Les îles Tonga sont connues pour leur activité volcanique très intense, comme en atteste la terrible éruption du Hunga Tonga en janvier 2022. Récemment, c’est un volcan sous-marin de l’archipel, le Home Reef, qui s’est réveillé en produisant une éruption aux conséquences remarquables.
Cette fois, il n’y a heureusement pas eu le moindre danger pour la population locale. « Le volcan pose un risque faible pour l’aviation et les résidents » des îles avoisinantes, ont expliqué les services géologiques locaux. Mais cet épisode était tout de même remarquable puisque la population a pu observer une île émerger de l’océan à la faveur des émanations de lave.
Le début de cette éruption est estimé au 10 septembre, quand des habitants des îles voisines ont remarqué des fragments de lave et de roche qui émergeaient au beau milieu des eaux. Peu après, ils ont été rejoints par des panaches de vapeur et de cendre. Plus de doute : il s’agissait bien d’une nouvelle éruption du Home Reef.
C’est un événement toujours intéressant pour les géologues, car les éruptions du Home Reef sont assez mal documentées. Les chercheurs n’en connaissaient que trois jusqu’à, respectivement survenues en 1852, 1984 et 2006. Et à chacun de ces épisodes, c’est la même histoire : le matériel rejeté par le volcan s’accumule sur la butte déjà présente, ce qui conduit à la formation d’une petite île éphémère.
Une île qui meurt et ressuscite régulièrement
Le dernier épisode éruptif, en 2006, a par exemple fait émerger une île d’environ 70 mètres de long qui surplombait l’océan d’une dizaine de mètres à son sommet. Différents relevés géologiques d’époque indiquent qu’au terme de l’éruption, qui a duré une dizaine de jours, l’île mesurait environ 1500 mètres de long.
Mais cette nouvelle édition est très particulière à bien des égards. Là où les îles précédentes étaient majoritairement constituées d’un matériau à base de cendre, d’après GeologyHub, cette nouvelle île serait constituée de véritable lave visqueuse refroidie. Elle a beau grandir plus lentement que les anciennes, elle est aussi bien plus grande, avec une surface estimée à 24 000 m² le 20 septembre dernier. Aux dernières nouvelles, les volcanologues étaient toujours en train d’essayer de déterminer la cause exacte de ces changements.
Reste qu’au bout du compte, cette nouvelle île ne sera jamais baptisée, car elle connaîtra probablement le même sort que ses aînées. À moins que d’autres éruptions viennent la consolider dans un futur proche, elle sera progressivement grignotée par les assauts répétés de l’océan jusqu’à ce que sa surface soit à nouveau rabotée sous le niveau de l’eau. Et puisque tous les marins sont sommés de se tenir à bonne distance, il y a également peu de chances pour que quelqu’un parte fouler ce petit lopin de roche volcanique. Autant dire qu’il faudra trouver une autre destination pour votre prochaine expédition façon Robinson Crusoé.
Pourquoi y a-t-il tant d’éruptions dans cette région ?
Si l’archipel des Tonga présente une telle activité géologique, c’est qu’il est situé au-dessus d’une des zones de subduction les plus rapides de la planète. Ce sont des endroits du globe où plusieurs plaques tectoniques se chevauchent ; ici, c’est la plaque Pacifique qui sombre sous deux autres plaques (Kermadec et de Tonga).
Cette dynamique a mené à l’émergence d’un arc volcanique extrêmement dense et actif ; c’est tout simplement la portion de plancher océanique où l’on trouve le plus de volcans sous-marins au monde. Autant dire qu’il faut s’attendre à de nouveaux phénomènes volcaniques spectaculaires à moyen terme. Espérons simplement qu’ils ne seront pas aussi dévastateurs que l’éruption du Hunga Tonga; récemment, une équipe de chercheurs rappelait encore que l’humanité n’était absolument pas prête pour une “super-éruption” à l’ampleur catastrophique (voir notre article).
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