Pandémies : l’OMS met à jour sa liste des pathogènes les plus menaçants

Ce lundi 21 novembre, l’Organisation Mondiale de la Santé a annoncé qu’elle allait se lancer dans une grande mise à jour de sa liste de priorité des pathogènes.  Cette liste intègre plusieurs micro-organismes qui pourraient représenter un risque de pandémie. Pour l’actualiser, plus de 300 spécialistes vont passer en revue environ 25 familles de virus et de bactéries, mais ils vont aussi et surtout se pencher sur le potentiel destructeur de la fameuse “Maladie X”.

Cette liste a initialement été publiée en 2017. La version actuelle comporte des noms célèbres et inquiétants comme les virus Ebola ou Marburg. Ce sont deux pathogènes qui provoquent de terrifiantes fièvres hémorragiques. Ils représentent par conséquent une menace conséquente pour la santé publique dans les régions sujettes aux épidémies, notamment en Afrique centrale et de l’Ouest.

On peut aussi citer le virus Zika, apparenté à la dengue ou à la fièvre jaune, mais aussi des maladies respiratoires comme le Middle East Respiratory Syndrom (MERS) ou le Severa Acute Respiratory Syndrome (SARS). Le SARS-Cov2 responsable du COVID-19 figure aussi sur la liste.

Prendre de l’avance sur les pandémies de demain

L’objectif de cette campagne de triage va être d’identifier lesquels de ces pathogènes vont rester sur cette liste et si de nouveaux micro-organismes devraient y être intégrés. C’est une décision importante, car en pratique, cette liste a aussi vocation à dessiner une sorte de ligne directrice; en substance, cela indique aux laboratoires et institutions quelles maladies méritent davantage de subventions et doivent faire l’objet d’études scientifiques complémentaires.

Les pathogènes qui figurent sur la liste pourront donc être mieux pris en charge. Ces fonds participeront au développement de nouvelles solutions thérapeutiques, à commencer par les traitements et vaccins. Cela permettra aussi de travailler sur de nouveaux outils de prévention et de suivi. “Cette liste de pathogènes prioritaires est devenue une référence pour la communauté scientifique”, résume Soumya Swaminathan, qui dirige la division scientifique de l’OMS.

Le spectre de la Maladie X

Mais le problème en épidémiologie, c’est qu’il ne suffit pas de se repencher sur les pathogènes déjà connus; statistiquement parlant, il est très probable que les micro-organismes les plus menaçants n’aient pas encore été découverts. C’est pour tenir compte de cette zone d’ombre que l’OMS a intégré cette “Maladie X” à la liste.

Ce terme désigne une maladie entièrement hypothétique, actuellement inconnue, mais susceptible de provoquer une épidémie catastrophique dont les conséquences seraient encore largement plus importantes que celles de la pandémie de COVID-19.

Cette démarche pourrait surprendre; pourquoi diable s’intéresserait-on à une maladie fictive alors que des pathogènes bien réels déciment déjà des populations entières à l’heure actuelle ? La réponse est pourtant assez simple : il s’agit d’une démarche préventive.

L’épisode du COVID-19, qui est encore loin d’être définitivement bouclé, nous a bien montré à quel point la circulation d’un pathogène à l’échelle de la planète peut mettre toute la logistique mondiale sens dessus dessous; il suffit d’imaginer un instant à quoi cette pandémie aurait pu ressembler si nous avions eu affaire à des maladies encore plus sévères pour comprendre l’intérêt de ces travaux exploratoires.

Vers une convention mondiale ?

L’objectif de ces travaux ne sera pas nécessairement de proposer des candidats au titre de “Maladie X”. L’idée, c’est plutôt de mettre en place un cadre scientifique, logistique et réglementaire qui pourrait permettre d’identifier, puis de gérer un tel micro-organisme le moment venu.

En complément de ces travaux, d’après Science Alert, l’OMS va se rassembler les 5 et 7 décembre prochains pour préparer une échéance très importante. Avec des délégations de nombreux gouvernement, l’organisation va tenter pour la troisième fois de mettre en place des accords internationaux qui définiront une procédure de réponse globale en cas de nouvelle pandémie. L’objectif étant de ne pas répéter les erreurs du COVID-19 si la fameuse Maladie X ou un autre pathogène commençait à faire des siennes.

La liste mise à jour devrait être dévoilée en avril 2023. Le projet de convention, de son côté, sera présenté aux pays membres de l’OMS l’année prochaine, en vue d’une possible adoption en 2024.

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