Avec ses 1,65 mètre sur 3 mètres – soit la taille d’une petite voiture – et un poids d’environ 2 800 kilogrammes, le Large Synoptic Survey Telescope (LSST) ne passe pas inaperçu. Ce « télescope d’étude synoptique » est tout simplement conçu pour embarquer la plus grande caméra numérique au monde. Derrière le projet, on retrouve le Laboratoire national de l’accélérateur SLAC, un laboratoire de physique basé à Menlo Park et géré par l’Université de Stanford (Californie, États-Unis). Né en 2003, le projet a connu un tournant en 2015 avec les débuts de la construction du télescope.
Une construction qui touche à sa fin selon l’ingénieur Hannah Pollek, qui rapporte que les mécanismes de cette caméra hors norme sont désormais entièrement assemblés. La plus grande caméra du monde évoluera dans le nord du Chili, un endroit qui n’a évidemment pas été choisi au hasard. Le LSST prend place dans l’un des lieux les plus propices pour regarder les étoiles, à 2 680 mètres d’altitude.
L’impressionnante caméra du Large Synoptic Survey Telescope comprend un total de 189 capteurs (CCD au silicium) de 16 mégapixels chacun. Ils prennent place dans 21 modules appelés « radeaux », qui coûtent environ 3 millions de dollars chacun. Pour maintenir un niveau de performance à la hauteur des attentes, les capteurs sont maintenus à une température de -100°C. Cela doit notamment éviter que des bruits viennent parasiter les images, car le LSST a une mission bien précise.
Des images avec une définition de 3,2 milliards de pixels
Au cours des 10 années suivant sa mise en route, il devra photographier 825 fois l’ensemble du ciel austral. L’équipement peut prendre une photo toutes les 20 secondes, avec un temps de pose de 15 secondes. Les images atteindront une définition de 3,2 milliards de pixels et permettront d’étudier les profondeurs de l’Univers. Le LSST devrait être en mesure de fournir un grand nombre de données à la communauté scientifique.
L’immense capteur est associé à une lentille géante de 1,57 m et celle-ci revendique le titre de plus grande lentille du monde. Son miroir primaire a un diamètre de 8,4 mètres.
Cet instrument tend à s’imposer comme le plus grand appareil photographique jamais constructeur par l’homme. Aujourd’hui, il ne reste plus que quelques composants à réunir avant que le télescope ne devienne pleinement opérationnel. Fait intéressant, la caméra a besoin de filtres spécifiques fabriqués dans le Massachusetts (États-Unis) et en France.
Les éléments nécessaires seront bientôt transportés en Amérique du Sud. C’est un Boeing 747 privé qui transportera la caméra entre San Francisco et Santiago du Chili. Placée à l’intérieur d’un grand conteneur, elle sera maintenue par des sangles. « Nous voulons vraiment éviter les transports supplémentaires par camion depuis les États-Unis », explique Margaux Lopez, ingénieur au SLAC. « Il est plus logique de mettre notre caméra dans un avion affrété avec tout le reste du matériel. Nous disposons d’une quantité incroyable d’équipements de soutien qui doivent également être descendus », ajoute-t-il.
Si tout se passe comme prévu, la caméra commencera à prendre des photos en 2024. Notez que le capteur d’une définition de 3,2 milliards de pixels a déjà pris quelques clichés, dont un chou romanesco. Un premier test concluant avant que le monstre ne soit pleinement opérationnel. À noter qu’il faudrait 378 écrans de téléviseur 4K UHD pour afficher l’image en taille réelle.
Les satellites vont gâcher la fête
Malheureusement pour la future caméra du télescope, une mauvaise surprise risque de compliquer sa mission. En août, l’observatoire Vera-C.-Rubin expliquait que les quelque 400 000 satellites en orbite basse vont devenir un obstacle. Ils menacent de potentielles découvertes et les scientifiques évoquent notamment le cas des satellites SpaceX. Alors qu’Elon Musk a demandé les autorisations pour lancer 42 000 satellites pour sa constellation Starlink, les simulations effectuées indiquent que 30 % de toutes les images capturées par le LSST contiendraient au moins une trainée de satellites. « Avec des constellations de 400 000 satellites LEO [en orbite basse], la plupart des images auront des stries très brillantes », indique l’observatoire.
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Merci Etron Musk
Sur le fond: Merci beaucoup pour cet article bien détaillé et illustré. Les observations au sol sont en effet menacées et JWST a déjà fort à faire.
Sur la forme : vous pourriez investir dans un traitement de texte qui a un correcteur : “appareil photographique jamais constructeur par l’homme” ou “Placée à l’intérieur d’un grand contenir”, ça fait un peu saigner les yeux (et après, on ne voit plus les étoiles).
Mouais, on n’en a pas grand chose à faire des traînées sur les photos de cette caméra. Payer des millions de dollars pour une photo d’un choux romanesco… franchement on peut rigoler. Par contre on a vraiment besoin des satellites de SpaceX sinon comment on aurait accès à TikTok, Snapchat et Instagram en plein desert du Kalahari.