L’observation des fonds marins est encore une science très peu développée. Nous connaissons mieux le sol de Mars ou de la Lune que le fond de nos océans. Afin de lutter contre cette ignorance, deux chercheurs du MIT ont eu une idée. Fadel Adib et Waleed Akbar ont pensé à travailler sur une petite caméra étanche, capable de fonctionner sans batterie.
L’idée est ainsi de laisser l’appareil en place pendant de longues périodes de temps, sans aucune intervention pour le réalimenter en électricité. En « immersion » dans le monde marin, la caméra pourrait réussir à photographier des espèces encore inconnues, mais aussi nous donner un meilleur aperçu du niveau de pollution de nos océans.
Pas de batterie, mais de l’électricité
Afin de contourner le problème des batteries, les deux chercheurs du MIT ont eu l’idée de se servir d’éléments naturels comme source d’énergie. Si à la surface le Soleil et le vent peuvent être deux très bons alliés, les choses sont différentes sous l’eau. Au lieu d’utiliser le courant, qui aurait demandé l’installation d’une pale et provoqué de petits courants alternatifs dans l’océan, les chercheurs ont eu l’idée de prendre le « bruit de fond » de l’océan comme source d’énergie.
L’énergie est récoltée par des matériaux piézoélectriques. Très sensibles, ils transforment la force de l’onde sonore en intensité électrique. À mesure que le bruit de fond frappe l’appareil, une petite pile électrique se remplit. Quand la quantité d’énergie est suffisante, une photographie de l’environnement est prise avant d’être envoyée grâce à une connexion sans fils à l’avant-poste des deux chercheurs.
Aujourd’hui les deux hommes assurent que la caméra fonctionne jusqu’à 40 mètres de profondeur. Ils espèrent réussir à développer un système plus performant qui pourra être utilisé plus bas, afin d’en savoir plus sur les abysses de notre planète. Pour Fadel Adib, cette caméra devrait être un atout de taille dans la compréhension même du réchauffement climatique. « Nous construisons des modèles avec des évolutions de température sur le long terme sans avoir de données sur 95 % de l’océan, cela n’a pas de sens. »
Mieux comprendre l’océan dans son ensemble
Le professeur adjoint au sein de la section « ingénierie électrique » de l’Université pense que cette nouvelle caméra sera un des outils qui permettra de mieux comprendre les océans. Il espère notamment que la captation du dioxyde de carbone par les mers sera mieux prise en compte dans les calculs environnementaux.
Publié dans la revue « Nature Communication » l’article expliquant le fonctionnement de cette caméra risque d’intéresser beaucoup de monde, et des chercheurs en ingénierie marine pourraient s’en inspirer pour produire des appareils du même genre comme des sondes ou des capteurs autonomes en énergie.
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