Trains : profitez bien du paysage tant que vous le pouvez encore

Pour tous les habitués de lignes ferroviaires, le fait de pouvoir regarder le paysage défiler à l’extérieur de l’habitacle fait souvent partie intégrante de l’expérience. Mais cet état de fait pourrait être remis en question dans les années à venir avec la démocratisation des écrans transparents.

C’est en tout cas ce qui ressort de la dernière présentation de LG à l’InnOTrans 2022, un gigantesque salon consacré à toutes les innovations dans le monde des transports. Le conglomérat coréen était présent sur place pour présenter une technologie baptisée Transparent OLED for Subway Trains ».

Comme son nom l’indique, il s’agit de surfaces entièrement transparentes, et surtout renforcées pour encaisser des vibrations permanentes ainsi que gros impacts. Elles ont donc vocation à remplacer entièrement les fenêtres d’un train, d’un métro ou d’un tram. Mais contrairement aux vitres classiques, elles ne sont pas inertes ; ce sont en fait de grands écrans transparents.

LG en a fait la démonstration en les installant dans un wagon-concept fourni par la Deutsche Bahn ; une bonne occasion de voir comment cette technologie pourra être mise à profit. En premier lieu, le fabricant explique que ces écrans pourront en effet être rendus complètement opaques. Cela signifie que fonctionnellement parlant, ils pourront remplacer les rideaux.

Un concept déjà mature en Asie

Mais le vrai intérêt de cette technologie réside plutôt dans le fait d’afficher des informations utiles pour les voyageurs. Il en existe déjà quelques exemples estampillés LG en Chine; dans cette vidéo YouTube repérée par The Verge, on constate par exemple que la fenêtre affiche successivement une carte du réseau ferroviaire, un plan de la prochaine station, et des informations sur le temps de trajet, le tout en repassant régulièrement dans un état complètement transparent.

À noter cependant que la luminosité extérieure ne semble pas énorme ; il serait donc intéressant de se pencher sur les performances de ces surfaces dans d’autres situation. Par exemple, lorsque le soleil brille de mille feux de l’autre côté du vitrage. Mais le résultat reste assez impressionnant. Le contraste semble assez satisfaisant et les informations plutôt lisibles ; il semble en tout cas beaucoup plus confortable de consulter un grand écran de ce genre qu’un petit moniteur coincé au bout du wagon.

Malgré son succès en terre asiatique, cette technologie est encore loin de s’être démocratisée en Europe. Mais si l’on se base sur cette collaboration avec Deutsche Bahn, LG semble vouloir pousser dans ce sens. On peut donc s’attendre à ce que des écrans de ce genre débarquent sur le Vieux Continent d’ici quelques années.

Qui dit écran dit argent

Mais à notre époque, qui dit surface d’affichage dit aussi publicité. Aujourd’hui, elles colonisent le moindre espace disponible — et c’est particulièrement vrai dans les transports en commun. Et LG ne s’en est d’ailleurs pas caché : le constructeur a explicitement mentionné que cette technologie pourrait aussi servir à dispenser des réclames.

Et on comprend aisément pourquoi. Du point de vue de l’annonceur, les fenêtres des trains sont des surfaces parfaites à tous les niveaux. En premier lieu, elles garantiraient un temps d’exposition élevé puisqu’elles encercleraient les passagers pendant tout le trajet – à moins que ces derniers ne finissent par sauter du train en marche.

De plus, ces derniers seraient virtuellement obligés de jeter un œil à un moment du trajet, ne serait-ce que pour vérifier le nom de la prochaine station. Ce ne serait pas forcément catastrophique dans certains véhicules. On pense notamment aux métros souterrains, où la vue vaut rarement le détour.

Où placer la limite ?

Par contre, dans un train de campagne, la donne pourrait être très différente ; le simple fait de profiter du paysage pourrait devenir un véritable luxe. Par exemple, on peut tout à fait imaginer un train où un passager de 2e classe serait privé de paysage et forcé de s’asseoir entre deux écrans publicitaires pendant l’intégralité du trajet. À l’inverse, les sièges les plus luxueux pourraient en être entièrement exemptés. Une sorte de Snowpiercer publicitaire, en somme.

Évidemment, il s’agit d’un scénario assez extrême, et la réalité sera probablement beaucoup plus nuancée. Mais au bout du compte, il est assez difficile d’imaginer qu’une telle technologie pourrait échapper complètement aux publicités ; il convient donc de se préparer à cette éventualité, même si ce n’est probablement pas pour demain.

Et cela pose aussi une autre question : une fois la machine lancée, quelles seront les limites de cette démarche ? Par exemple, faudra-t-il un jour payer un supplément à son chauffeur Uber sous peine d’être encerclé de publicité pendant le trajet ?

Ce questionnement ne s’arrête d’ailleurs pas aux transports ; avec un peu d’imagination, on peut même imaginer des applications encore plus pernicieuses pour des tas d’objets du quotidien. Les vitres de nos micro-ondes pourraient par exemple nous dispenser des annonces pendant que nos petits plats chauffent, et ainsi de suite.

Il sera donc très intéressant d’observer l’évolution de cette technologie fascinante qui pourrait facilement être utilisée de façon très intrusive.

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