Antifa : c’est quoi ce jeu interdit après un scandale politique sur Twitter ?

Le 27 novembre à 18h09, la Fnac annonce sur Twitter le retrait d’un jeu de société après les plaintes du Rassemblement National et des commissaires de la Police Nationale. Mais quel genre de produit pu à ce point déchainer les foules sur le réseau social ? Antifa le jeu est au cœur de ce scandale qui a rapidement pris de l’ampleur sur la plateforme à l’oiseau bleu. Ce jeu de rôle ayant pour but de rentrer dans la peau d’un groupe antifasciste est loin d’être au goût de tout le monde.

Mais comment la @Fnac peut-elle commercialiser un tel « jeu » ?

Mettre à l’honneur les antifa, ces groupuscules haineux qui ne connaissent que la violence pour s’attaquer à notre démocratie et à ce que nous avons de plus cher dans notre pays…

Absolument scandaleux ! pic.twitter.com/zPfT3ZcfMO

— ☰ Victor Catteau (@VictorCatteau) November 26, 2022

Édité par Libertalia, Antifa était d’abord imaginé comme un outil de formation par les militants antifascistes. Face au succès de cette méthode, le jeu est finalement vendu au public en 2021 puis réédité en 2022 dans une version plus courte. C’est cette nouvelle itération qui s’est attirée les foudres de certains politiques. En prenant pour devise “Racisme, sexisme, nationalisme. Ça suffit ! Contre l’extrême droite : à vous de jouer”, le jeu n’est pas passé inaperçu auprès des sphères d’extrêmes droite.

Nous comprenons que la commercialisation de ce "jeu" ait pu heurter certains de nos publics. Nous faisons le nécessaire pour qu'il ne soit plus disponible dans les prochaines heures.

— Fnac (@Fnac) November 27, 2022

Face à ce produit considéré par certains bords politiques comme un outil de propagande une incitation à la violence, la Fnac n’a pas cherché plus loin pour éviter de s’attirer les foudres de potentiels clients à l’approche des fêtes de fin d’année. Ainsi, il n’aura fallu que quelques heures avant qu’Antifa le jeu disparaisse définitivement des étalages de l’enseigne. Cependant, même si le retrait pur et simple du produit est venu apaiser les plaintifs, cette décision n’a pas manqué de déclencher la colère de groupes d’opposition. La communauté concernée par cette censure s’est empressée de réagir à son tour.

Un bad buzz qui réussit

Action Antifa Paris-Banlieue n’a pas manqué d’attaquer ses opposants sur le même terrain. Selon eux, si la vente d’un jeu de société peut être interdite à cause d’un contenu fortement politisé et considéré dangereux par certains, des livres devraient subir le même traitement.

Bonjour @Fnac vous vendez ce "livre" qui a inspiré Brenton Tarrant a commettre une tuerie de masse raciste en Nouvelle-Zélande, allez-vous aussi le censurer ? https://t.co/8RLM3rgg6U pic.twitter.com/AGkxJZfOjm

— Action Antifasciste Paris-Banlieue (@AFA_Paris75) November 27, 2022

Les éditeurs du jeu ont également commenté cette censure de la part de la Fnac :

“Sur la base d’allégations mensongères émanant de l’extrême droite puis des forces de répression, la Fnac vient de retirer de la vente Antifa le jeu, l’outil de formation conçu par La Horde et Libertalia. Vous ne nous ferez pas taire !“

Malgré l’exaspération des groupes à l’origine du jeu de société, cette polémique est loin d’avoir entravé les ventes du produit. Au contraire, celui-ci a même été popularisé et vendu jusqu’à épuisement des stocks via le site officiel de Libertalia. Visiblement, la demande ne s’arrête plus comme l’indique ce communiqué de l’éditeur sur la fiche du produit :

“Grâce à votre solidarité, le tirage de la nouvelle édition du jeu Antifa est épuisé sur notre site. Nous allons le réimprimer. Mais, en raison des pénuries de papier, cela prendra plusieurs semaines et nous ne serons en mesure de livrer qu’en janvier. Si vous souhaitez commander, faites-le en connaissance de cause. Dans tous les cas, ces fonds nous aideront.”

Après enquête, la Fnac a pris la décision de remettre le jeu en vente car celui-ci ne présente pas les incitations à la violence avancées par les politiques d’extrême droite. Certains diront “tout ça pour ça“, mais le revendeur a simplement pris des mesures de précautions pour éviter un scandale d’envergure. Comme quoi, même de simples plaisirs geek comme un jeu de plateau peuvent se retrouver au cœur de l’actualité politique française.

1. La Fnac annonce la remise en vente du jeu;
2. Grégoire de Fournas reconnaît ne pas l’avoir ouvert et concède parler à tort et à travers;
3. Le Syndicat des commissaires « ne fait pas de politique ».

Merci à toutes et tous, les camarades, on a gagné cette bataille! #Antifa pic.twitter.com/Y0ksct3FIq

— Éditions Libertalia (@LibertaliaLivre) November 29, 2022

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