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Pornographie : voici les propositions du Sénat pour mieux encadrer les plateformes en ligne

Le Sénat a proposé 23 mesures pour mieux encadrer la pornographie en ligne.

Pour la toute première fois, le Sénat a livré un rapport sur les pratiques de l’industrie pornographique et ses conséquences. Après six mois de travaux et des dizaines d’heures d’auditions, le gouvernement semble enfin mesurer l’ampleur de la nécessité d’un meilleur encadrement du marché du X en France.  Ce mercredi 28 septembre, un long document de près de 150 pages porté par les sénatrices Alexandra Borchio-Fontimp (LR), Laurence Cohen (communiste), Laurence Rossignol (socialiste) et Annick Billon (Union centriste) détaille les “violences systémiques envers les femmes” engendrées par la pornographie, qui s’agisse des actrices et performeuses évoluant dans le milieu ou de celles qui subissent les injonctions sexuelles véhiculées par la pornographie.

Deux géants français dans le viseur de la justice

C’est une première en France, deux acteurs du marché sont dans le viseur de la justice. Il s’agit de Jacquie et Michel, spécialiste du genre amateur, et de French Bukkake. Tous deux devraient être entendus sous peu pour “viols en réunion, traite aggravée d’êtres humains et proxénétisme aggravé“. Si le rapport publié cette semaine pointe évidemment la nécessité de réguler en profondeur le milieu d’une industrie encore mal encadrée, il refuse pourtant tout abolitionnisme, au profit d’une plus grande transparence et d’une meilleure protection des acteurs et des actrices.

23 recommandations pour une pornographie plus éthique

Pour les sénatrices à l’origine du texte, il est d’abord nécessaire que “les conditions dans lesquelles se déroulent la plupart des tournages pornographiques soient connues de toutes et tous“. Une transparence qui permettra à chacun de faire un choix éclairé avant d’entrer sur le marché du X. Au fil de 23 recommandations, le texte appelle aussi a sanctionner systématiquement et plus lourdement les agressions sexuelles, viols et faits de violence commis dans le cadre d’un tournage. Un combat loin d’être gagné, quand on connaît les préjugés dont souffre le métier.

Concernant les plateformes pornographiques, le gouvernement réclame aussi un encadrement plus strict. Avec notamment le droit pour les acteurs et les actrices de faire valoir leur droit à l’oubli, en imposant la suppression des vidéos les concernant. Aujourd’hui, et c’est d’autant plus vrai dans le milieu amateur, il est très difficile de faire disparaître une scène X, les productions poussant généralement les actrices à signer des contrats de cession de droit à l’image sans condition. Dans le cadre de French Bukkake notamment, les actrices avaient été assurées que les scènes tournées ne seraient jamais diffusées, ni même accessibles en France.

Autre recommandation du texte, la nécessité de créer un bouton de signalement spécialement dédié aux violences sexuelles sur les plateformes de diffusion vidéo. Les tubes en ligne comme Pornhub, Youporn ou encore xHamster appliquent une modération quasiment inexistante sur les contenus hébergés sur leurs plateformes. Pour celles et ceux qui voudraient en savoir plus sur ce sujet en particulier, le magazine Complément d’enquête diffusera ce jeudi une émission inédite intitulée : “Porno : l’enfer du décor“.

Interdire (vraiment) les sites X aux mineurs

Autre sujet brûlant : la nécessité d’encadrer plus efficacement l’accès aux plateformes pornographiques pour les mineurs. L’Arcom et les grandes plateformes en ligne mènent un combat sans relâche depuis déjà plusieurs mois, sans qu’aucune solution ne soit trouvée. Quelques méthodes ont déjà été envisagées, mais aucune n’est fiable. En attendant, plusieurs sites risquent l’interdiction sur le sol français.

Évidemment, la recommandation la plus importante détaillée dans ce nouveau texte reste la mise en place d’un programme d’éducation sexuelle digne de ce nom. “Si les enfants souhaitent accéder à des contenus pornographiques, c’est d’abord parce qu’ils se posent des questions sur la sexualité” a d’ailleurs reconnu Olivier Gérard, de l’Union nationale des associations familiales (Unaf). Les trois séances annuelles d’éducation à la vie affective et sexuelle, pourtant obligatoires depuis 2001 sont dans les faits très peu appliquées, et souvent en total décalage avec les questionnements des adolescents.

Rappelons aussi que plus que l’école, c’est aussi aux parents d’éduquer leurs enfants sur les questions de la sexualité, qui englobent aussi bien la contraception et les IST que le plaisir et le consentement.

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1 commentaire
  1. Non seulement sur les sites de contenu pour adultes, mais aussi sur Facebook et d’autres médias sociaux, je constate l’utilisation généralisée de techniques invasives de vérification de l’âge qui soumettent non seulement les enfants mais tout le monde à une surveillance accrue tout en prétendant protéger leur vie privée. L’exigence de vérification de l’âge rend presque impossible l’utilisation anonyme des services en ligne, ce qui menace la liberté d’expression, en particulier pour les communautés marginalisées, les militants des droits de l’homme, les lanceurs d’alerte et les journalistes.
    Et on le sait, cette obligation de vérification de l’âge demain sera étendue à tous les réseaux sociaux pour mieux fliquer les citoyens.

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