[Article du 23/11 mis à jour le 24/11 pour intégrer la perte de contact de la capsule Orion]
Le 16 novembre dernier, le SLS a enfin décollé du Kennedy Space Center, en Floride, pour lancer officiellement la première mission du programme Artemis ; un grand succès qui est venu remonter le moral aux troupes de la NASA, après les nombreux reports de ce vol très attendu. Mais ceux qui pensaient que l’agence était enfin au bout de ses peines risquent d’être déçus ; la capsule Orion a fait une belle frayeur aux techniciens.
Dans un communiqué daté du mercredi 23 novembre, la NASA a annoncé avoir perdu le contact avec la capsule Orion. L’incident est survenu après la reconfiguration d’un lien entre le véhicule et le Deep Space Network, un réseau d’antennes conçu pour communiquer avec les véhicules spatiaux. Avant cela, le lien en question avait déjà été reconfiguré à plusieurs reprises depuis le lancement sans le moindre problème.
La bonne nouvelle, tout est rentré dans l’ordre 47 minutes plus tard. Pour le moment, l’origine de ce dysfonctionnement reste inconnue; la NASA y travaille et a bon espoir de faire la lumière sur cette situation. Heureusement, cela ne devrait pas avoir d’impact sur la suite de la mission. La capsule Orion semble intacte, et reste positionnée sur la bonne trajectoire.
Il s’agit probablement d’un grand soulagement pour les équipes de la NASA. En effet, la capsule est attendue au tournant dès demain. Elle doit lancer une manoeuvre qui consistera à mettre un coup d’accélérateur pour finaliser son insertion dans l’orbite rétrograde de la Lune. Si la NASA n’avait pas réussi à rétablir le contact avant cette échéance, la capsule aurait pu dévier de sa trajectoire, avec des conséquences potentiellement catastrophiques pour le reste de la mission et du programme Artemis.
Un micro-alunisseur japonais dans le coma
Mais tous les engins qui ont décollé à bord du SLS ne s’en sont pas sortis à si bon compte. Car sur les dix petits satellites qui ont profité du voyage pour rejoindre la Lune en compagnie de la capsule Orion, deux ont rencontré des problèmes techniques importants.
Le premier est OMOTENASHI. Il s’agit d’un petit engin de construction japonaise dont l’objectif était de se poser directement à la surface de notre satellite. Il devait commencer sa manœuvre de descente le 21 novembre dernier, lorsque l’escadron a réalisé un survol à basse altitude de la Lune (voir notre article).
Mais au moment de la mise à feu, les opérateurs de l’agence spatiale japonaise (JAXA) ont eu la mauvaise surprise de constater que l’engin était plus ou moins dans le coma ; ils n’ont pas réussi à établir la communication.
L’origine précise de cette panne est encore floue. Les premières données ont suggéré que la sonde était dans un état de rotation rapide et incontrôlée. Le cas échéant, les panneaux solaires auraient été mal positionnés, empêchant ainsi OMOTENASHI de produire l’énergie indispensable à son fonctionnement — exactement comme Capstone lors de son voyage vers la Lune (voir notre article).
Sur la base de cette hypothèse, l’équipe au sol a essayé d’éjecter une partie du carburant pour stabiliser la sonde, mais sans succès ; ils ont été forcés de mettre le transmetteur en veille pour sauver ses dernières réserves d’électricité.
Cette panne de réveil a été lourde de conséquences. OMOTENASHI a complètement raté sa fenêtre de transfert idéale. Et pour l’instant, elle n’a plus assez de réserves pour lancer une autre manœuvre. La mort dans l’âme, JAXA a donc dû renoncer à son projet. « La communication avec le véhicule n’a pas pu être établie, et il a été déterminé que la manœuvre d’alunissage ne pourrait pas être conduite », a déclaré l’agence sur Twitter.
La bonne nouvelle, c’est que l’orbite actuelle du cubesat est relativement stable ; il va rester dans le voisinage de la Lune pendant quelque temps. Les opérateurs vont donc le laisser dormir pendant quelques mois dans l’espoir qu’il reprenne des forces. Avec un peu de chance, il pourra servir dans le cadre d’une autre mission au printemps 2023.
Une valve coincée sur un satellite chasseur d’hydrogène
En plus d’OMOTENASHI, un autre cubesat baptisé LunaH-Map a aussi rencontré des problèmes. Il a été conçu pour étudier la répartition de l’hydrogène à proximité du pôle Sud de la Lune. Or, cet élément est un indicateur très souvent associé à la présence de glace d’eau. Il s’agit donc d’une entreprise très importante pour les travaux sur la vie extraterrestre, mais aussi pour les futures missions de colonisation de notre satellite.
Comme OMOTENASHI, LunaH-Map était censé lancer sa première manœuvre de positionnement lors du survol du 21 novembre. Mais au moment de procéder à la mise à feu, le propulseur est resté complètement inerte. Selon la NASA, il ne s’agissait pas d’un problème de communication ; l’engin répondait parfaitement aux sollicitations de l’équipe au sol. L’explication la plus probable est qu’une valve du système de propulsion soit restée coincée.
Là encore, ce contretemps a eu un impact considérable sur la mission du satellite ; pour l’instant, il n’a pas pu se positionner sur l’orbite à partir de laquelle il devait travailler. La NASA n’explique pas comment elle compte s’y prendre. Mais les perspectives d’avenir de cet engin semblent tout de même meilleures que celles de son homologue catatonique. Les formules employées dans le communiqué suggèrent que l’agence est relativement confiante.
Tout n’est pas perdu pour LunaH-Map
« Si les systèmes de propulsion parviennent à produire une poussée au cours des prochains mois, il sera encore possible e récupérer une partie des données scientifiques de la mission », explique l’agence. « Sur le chemin actuel du véhicule, il y a des trajectoires alternatives qui sont disponibles pour atteindre l’orbite lunaire — y compris des orbites qui permettraient de réaliser des mesures à basse altitude de la surface », précise le communiqué.
Au cas où la panne durerait trop longtemps pour insérer LunaH-Map dans l’orbite lunaire, la NASA a proposé un plan alternatif ; elle pourra éventuellement rediriger la sonde vers certains astéroïdes pour voir s’ils contiennent de l’hydrogène et de la glace. Une mission beaucoup moins intéressante que l’originale, mais qui permettra au moins de rentabiliser partiellement le satellite.
Au moins, les 8 autres cubesats se portent bien, et devraient pouvoir conduire leurs missions respectives comme prévu. La capsule Orion, de son côté, est aussi sur la bonne voie ; le 25 novembre prochain, elle devrait normalement finaliser son insertion dans la fameuse orbite rétrograde qui lui permettra de contourner la Lune. Il ne reste donc plus qu’à croiser les doigts pour que tout se passe bien jusqu’à son retour sur Terre. Celui-ci est prévu le 11 décembre.
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