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ARM vs Qualcomm : pourquoi les puces Snapdragon sont en danger ?

Alors que le torchon brûle entre les deux géants, ARM brandit la menace de modifier son modèle de licence. En changeant de modèle économique, l’entreprise britannique pourrait sonner la fin des puces Snapdragon, Exynos, ou Tensor telles qu’on les connaît.

ARM traverse une période de trouble depuis la tentative ratée de rachat par NVIDIA. La firme britannique s’est brouillée avec son partenaire historique Qualcomm, au point de l’attaquer en justice. Pour rappel, ARM est un géant de l’ombre surtout connu pour fournir les designs de la plupart des puces mobiles du marché. Si vous disposez d’un appareil connecté à la maison, il a très certainement un rapport avec cette société ; qu’il s’agisse d’un smartphone Android, d’un produit Apple ou d’une console Nintendo Switch. La décision d’Apple de se détourner d’Intel pour fabriquer ses puces Silicon a d’ailleurs permis de mettre en lumière le succès d’ARM.

En face, Qualcomm est célèbre pour ses puces Snapdragon que nous trouvons dans des smartphones ou ordinateurs portables. Là encore, les technologies d’ARM sont utilisées et les moindres faits et gestes de la pépite britannique est donc scruté avant attention. Pour se faire une place dans les puces de nos téléphones, consoles de jeux ou ordinateurs, ARM accorde des licences à d’autres sociétés. On dénombre deux types de licences : la TLA (pour Technology License Agreement) et la ALA (pour Architecture Licence Agreement). La première est l’option la plus simple qui consiste à reprendre les conceptions d’ARM (les Cortex) et d’apporter de légères modifications. C’est l’option choisie par Qualcomm pour ses puces Qualcomm ; mais aussi MediaTek ou Samsung. La seconde permet des modifications en profondeur, c’est la méthode retenue par Apple pour ses puces M2 ou A16 Bionic.

Quand ARM affûte ses armes… pour faire peur

Une demande reconventionnelle, déposée par Qualcomm (PDF), atteste qu’ARM songe à revoir son approche. Concrètement, la société britannique imposerait de nouvelles conditions qui sonneraient la fin des puces Qualcomm Snapdragon, MediaTek Dimensity, Samsung Exynos ou Google Tensor. ARM deviendrait alors le principal interlocuteur des fabricants de smartphones qui souhaitent obtenir des puces ARM. La société aurait un rôle comparable à celui d’Intel ou AMD pour commercialiser ses solutions.

Le changement de modèle commercial prévoit également de forcer les constructeurs à utiliser des technologies d’ARM. Cela signifie que des GPU, NPU ou encore ISP d’autres fabricants de puces ne pourraient plus fonctionner avec des solutions basées sur ARM. Concrètement, cela fait référence à des GPU comme l’Adreno de Qualcomm ou le RDNA 2 d’AMD utilisé dans les Samsung Exynos. On pense aussi aux GPU de NVIDIA ou encore au NPU du Google Tensor.

Il faut toutefois garder à l’esprit qu’il s’agit avant tout d’un moyen de pression pour la firme. Cette dernière n’a pas forcément intérêt à semer le chaos sur le marché ; elle court même le risque de voir des acteurs se tourner vers des alternatives.

Pourquoi ARM en veut-elle autant à Qualcomm ?

Entre ces deux firmes incontournables du marché du smartphone, le conflit a débuté avec le rachat de NUVIA par Qualcomm. Fondée en 2019, la jeune pousse comprend des pointures comme l’ancien architecte des puces iPhone. Une situation qui a incité Qualcomm à sortir le chéquier pour récupérer le savoir-faire d’une équipe talentueuse, ainsi que de nouvelles licences. Déjà sous contrat avec ARM, la firme américaine a donc décidé de ne pas payer deux fois des royalties pour un même usage.

Une situation inconcevable pour ARM qui évoque une violation de licences, accusant Qualcomm d’avoir utilisé les licences de NUVIA sans son consentement. La firme souhaite que son partenaire américain paye plein pot pour cette licence, que le contrat soit renégocié et que les designs de puces développés par NUVIA soient détruits.

Pour Qualcomm, cette acquisition est perçue comme une opportunité de s’émanciper de son partenaire historique. En effet, la mère des Snapdragon cherche à concurrencer les cœurs d’Apple et à développer ses propres cœurs personnalisés. Cela doit aider Qualcomm à se faire une plus grande place dans les ordinateurs portables et les serveurs. De son côté, ARM a plutôt intérêt à garder ses partenaires sous sa coupe en proposant des licences de design. Ces dernières lui rapportent beaucoup d’argent.

Quelle suite dans l’affaire ARM contre Qualcomm ?

Quand une bataille oppose de tels géants, les répercussions peuvent être sérieuses. Néanmoins, la mise en place de la nouvelle politique d’ARM apparaît risquée et peu probable. Qualcomm reste l’un de ses partenaires les plus importants et l’avenir de la société britannique – qui doit entrer en bourse – inquiète depuis le rachat avorté par NVDIA. Habitué des feuilletons judiciaires, Qualcomm aura sans doute à cœur de trouver un terrain d’entente avec ARM.

En effet, et même si ARM ne va pas au bout de ses menaces, l’entreprise peut gêner le développement des futurs SoC Snapdragon. Qualcomm pourra toujours se retourner contre le concepteur des cœurs Cortex, mais la concurrence aura eu le temps de gagner du terrain.

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