Au 24e jour de la mission Artemis I, Orion arrive désormais au bout de son périple. Après son grand tour de la Lune, la capsule est en ce moment sur le chemin du retour.
À l’exception d’une grosse frayeur en tout début de mission (voir notre article), l’engin a donné entière satisfaction aux équipes de la NASA. « La mission se déroule toujours bien et reste en accord avec le profil de mission prévu », a déclaré Mike Sarafin, manager de la mission à la NASA. « Nous sommes bien partis pour signer une mission lunaire entièrement couronnée de succès, avec quelques objectifs bonus que nous avons pu atteindre en cours de route », précise-t-il.
Mais pas question de vendre la peau de la mission avant de l’avoir bouclée ; les responsables continueront de se montrer prudents jusqu’au dernier moment. « Nous n’allons pas baisser notre garde », insiste Sarafin. « Nous avons encore des choses difficiles qui nous attendent ».
Un retour sous haute tension
Difficile de lui donner tort. Car comme pour de nombreuses autres missions, le retour d’Orion sur Terre sera l’une des étapes les plus délicates. Tout d’abord, il va falloir maintenir une trajectoire d’approche parfaite pour limiter l’impact de la rentrée atmosphérique.
En effet, Orion va débarouler aux portes de l’atmosphère terrestre à plus de 40 000 km/h. Cela signifie que la capsule va arriver à plus de 30 fois la vitesse du son, ou environ 50 fois plus vite qu’un avion de ligne à vitesse de croisière !
Cette entrée en cascade va avoir des conséquences très concrètes ; comme tous les engins qui reviennent sur terre dans ces conditions, la capsule va être soumise à des contraintes extrêmes. En plus du stress mécanique dantesque, il va aussi falloir gérer la friction avec les rares particules d’air de la haute atmosphère. La température va allègrement dépasser les 2500 °C ; c’est à peu près la moitié de la température qui règne à la surface du Soleil !
Autant dire que très peu de matériaux sont capables d’encaisser une telle fournaise. Pour protéger Orion et son contenu, il va falloir compter sur son bouclier thermique de 5 mètres de diamètre — le plus grand de sa catégorie.
La NASA doit impérativement s’assurer que cet élément de protection fonctionne comme prévu. C’est d’autant plus important que le véhicule embarquera des êtres humains lors des prochaines missions. Il faut donc garantir qu’ils ne seront pas réduits en poussière juste avant leur retour sur Terre.
Le souci, c’est qu’il n’existe aucune infrastructure de test susceptible de reproduire ces contraintes extrêmes. « Il n’y a aucun arcjet ou site aérothermique sur Terre capable de reproduire la rentrée atmosphérique hypersonique avec un bouclier thermique de ectte taille, précise Sarafin. Il n’y a donc pas d’autre solution que de le tester en conditions réelles, et il s’agit d’un des objectifs prioritaires de la mission.
Le grand plongeon est prévu dimanche
Si cette étape critique se passe bien, Orion va finir son grand voyage avec un plongeon spectaculaire dans l’océan Pacifique le dimanche 11 décembre, vraisemblablement entre 21 h 30 et 22 h. Les équipes de la NASA seront sur le pont pour le récupérer à Baja California, sur la côte ouest des États-Unis.
Ce n’est pas exactement le site prévu au début de la mission ; ce dernier est situé environ 500 kilomètres plus au nord. Il ne s’agit pas d’une erreur, mais d’une décision consciente de la NASA. Ce changement de programme a été décidé afin d’éviter de mauvaises conditions météorologiques.
C’est tout sauf anecdotique, puisque le deuxième objectif prioritaire de NASA est de récupérer Orion intact. Or, c’est une opération qui serait nettement plus délicate en pleine tempête. Dans le pire des cas, les caprices de la nature pourraient même endommager les flotteurs et le châssis, ce qui pourrait conduire à la perte pure et simple du véhicule. Un scénario excessivement improbable… mais pas question de prendre le moindre risque lors de la dernière étape de cette mission historique.
Le programme Artemis ne fait que commencer
Une fois récupéré à bord de l’USS Portland, un navire de l’US Navy, il sera rapatrié à l’autre bout du pays. Les ingénieurs l’attendent de pied ferme au légendaire Kennedy Space Center d’où il est parti le 16 novembre dernier. La boucle sera alors bouclée, mais les équipes techniques seront loin d’en avoir terminé.
Elles s’attaqueront alors à la phase la plus intéressante. À ce stade, il s’agira d’extraire toutes les données récoltées pendant le voyage. Il faudra aussi voir comment la capsule a supporté son grand voyage. Cela permettra aux ingénieurs de vérifier si tout est en ordre avant de lancer les préparatifs d’Artemis II. Cette seconde mission, prévue en mai 2024, verra des astronautes en chair et en os partir à bord de cette même capsule Orion pour un nouveau voyage près de la Lune.
Au retour de l’engin, le grand public aura aussi droit à un cadeau de Noël prématuré. Pour rappel, l’engin a capturé de gros plan en haute définition lors de ses deux survols à basse altitude de la Lune. Ils s’annoncent grandioses, mais la NASA n’avait pas encore pu les récupérer ; les fichiers sont trop lourds pour être transmis à distance à travers le Deep Space Network (voir notre article). Les images attendent donc sagement sur un disque dur à bord de la capsule; l’agence va devoir attendre le retour d’Orion pour les présenter aux amoureux de l’espace.
Nous vous donnons donc rendez-vous dimanche soir pour la conclusion de cette belle aventure ; le retour sera diffusé en direct sur la chaîne YouTube de la NASA, à cette adresse. Il ne reste plus qu’à toucher du bois en espérant que la capsule rentrera à bon port intacte.
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