Jeudi 1er décembre, SpaceX va procéder à un lancement important. Un lanceur Falcon 9 s’élancera de la base de l’US Space Force, à Cap Canaveral, avec à son bord une cargaison un peu particulière : un alunisseur qui compte devenir le premier véhicule japonais, mais aussi et surtout le premier engin privé à se poser sur notre satellite.
Il s’agira donc d’un événement à l’importance non négligeable. Car si cet alunissage se passe comme prévu, le Japon rejoindra un cercle très fermé. Jusqu’à présent, seuls trois pays ont déjà réussi cet exploit technique. La Russie (ou plutôt l’Union soviétique) a ouvert le bal en 1966. Elle a ensuite été rejointe par les États-Unis en 1969. Depuis que les deux géants historiques de l’aérospatiale ont ralenti la cadence, très peu de pays ont eu l’ambition de les imiter. Il a fallu attendre plus de 40 ans pour voir une troisième nation – la Chine – débarquer sur la Lune.
Mais cette mission japonaise, la première d’un grand programme baptisé Hakuto-R, présente une différence très importante. Jusqu’à présent, tous les véhicules qui se sont posés sur notre satellite ont été construits dans le cadre de programmes institutionnels pilotés par des agences spatiales nationales. Cette mission, en revanche, est gérée par ispace, une entreprise privée nipponne.
Le premier alunisseur privé au monde
Cette dernière est arrivée sur le devant de la scène grâce au programme international Google Lunar XPrize. IL s’agissait d’une compétition où les participants cherchaient tous à lancer le premier alunisseur privé avant 2018. Aucune des entreprises inscrites n’a atteint cet objectif; mais le programme a au moins eu le mérite de semer les graines de quelques missions prometteuses.
On peut citer la firme israélienne SpaceIL, autre finaliste du Lunar XPrize. Elle a développé l’alunisseur Beresheet. Il avait fière allure, mais il s’est malheureusement écrasé sur notre satellite en 2019, après avoir manqué une manœuvre de freinage.
Désormais, ce sont les japonais qui sont les mieux placés pour leur griller la politesse avec leur petit engin de 2 x 2,5 mètres. Et si ispace atteint son objectif, elle pourra revendiquer le tout premier alunissage privé dans l’histoire de l’aérospatiale. Et ce à peine six ans après le début de son activité; un délai assez impressionnant dans un domaine aussi complexe que l‘aérospatiale et avec des fonds relativement limités.
A noter que SpaceX est aussi en train de construire un alunisseur : il s’agit du Human Landing System, un véhicule basé sur le fameux Starship. Techniquement, il s’agit bien d’un engin conçu par une entreprise privée. Mais la mission s’inscrit quand même dans un cadre institutionnel. Pour rappel, le véhicule est développé pour le compte de la NASA suite à un appel d’offre que la firme d’Elon Musk a remporté au terme d’une âpre bataille judiciaire face à Blue Origin (voir notre article). Le HLS n’est donc pas véritablement un engin privé. Et dans tous les cas, il ne partira pas pour la Lune avant 2025 au plus tôt. SpaceX est donc déjà hors course pour le titre de “premier alunisseur privé“.
La première mission lunaire des Emirats arabes unis
Et le cas échéant, il s’agirait également d’un énorme succès pour un autre pays plus discret dans la course à l’espace. Car à bord du véhicule qui se posera sur la Lune, on trouvera Rashid, un petit rover d’une dizaine de kilogrammes conçu par les Émirats arabes unis.
Le pays de Mohammed bin Zayed Al Nahyan est relativement nouveau dans ce domaine. Mais il peut déjà s’enorgueillir de quelques beaux succès, à commencer par une sonde martienne lancée en 2020. Si la mission se déroule sans encombre, il s’agira de la première mission lunaire de la superpuissance pétrolière.
À l’origine, le véhicule d’ispace devait partir dès aujourd’hui. Mais peu avant le lancement, SpaceX a annoncé un léger report sur Twitter.
https://twitter.com/SpaceX/status/1597803133325172737
Apparemment, l’entreprise souhaite conduire une batterie de tests supplémentaire avant le décollage. l’échéance a donc été repoussée d’un jour; le décollage est désormais prévu le jeudi 1er décembre à 9h37 heure française. Il sera possible de suivre le départ en direct sur la chaîne YouTube de SpaceX.
Mais pour savoir si l’alunisseur réussira à se poser, ou s’il connaîtra le même sort funeste que Beresheet, il faudra encore patienter un peu. L’alunissage en lui-même est prévu en avril prochain. Nous vous donnons donc rendez-vous demain pour le lancement, puis au printemps pour assister à la dernière étape de cette mission importante pour l’aérospatiale japonaise.
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