Sites pornos : la carte bancaire va-t-elle devenir votre ticket d’entrée ?

Et si la carte bancaire devenait obligatoire pour regarder du porno en ligne ? Ce n’est pas encore le cas, mais le gouvernement envisage de recourir à cette méthode pour empêcher les mineurs d’accéder aux sites classés X. « On va faire bouger les choses assez sérieusement », indique la secrétaire d’État à l’Enfance, Charlotte Caubel, devant la Délégation aux Droits de l’Enfant. L’AFP, qui rapporte l’information, précise que la carte bancaire pourrait servir de « filtre » et donc éviter que des mineurs se retrouvent face à des contenus pornographiques.

Le porno à la carte « pour zéro ou un euro »

Elle deviendrait alors le précieux sésame permettant l’accès aux sites pornographiques, « pour zéro ou un euro ». Néanmoins, le recours à la carte bancaire ne serait pas la solution miracle. « On nous oppose que ce ne serait pas un filtre parfait, mais déjà si on peut protéger 30 ou 40% (des mineurs), soyons pragmatiques. Mon enfant, quand il utilise sa carte bleue, j’ai une alerte, je verrai si c’est sur Youporn ou sur McDo », explique Charlotte Caubel. En effet, l’option ne peut être efficace à 100 %, car certains mineurs peuvent déjà disposer d’une carte bancaire.

La méthode évoquée par la secrétaire d’État à l’Enfance faisait déjà partie des recommandations de la CNIL. En juillet dernier, le gendarme du numérique présentait la vérification par carte bancaire comme un moyen « efficace ».  « La vérification par carte bancaire n’en demeure pas moins efficace dans la plupart des cas pour protéger les plus jeunes et s’appuie sur une technologie éprouvée, qui peut aussi être utilisée pour contrôler l’accès à des sites gratuits ».

Pour Charlotte Caubel, il est temps d’arrêter « de prendre des pincettes » sur le sujet du contrôle de l’âge sur les sites pornographiques. « Oui, cela détruit nos enfants de l’intérieur. Et cela contribue à ne pas rompre la chaîne des violences sexuelles que nous continuons à nourrir », précise-t-elle. Et d’ajouter : « Nous avons une opposition aujourd’hui entre la liberté d’aller sur les sites pornos des adultes et les traumatismes créés à nos enfants. Il y a un sujet de valeurs. Il va falloir les rapprocher et voir celles que nous défendons ».

Bloquer l’accès des sites pornos aux mineurs : un casse-tête

La secrétaire d’État fustige également la position de l’industrie et des opérateurs. Elle estime que ces derniers considèrent la protection des données des adultes comme « le Saint-Graal ». Selon un rapport du Sénat, 36 % des garçons ont été exposés à du porno avant l’âge de 13 ans. Ce long document de près de 150 pages émet par ailleurs 23 recommandations pour mieux encadrer les plateformes en ligne.

Actuellement, aucune solution ne se démarque vraiment pour vérifier l’âge des utilisateurs. La reconnaissance faciale, déjà utilisée par des sites britanniques, fait aussi partie des pistes étudiées. Elle est d’ailleurs évoquée par le Sénat et la CNIL ; mais cette dernière rappelle qu’elle présente « des risques d’erreur pour les personnes proches de l’âge de 18 ans ».

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