Coucher avec un robot, c’est le futur que l’industrie du sexe nous promet depuis près de 30 ans. Après l’avènement des modèles de silicone plus vrai que nature, les poupées sexuelles sont désormais capables de bouger, de tenir une conversation, et même d’éconduire un prétendant trop insistant. Au point que depuis la naissance Harmonyx, le premier robot RealDoll dopé à l’intelligence artificielle, il est parfois difficile de différencier le sextoy du robot gynoïde.
1 homme sur 2 pense à coucher avec des robots
Au-delà de l’amour entre humains et robots, que l’on retrouve régulièrement dans la pop culture, depuis Wanda et Vision dans le MCU jusqu’à Westworld, en passant par Her de Spike Jonze, l’idée d’une relation sexuelle homme-machine semble avoir fait son chemin depuis quelques années. En 2017, une étude estimait à 17% le nombre d’adultes prêts à sauter le pas. Dans une nouvelle enquête publiée cette semaine par le géant de la sextech Womanizer, et menée en collaboration avec l’entreprise Lucid, près d’un Français sur deux (45%) envisage désormais de coucher avec un sexbot. Le chiffre tombe à 28% concernant les femmes, mais signe tout de même une nette avancée dans l’opinion publique.
Le phénomène n’est finalement pas étonnant : le marché de la sextech explose depuis quelques années, et les jouets sexuels ont progressivement perdu leur héritage pornographique pour glisser sur le secteur de la robotique. Contrairement à ce que veut nous faire croire la pop culture et certains industriels, la vente de robots sexuels restera sans doute cantonnée à un public de niche.
Les raisons à ce frein sont nombreuses, depuis le coût que représente un tel sextoy (13 000$ pour les modèles les plus élaborés), jusqu’à leur encombrement, la peur du jugement extérieur ou encore la difficulté à désirer un sextoy à l’apparence et au comportement humain. Paradoxalement, il semble bien plus envisageable d’utiliser un sextoy dénué de toute esthétique sexuelle, plutôt qu’un robot tentant d’imiter un partenaire.
En 2022, les robots battent l’Homme au jeu de Go ou aux échecs, mais ne sont toujours pas capables de réaliser des gestes parmi les plus intuitifs de notre espèce, rappelle Laurence Devillers dans son essai Les Robots émotionnels, publié en 2020 chez l’Observatoire. La Vallée de l’étrange théorisée dans les années 1970 par le roboticien japonais Masahiro Mori illustre à la perfection ce phénomène psychologique : plus un robot humanoïde nous ressemble, plus ses défauts nous apparaissent comme terrifiants et problématiques.
Il serait donc intéressant de creuser plus loin le phénomène des robots sexuels, en s’interrogeant sur la manière dont leurs utilisateurs et utilisatrices (mais aussi celles et ceux qui hésitent à sauter le pas) perçoivent ces machines. Entre le simple sextoy amélioré et le véritable compagnon de route robotisé, l’effet Tamagotchi théorisé dans les années 1990 n’est jamais loin.
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