident, les échantillons seront ensuite installés dans le Sample Retrieval Lander; il s’agit en fait d’un lanceur miniature. Une fois ces cartes postales minérales bien installées, la mini-fusée s’élancera vers l’orbite martienne.

On s’était donné rendez-vous dans dix ans

Elle sera alors récupérée par l’Earth Return Orbiter, un véhicule construit par l’ESA qui sera stationné en orbite. C’est lui qui se chargera de rapatrier ce matériel sur Terre. Cette manne scientifique aura alors droit au même traitement que les fameux « moonrock » ramenés de la Lune par les équipages des missions Apollo. Le tout sera soigneusement conditionné; ces poussières pourront être étudiées en détail sur les décennies à venir pour tenter de percer les secrets de la planète rouge.

S’il est toujours d’attaque à ce moment, Perseverance sera déjà reparti en vadrouille. D’ailleurs, cette étape du dépôt des échantillons représente un grand tournant. Sa mission principale sera désormais achevée ; tout l’enjeu sera donc de rentabiliser le rover au maximum en produisant autant de science que possible avant qu’il ne rende son dernier souffle. Et cela tombe bien, car il lui reste encore 22 tubes à prélèvement tout neufs. Naturellement, la NASA espère bien les remplir, quitte à imaginer une nouvelle mission de récupération à l’avenir.

Perseverance est en train de déposer ses échantillons; il repartira ensuite chercher des biosignatures dans le delta du cratère de Jezero. © NASA / JPL-Caltech

Il faudra toutefois être patient. Le lancement de Mars Sample Return n’arrivera pas avant 2028 au plus tôt. Le retour des échantillons, prévu initialement en 2030, attendra probablement jusqu’en 2033. Mais d’ici-là, il ne fait aucun doute que le duo le plus dynamique de l’histoire de l’exploration martienne continuera de nous régaler avec de superbes découvertes.

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2 commentaires
  1. Tout est possible mais assez flou pr le moment…qui vivra verra. La terre a bcp de problèmes a résoudre .bcp de projets risquent d’êtres reportés. ..d’où venons ns .ou allons ns….soyons confiants dans l’avenir.(mais…avons ns 1 avenir?)

  2. Phrase relativement juste, nous avons des soucis impressionnant, principalement lié à la politique, il faudrait reformé cette politique de la honte dans le monde.
    Et comme vous l’avez dit, qui vivra verra.

Les commentaires sont fermés.

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