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CHIPS Act : l’astuce d’Nvidia pour continuer de vendre ses GPU en Chine

Nvidia a pris bonne note des restrictions imposées au marché chinois par les Etats-Unis… mais ne compte pas faire d’excès de zèle.

En août 2022, le président américain Joe Biden a signé le CHIPS ans Science Act, un gigantesque projet de loi à 280 milliards. Son objectif revendiqué : « contrer » l’influence grandissante de la Chine, en particulier dans les secteurs technologiques et scientifiques.

L’Oncle Sam a donc rassemblé les fleurons américains de la tech pour leur faire passer un message on ne peut plus clair ; les entreprises qui dominent ces secteurs extrêmement importants sont attendues au front de cette grande guerre commerciale aux implications géopolitiques immenses.

Résultat, plusieurs grandes entreprises se sont pliées aux exigences des décideurs américains… mais pas sans tirer parti de la situation. C’est par exemple le cas d’Intel, qui a joué ses cartes à la perfection. Stratégiquement parlant, ses puces sont un produit technologique à l’importance énorme.

L’écurie bleue savait donc pertinemment que le gouvernement avait absolument besoin d’elle; sans sa coopération, la force de frappe du CHIPS Act serait bien moins importante. Le PDG Pat Gelsinger a donc utilisé ce levier pour bénéficier d’énormes subventions. Il a ainsi pu ouvrir de nouvelles fabs (ces usines à la pointe des technologies de nanofabrication) sur le territoire américain et même européen (voir notre article). En échange, il a accepté d’interrompre l’exportation de puces haut de gamme et promis de ne pas implanter de nouvelle fab en Chine avant 10 ans.

Des GPU HPC taillés pour contourner les restrictions

Désormais, c’est Nvidia qui doit s’adapter aux restrictions du CHIPS Act. Car tout comme Intel, le géant vert produit également du hardware au poids stratégique colossal ; c’est notamment le cas de ses GPU HPC (pour High Performance Computing, c’est à dire le matériel destiné aux supercalculateurs). On peut citer ses A100, qui équipent de très nombreuses machines dans le top 500 mondial, ou sa nouvelle H100 qui promet déjà de révolutionner l’ HPC basé sur l’IA.

Or, l’informatique haute performance est aussi en train de devenir une spécialité chinoise (voir notre article) ; un progrès que l’Oncle Sam voit d’un très mauvais œil. Ces puces ont donc été ajoutées à la liste des produits interdits à l’export à cause du « risque que ces produits puissent être utilisés dans un contexte militaire en Chine ou en Russie ».

Plutôt que de cesser complètement l’export de ces composants, Nvidia a choisi une autre approche. Les troupes de Jensen Huang ont développé l’A800, une version bridée de l’A100 dont la bande passante descend de 600 à 400 GBps — le maximum prévu par le CHIPS Act.

Un bras de fer parti pour durer

D’après un analyste du CSIS, un think tank traditionnellement neutre et bipartisan sur ces questions, il s’agit d’une contrainte spécialement établie pour empêcher la Chine de construire d’énormes supercalculateurs IA basés sur l’IA à partir de matériel occidental. Dans une interview repérée par Tech Crunch, il explique que « en visant les puces avec des vitesses interconnectées très élevées, la Maison Blanche tente de limiter l’accès aux éléments qui peuvent être reliés dans des datacenters, ou des supercalculateurs capables d’entraîner de gigantesques modèles IA ».

Reste encore à voir si ces sanctions auront les effets escomptés. La plupart des géants de la tech semblent plus enclins à contourner ces restrictions qu’à se ranger complètement derrière le gouvernement américain. Et surtout, il n’est pas exclu que cette situation finisse par avoir un effet radicalement opposé à son objectif initial.

Car depuis le début des sanctions, la Chine a accéléré le développement de sa propre industrie des semiconducteurs, avec des résultats qui commencent à devenir assez concluants ; paradoxalement, le CHIPS Act pourrait bien devenir l’électrochoc dont la nanofabrication chinoise avait besoin pour rejoindre l’élite mondiale. Il sera donc très intéressant d’observer l’évolution de ce bras de fer au cours des années à venir.

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