D’après l’AFP, la NASA et SpaceX se sont mis d’accord pour étudier la faisabilité d’un nouveau projet commun ; s’il finit par voir le jour, il verra la capsule Dragon de SpaceX partir à la rencontre du télescope Hubble. L’objectif : effectue une, voire plusieurs missions de maintenance afin d’augmenter son espérance de vie.
Le vénérable engin tourne inlassablement autour de la Terre depuis maintenant 32 ans — un âge canonique pour un appareil de cette catégorie. Pendant ces trois décennies, l’engin a révolutionné l’observation spatiale, et même aujourd’hui, après le lancement de l’illustre James Webb Space Telescope, il continue de nous rapporter des images sublimes et pleines d’informations intéressantes pour les chercheurs.
Mais l’engin n’aurait jamais pu tenir aussi longtemps sur son orbite sans l’aide de la NASA ; une dépendance qui est directement liée à l’orbite qu’il occupe, à un peu moins de 550 km de la surface.
Une nouvelle visite médicale pour Hubble ?
À cette altitude, la densité de l’atmosphère est extrêmement faible. Mais il reste tout de même quelques particules de gaz qui s’opposent aux mouvements du télescope. Lentement mais sûrement, son orbite s’affaisse donc au fil du temps. Pour éviter de retomber sur Terre, il faut donc lui donner un petit coup de pouce une fois de temps en temps.
Le problème, c’est qu’il ne dispose d’aucun équipement de propulsion. La seule façon de corriger la déviation de son orbite est donc de se rendre sur place avec un autre appareil spécialement prévu à cet effet.
Au début de la carrière du télescope, c’était l’illustre navette spatiale qui était chargée de cette mission. Sa dernière maintenance remonte à 2009 – deux ans avant que cet engin ne soit définitivement mis à la retraite. Et depuis, le vieux Hubble n’a pas eu droit à la moindre visite médicale. Son orbite continue donc de décliner. Actuellement, il se trouve à environ 530 km d’altitude, soit une trentaine de kilomètres plus bas que son altitude idéale.
Un chiffre encore loin d’être inquiétant. Selon la NASA, il pourrait encore rester en place jusqu’en 2037 avant que sa trajectoire ne commence à devenir inquiétante. Et puisqu’il s’agit d’un très vieil engin qui a déjà largement dépassé son espérance de vie initiale, la NASA avait commencé à se faire une raison ; tout semblait indiquer qu’Hubble allait rester dans cette situation jusqu’à la date fatidique.
Les ingénieurs ont donc probablement été assez surpris lorsqu’ils ont été approchés par SpaceX ; Thomas Zurbuchen, le scientifique de la NASA, a expliqué que l’entreprise de Musk aurait proposé de monter elle-même une mission pour aller restaurer l’orbite de Hubble.
Une mission à la fois publique, privée, professionnelle et civile
Cette mission serait organisée en partenariat avec le magnat de la finance Jared Isaacman. Si ce nom vous rappelle quelque chose, c’est que l’année dernière, il a été l’instigateur d’Inspiration4, la première mission 100 % civile à atteindre l’orbite à bord d’un vaisseau SpaceX l’année dernière (voir notre article).
Et l’intéressé a encore de la suite dans les idées. Il souhaite organiser plusieurs nouvelles missions, dont une en mars prochain ; si tout se passe comme prévu, elle comprendra notamment la toute première sortie extravéhiculaire (en combinaison spatiale à l’extérieur de la capsule) d’un astronaute civil.
En revanche, c’est la mission suivante qui est plus intéressante ; jeudi dernier, Isaacman a expliqué qu’il voulait envoyer un équipage civil pour rétablir l’orbite d’Hubble.
L’agence a finalement accepté d’étudier cette proposition de mission commune, à condition que l’entreprise prenne en charge l’intégralité des frais ; Zurbuchen estime que la NASA aurait tort de se priver d’une opportunité de prolonger encore davantage l’espérance de vie d’Hubble. « Je pense qu’il serait approprié de regarder tout cela de plus près à cause de la valeur immense de cet outil de recherche », explique-t-il.
La NASA a toutefois tenu à préciser qu’il ne s’agissait pour l’instant que d’une étude de faisabilité. En l’état, ils n’ont pas encore discuté du moindre plan concret; l’agence n’a pas souhaité s’engager avant d’être parfaitement au clair sur les enjeux d’une telle mission.
Pendant les six prochains mois, SpaceX et NASA vont donc explorer les différents défis techniques associés à la mission. Car même si plus personne ne doute de la capacité de l’entreprise à envoyer sa capsule Dragon en orbite, monter une expédition de maintenance ne s’improvise pas.
Par exemple, la navette spatiale était équipée d’un bras robotique très utile pour mener à bien ce genre d’opération. En revanche, aucune version de la capsule de SpaceX n’en dispose. Il faudrait donc développer de nouveaux équipements spécialisés pour le Dragon. Et il ne s’agit que d’un exemple isolé ; il y aura probablement des tas d’autres facteurs à prendre en compte avant de juger de la pertinence du projet.
Nous vous donnons donc rendez-vous au printemps prochain pour savoir si l’entreprise d’Elon Musk va devenir l’infirmière personnalisée du vieux télescope.
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