C’est une information que nombre de nos ancêtres ont apprise à leurs dépens : même sans griffes et sans dents, il existe des tas de végétaux qui sont tout à fait capables de nous tuer. Parfois, le danger est assez abstrait, comme dans le cas du tabac dont la consommation empoisonne lentement l’organisme.
Dans d’autres cas, c’est parce qu’elles produisent des substances toxiques qui peuvent faire des ravages chez quiconque ose y goûter. On peut par exemple citer le mancenillier, surnommé “arbre de la mort” pour des raisons assez explicites, ou la ricine, un terrifiant poison qui provient d’un arbre pourtant magnifique. Mais au 21e siècle, une simple plante verte peut aussi vous faire la peau en utilisant des moyens encore plus radicaux.
C’est en tout cas la conclusion qui s’impose quand on se penche sur la dernière expérience de l’artiste David Bowen. L’intéressé est ce qu’on appelle parfois un sculpteur cinétique; grâce à divers microcontrôleurs, il réalise des oeuvres mouvantes à la frontière des sciences, de l’ingénierie et de l’art. Nous vous recommandons d’ailleurs d’aller faire le tour de ses créations fascinantes sur son site web, à cette adresse.
Sa dernière création, sobrement baptisée “Plante à machette”, est aussi intéressante et absurde qu’à l’accoutumée; comme son nom l’indique, il s’agit d’une plante verte (en l’occurrence, un philodendron) capable d’agiter frénétiquement une lame très intimidante.
Une manifestation du charabia électrique des plantes
Pour le transformer en machine à tuer, Bowen a réutilisé un concept avec lequel il a déjà travaillé : l’activité électrique des plantes. Comme tous les êtres vivants, les végétaux sont parcourus en permanence par un courant électrique de très faible intensité.
Un grand nombre de ces signaux semblent plus ou moins aléatoires, ce qui conduit souvent les chercheurs à parler de “bruit électrique”. Mais de très nombreux chercheurs considèrent qu’il s’agit en fait de manifestations de nombreux phénomènes physiologiques dont la science n’a pas encore connaissance. Ces signaux sont donc un sujet d’étude important en biologie végétale.
Ici, Bowen n’a pas du tout cherché à les interpréter; à la place, il a plutôt laissé la plante s’exprimer. Pour ce faire, il a apposé des électrodes sur certaines feuilles avant de les relier à microcontrôleur Arduino. Cette installation lui a permis de collecter des données sur l’activité électrique (plus précisément, la résistance) en différents points de la plante. Il suffit ensuite d’écrire un programme simple qui traduit ces signaux en mouvement dans l’une de ces sculptures cinétiques.
Il a déjà utilisé ce concept auparavant. Par exemple, il a permis à une plante de contrôler un drone muni d’une LED. Cela lui a permis de réaliser un “dessin” abstrait dans le ciel grâce à une photo en pose longue.
L’idée est assez similaire dans le cas de Plant machete; la différence, c’est qu’au lieu de contrôler les rotors du drone, le signal électrique permet de mettre en mouvement les différents servomoteurs d’un bras robotique. Évidemment, puisque ces signaux sont aléatoires à notre échelle, le philodendron se contente d’agiter son arme sans logique apparente; gare à ne pas franchir le périmètre de sécurité, car il pourrait bien amputer un humain sans crier gare !
Pour ce qui est de l’intérêt pratique de cette invention… eh bien, tout dépendra de votre interprétation. Certains y trouveront probablement une métaphore sur le réchauffement climatique et la nature qui se rebelle contre les humains, ou sur la communication entre les différentes espèces. Ce qui est sûr, en revanche, c’est que nous avons trouvé le végétal préféré de Danny Trejo.
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Si cette plante est un rhododendron, alors il vous faut retourner à vos cours de botaniques.
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