Aretemis, le programme Artemis de la NASA, a été considérablement chamboulé ces derniers mois, notamment à cause des déboires du SLS ; le protagoniste de la mission Artemis I reste cloué au sol alors qu’il devait s’envoler il y a plusieurs mois déjà, retardant d’autant les étapes suivantes. Mais cela n’empêche pas la NASA d’aller de l’avant ; l’agence vient de changer son programme pour envoyer une seconde salve d’astronautes sur la Lune.
L’agence prévoit de renvoyer des troupes sur la Lune lors de la troisième étape du programme. Cette mission, baptisée Artemis III, est très attendue par les spécialistes et le grand public ; si tout se passe comme prévu, ça sera la première fois que des astronautes en chair et en os fouleront les plaines de notre satellite depuis Apollo 17, en 1972.
Un calendrier de plus en plus ambitieux
Cette mission est censée partir en 2025, et doit servir de démonstration ; à l’origine, la NASA comptait s’appuyer sur cette expérience pour récidiver dès l’année suivante, avec Artemis IV. Elle a fini par y renoncer en janvier, car le programme de cette mission est déjà particulièrement chargé ; elle doit déjà servir à déployer le Lunar Gateway, une nouvelle station spatiale qui servira d’avant-poste orbital pour diverses missions interplanétaires.
Mais contre toute attente, l’agence a encore fait volte-face ; Mark Kirasich, administrateur adjoint du développement du programme Artemis, a présenté une série de diapositives qui pointent clairement dans cette direction. Au bas de la quatrième case, intitulée « Artemis IV », il est écrit noir sur blanc que la NASA compte à nouveau déposer des astronautes sur la Lune lors de cette mission.
Excited to be at the #VonBraun2022 symposium today to share @blueorigin progress on HLS working in partnership with @NASA. Currently getting update on the first steps of the Artemis program. pic.twitter.com/OV3VY6fhZk
— Ben Cichy (@bencichy) October 28, 2022
« La NASA a déterminé que l’ajout d’un alunissage à la mission Artemis IV était faisable et constituerait une opportunité supplémentaire de procéder à une exploration scientifique de grande valeur de la surface lunaire », a confirmé l’institution après avoir été sollicitée par Space Policy Online.
Même si ce n’est pas mentionné explicitement sur les diapositives, Kirasich a indiqué que la NASA envisageait de lancer Artemis IV à l’horizon 2027. Mais il y a de quoi être sceptique quant à cette date.
De nombreux retards et imprévus
Rappelons que jusqu’à présent, la première phase du programme n’a pas franchement été un long fleuve tranquille. Le Space Launch System, qui devait partir le 29 août dernier pour donner le coup d’envoi d’Artemis I, n’a toujours pas bougé d’un pouce. Il a rencontré plusieurs problèmes de fuites qui ont retardé son départ, avant que le passage de l’ouragan Ian ne force la NASA à le rapatrier dans son hangar (voir notre article). La prochaine fenêtre de tir arrivera à la mi-novembre, et il faudra espérer que ce géant de métal sera enfin prêt.
Et il n’est pas le seul à avoir eu des soucis. La petite sonde Capstone, qui voyage en ce moment vers la Lune pour ouvrir la voie à l’installation du Gateway, a aussi donné des sueurs froides à la NASA après une perte de contrôle totale (voir notre article).
Or, logistiquement parlant, Artemis IV sera encore plus complexe que ces deux missions ; elle fera notamment intervenir une nouvelle version du SLS, avec un étage supérieur dopé pour pouvoir transporter les modules du Gateway. Cela impliquera forcément des tas de nouveaux tests pour ce lanceur amélioré.
Les partenaires de la NASA devront répondre présents
Si elle veut tenir les délais annoncés, la NASA devra donc se baser sur l’expérience acquise lors des premiers échecs pour faire en sorte que le processus soit plus rapide et moins chaotique.
Le programme reste aussi suspendu aux progrès de certains acteurs tiers, ce qui pourrait encore faire gonfler les délais. On peut notamment citer les agences spatiales japonaises et européennes ; la JAXA et l’ESA développent en ce moment le segment 1-HAB, futur module d’habitation qui hébergera les visiteurs du Gateway.
Il dépend également de l’avancement du lanceur Super Heavy. Cet engin jouera un rôle éminemment important dans le programme : c’est lui qui doit acheminer les différents modules du Gateway vers l’orbite de la Lune. Il servira aussi à la mise en orbite du Starship, le véhicule révolutionnaire de SpaceX dont le vol inaugural devrait arriver très bientôt (voir notre article).
Ce dernier servira de base au Human Landing System, l’engin qui permettra aux astronautes de se poser sur la Lune. La firme d’Elon Musk a réussi à s’emparer du premier contrat après un long duel judiciaire avec Blue Origin (voir notre article), et elle va devoir prouver à la NASA qu’elle a fait le bon choix.
Pour les passionnés d’espace, il y a de quoi être enthousiaste par rapport à cette annonce. Mais il va aussi falloir faire preuve de patience, car il semble très improbable que la NASA réussisse à valider chaque point de ce programme extrêmement chargé d’ici 2027. Chaque chose en son temps ; d’ici là, il conviendra déjà d’attendre sagement le lancement d’Artemis I, qui serait déjà un pas encourageant dans cette direction.
🟣 Pour ne manquer aucune news sur le Journal du Geek, abonnez-vous sur Google Actualités. Et si vous nous adorez, on a une newsletter tous les matins.
Et pendant ce temps , que font les Chinois du côté non visible de la lune ? Cette accélération ne démontre-t-elle pas que la course entre les deux devient effrénée ? Tant mieux quelque part pour les passionnés [et l’humanité]… À suivre …