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Le mystérieux sarcophage de Notre-Dame cachait un noble au crâne scié

Les trésors archéologiques exhumés suite à l’incendie de Notre-Dame commencent à livrer leurs secrets.

En mars 2022, des archéologues ont découvert un véritable trésor au milieu des décombres de Notre-Dame : deux sarcophages mystérieux les attendaient dans le monument dévoré par les flammes en 2019. Depuis, ils ont été passés au peigne fin par les spécialistes. Et la semaine dernière, ils ont commencé à livrer leurs secrets.

Pour rappel, l’histoire de cette découverte a commencé en avril 2019. Le monde entier est resté bouche bée devant les images de la légendaire cathédrale dévorée par les flammes ; un crève-cœur pour les amoureux du patrimoine et les artisans de sa conservation.

Des trésors parmi les décombres

Mais ce spectacle aussi impressionnant que déchirant n’a pas eu que des conséquences négatives. Avant de débuter la restauration, l’État a fait son maximum pour rentabiliser cette catastrophe ; la DRAC en a profité pour commanditer une fouille archéologique de l’édifice, histoire de tirer parti de cette occasion unique.

Les travaux préliminaires qui ont préparé la reconstruction de la flèche ont ainsi permis de découvrir ces deux sarcophages « exceptionnels » dans un bon état de conservation. Ils ont rapidement été acheminés à l’institut médico-légal du CHU de Toulouse afin d’être ouverts, puis examinés sous toutes les coutures. Et vendredi dernier, les équipes de l’université Toulouse III  ont dévoilé leurs premières découvertes dans un communiqué.

© Inrap

Les chercheurs commencent par préciser que les deux sépultures étaient très différentes. « Les deux cercueils sont très différents : ils n’ont ni la même forme, ni le même mode d’assemblage, ni le même alliage, ni le même âge (ils s’inséraient dans des couches archéologiques distinctes) », expliquent-ils dans leur communiqué.

Une personnalité connue des historiens…

Le premier est sans conteste le plus intéressant, car il présente une particularité rare : il porte une épitaphe encore lisible. Même si les tissus mous se sont entièrement décomposés, cela a permis d’identifier son occupant avec certitude. Il s’agissait d’Antoine de la Porte, un prélat qui a apparemment vécu de 1627 à 1710.

Cette dernière information en dit déjà long, car à l’époque, l’espérance de vie des hommes tournait généralement autour d’une quarantaine d’années. Or, de la Porte avait déjà 83 tours du Soleil au compteur à la date de son trépas. Un âge canonique qui témoigne d’un rang social très élevé.

Et ce qui est particulièrement fascinant, c’est que l’intéressé est mentionné dans plusieurs documents historiques, comme ce tableau de Jean-France Jouvenet qui appartient à la collection du Louvre. Ils disposent donc de quelques éléments de contexte qui expliquent son inhumation au milieu de l’illustre édifice. Si cet individu surnommé « chanoine jubilé » a eu droit à cet insigne honneur, c’est parce qu’il s’est attiré les faveurs du roi Louis XIII en personne.

Ce dernier avait lancé un appel aux mécènes pour entreprendre une rénovation du chœur de la cathédrale. Antoine de la Porte a répondu à cet appel avec une contribution financière que l’on imagine particulièrement généreuse, puisqu’elle lui a valu un ticket pour passer l’éternité dans ce haut lieu de la chrétienté.

…et un illustre inconnu

Le second sarcophage, en revanche, est encore entouré d’un épais voile de mystère. Son occupant reste pour l’instant anonyme, et il ne reste malheureusement aucun tissu organique ou épitaphe qui permettrait de l’identifier.

Mais il n’est pas inintéressant pour autant, loin de là. Il présente même une particularité inconnue selon les chercheurs : la structure en plomb semble avoir été moulée directement sur le corps du défunt.

De plus, ce dernier semble avoir été embaumé. Cette interprétation repose sur la présence de nombreuses plantes régulièrement utilisées à cet effet, mais aussi sur des marques à même la dépouille. En effet, son crâne a été consciencieusement scié, probablement pour en extraire les tissus mous susceptibles de pourrir. Malheureusement, le sarcophage a été endommagé, et le processus n’a donc pas fonctionné aussi bien que prévu ; les Européens de l’époque n’étaient décidément pas aussi doués pour la momification que les Égyptiens d’antan.

Ce traitement funéraire suggère qu’il s’agissait probablement d’un aristocrate. Une hypothèse corroborée par la structure de son squelette ; il présente des marques caractéristiques qui montrent qu’il pratiquait l’équitation depuis son plus jeune âge. Faute de mieux, il a donc été surnommé Le Cavalier.

Il ne s’agit pour l’instant que de résultats préliminaires ; les archéologues de l’Inrap vont continuer d’étudier ces deux vestiges pendant quelques mois supplémentaires. Leurs conclusions sont attendues au premier trimestre 2023. Nous vous donnons donc rendez-vous en début d’année prochaine pour savoir s’ils auront réussi à identifier ce mystérieux inconnu.

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