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Elon Musk persiste et signe : les brevets, « c’est pour les faibles »

Le sulfureux milliardaire s’est à nouveau attaqué frontalement à la propriété industrielle, qu’il estime contre-productive en termes d’innovation.

Récemment, Elon Musk s’est à nouveau fait remarquer avec une saillie clivante qui promet déjà de faire jaser. Invité dans l’émission Jay Leno’s Garage sur CNBC, il s’en est violemment pris aux brevets et au système de propriété industrielle en général.

Tout a commencé avec une question relativement innocente de la part de son hôte Jay Leno, qui voulait savoir si SpaceX avait breveté les matériaux utilisés pour construire ses fusées. Et l’intéressé ne s’est pas fait prier pour dégainer. « Je me fiche des brevets » a-t-il lancé avant d’ajouter laconiquement : « les brevets, c’est pour les faibles ».

Un positionnement pas forcément surprenant de la part de ce sulfureux milliardaire, connu pour son libéralisme technologique et sa volonté d’encourager une innovation extrêmement rapide. Et cet avis sur le système de propriété industrielle s’inscrit dans la continuité de cette philosophie.

« Comme des mines en temps de guerre »

Il considère que les brevets sont des obstacles à l’innovation qui n’ont tout simplement pas lieu d’être. Selon lui, ils coupent l’herbe sous le pied à des acteurs innovants qui pourraient faire progresser l’industrie encore plus rapidement, avec des retombées bénéfiques pour toute la population.« [Les brevets] sont utilisés comme des mines en temps de guerre », a-t-il lâché ensuite. « Ils n’aident pas à faire avancer les choses; ils empêchent juste les autres de vous suivre. »

CNBC rappelle aussi que ce n’est pas la première fois que Musk tire à balles réelles sur les brevets. Dans une interview à Wired publiée en 2012, il considérait déjà que ces brevets étaient tout simplement inutiles pour tout ce qui relève de l’espionnage industriel. Ils seraient même contre-productifs dans ce contexte, puisque breveter une technologie implique aussi de publier la documentation technique associée.

« Notre principal concurrent sur le long terme est en Chine », expliquait-il alors. « Si nous publions ces brevets, ça serait grotesque, parce que les Chinois s’en serviraient comme un livre de recettes ». Et on peut difficilement lui donner tort à ce niveau, comme nous l’avons encore constaté récemment avec une copie chinoise maladroite d’une Tesla (voir notre article).

En 2014, dans un mémo aux employés de Tesla, il estimait aussi que les brevets « ne servent qu’à ralentir le progrès, à cimenter les positions de corporations géantes et à enrichir les législateurs, plutôt que les véritables inventeurs ».

© Tesla

Un positionnement (presque) cohérent avec les faits…

Il a aussi tenu à préciser que ses entreprises n’avaient pas pour habitude de verrouiller ainsi ses technologies. « En substance, nous n’avons pas de brevets à SpaceX”, expliquait-il en précisant que cela valait aussi pour Tesla – dans une moindre mesure. Les entreprises de Musk ont tout de même plusieurs brevets à leurs noms, mais ils portent surtout sur le design des véhicules, le port de charge et la technologie de conduite autonome. Tout ce qui concerne la motorisation, en revanche, reste plus ou moins libre d’accès.

De plus, Tesla a déjà communiqué officiellement sur ce sujet. Dans ses textes légaux, il est écrit noir sur blanc que l’entreprise a « pris un engagement irrévocable de ne pas intenter de procès à quiconque se servirait d’un de ces brevets dans le cadre d’une activité liée aux véhicules électriques tant que le tiers en question agit en toute bonne foi ».

Une fois n’est pas coutume, on peut donc difficilement accuser Musk d’hypocrisie, contrairement à la fois où il avait réclamé la suppression de toutes les subventions (voir notre article).

Rappelons que l’un des objectifs revendiqués de Tesla est d’encourager une transition à grande échelle vers les véhicules électriques pour lutter contre la crise climatique. SpaceX, de son côté, veut carrément ouvrir les portes de l’espace à toute l’humanité. Des objectifs qu’on pourrait qualifier d’humanistes, en tout cas sur le papier.

Le fait de verrouiller toutes ces découvertes dans ces domaines, notamment en ce qui concerne la motorisation des véhicules électriques ou la technologie de ses fusées, serait donc fondamentalement hypocrite. En affichant sa volonté de partager les technologies de ses entreprises, tant qu’il s’agit de faire progresser l’industrie dans son ensemble, il reste cette fois à peu près droit dans ses bottes.

…pour l’instant !

Il est toutefois intéressant de constater que pour Musk, la « bonne foi » s’arrête là où commence sa définition de l’espionnage industriel – c’est à dire aux frontières des États-Unis.

© SpaceX

Même s’il continue de répéter que Tesla et SpaceX sont au service de l’humanité, on peut tout de même légitimement se poser quelques questions : Musk se montrerait-il aussi magnanime si ses entreprises n’étaient pas archidominantes dans leurs domaines respectifs, ou si ces technologies faisaient émerger un concurrent de taille en Europe ou en Chine – le meilleur ennemi revendiqué de l’Oncle Sam ?

C’est tout sauf une garantie; après tout, il est assez facile de faire preuve de mansuétude lorsque ses principaux concurrents sont à des années-lumière de pouvoir l’imiter. Il sera donc très intéressant d’observer sa réaction si une autre entreprise produit un jour une copie conforme de ses voitures électriques, voire même de ses fusées. Pas certain qu’il se montre aussi compréhensif.

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11 commentaires
  1. On peut facilement l’accuser d’hypocrisie. que ce soit paypal ou tesal se sont des sociétés qu’il a racheté parce qu’elles avaient une valeure lié à leurs brevet et leurs utilisations, ne pas oublier que concernant Tesla les seuls brevets qu’il a libéré sont ceux concernant la partie vehicule electrique et pas la partie vehicule autonome

  2. “Les brevets c’est pour les faibles”.
    Donc un gars découvre un truc et il serait normal qu’il ne puisse pas en tirer bénéfices? Un brevet à la base, ça sert à ça, protéger une idée / invention pour permetre au gars de faire sa tune.
    Après, les patent troll, c’est autre chose. Encore un gros délire US.
    Après, quand Big Pharma change une molécule dans un médicament très rentable au moment où le brevet va tomber dans le domaine public, juste pour reprendre une exclu sur 10 ou 30 ans, c’est autre chose aussi. Surtout quand c’est fait pour des traitements contre le diabète ou le sida, pour les chimio…

  3. On peut lui donner raison ou pas

    D’un côté on peut trouver ca normal que la personne ou l’entreprise qui a crée/eu l’idée de quelques chose puisse protéger et bénéficier ( ou plutôt se remplir les poches ) seul avec son œuvre.

    Mais d’un autre côté on a vu que ça pouvait devenir un problème dans pas mal de cas collectivement les brevets peuvent limiter grandement les avancées voir être ” dangereux ” par exemple pour les vaccins beaucoup de pays n’ont pas pu en obtenir assez vite alors qu’ils auraient pu en produire a cause des brevets au point qu’ils auraient pu et même du sauter pour le bien de tous.

    Si on veut un exemple dans le domaine automobile si le brevet de la ceinture de sécurité n’avait pas été ouvert ça aurait été aussi limitant et dangereux.

    Tfacon dans tout les cas le seul point où on ne peut en aucun cas donner tord a élon musk c’est que pour les chinois et compagnie un brevets c’est comme un manuel Ikéa a partir de la…

  4. Normal…. spaceX n’existe que grace a l’absence de brevet sur les produits de la NASA. Comme il ne crée rien mais ne fait qu’user des creations des autres, avec brio je l’admets.

  5. Bien sûr, avant de gloser “à la française”, on se souvient tous que les fondateurs de Google ont longtemps tenu à ne pas breveter, dans un monde logiciel à haute intensité de compétition. Et ils étaient TRES innovants.
    Mais ils en sont revenus, dans une mesure que je connais très mal. Est-ce lié, comme évoqué dans un commentaire, au fait que la concurrence dans le secteur s’est durcie ? Ou au fait qu’il devenait difficile de garder la porte ouverte mais d’avoir des “utilisateurs” qui gardaient néanmoins la leur soigneusement verrouillée ?
    Nouvelles facettes d’un débat aussi vieux que l’humanité, en fait : Donner, recevoir, rendre ou prendre…

  6. Pour moi un brevet c’est une capote anglaise trouée. Ça ne protège en rien ni dans un sens ni dans l’autre.
    Juste les coûts de dépôt et d’entretien sont exorbitants. Ce qui exclut d’entrée tous ceux qui n’ont pas les moyens importants.

  7. Il ne fait que copier….bien entendu et quand on voit qu’il fait de la récupération de sa fusée alors que la NASA en est lloin ainsi que tous les pays du monde,qu’il prépare sa fusée lunaire le Starship,qu’il va fabriquer le module de descente lunaire,qu’il amène les astronautes américains dans sa fusée et sa xapsule dragon vers l’ISS alors que personne n’est capable de faire aussi bien aux états Unis actuellement et ça s’arrête pas avec le spatial,il est à la pointe sans d’autres domaines et il a tout copier…..mais bien sûr, dans le spatial il est à la pointe après même pas 20 ans d’existence de Space X et devance la NASA dans plusieurs domaines ainsi que Tesla,sans compter le starlink,faut ouvrir les yeux……même si il est megalo,en tout cas il fait bouger les lignes et booste les autres à ne pas s’endormir sur leurs lauriers et c’est pas rien

  8. Il pointe justement que le brevet oblige à décrire l’invention de manière assez détaillée.

    En fait c’est surtout l’usage du brevet qui est dévoyé. À la base, il devait servir justement à favoriser l’innovation en donnant accès aux détails des inventions (contrairement au secret), mais aussi permettre à l’inventeur une “juste rémunération”.

    En gros, il faudrait presque passer tous les brevets en FRAND ou un système équivalent avec une détermination du prix de licence par l’office des brevets. Et par contre une très forte pénalité au contrevenant (coucou Apple qui utilise les FRaND sans payer alors que les licences sont quasi gratuites)

    Cdt,

  9. Le mieux serait alors de mettre ces inovations sous licences libres …
    Ça serait accessible à tout le monde mais protégé d’une appropriation par une autre société.

  10. @ Galtie
    Effectivement il n’a pas copié, il a eû libre accès aux brevets moteurs et technologie VTOL qu’avait développé MacDonnellDouglas avec la fusée réutilisable DELTAClipper DCx10 ans avant spacex…… Désolé
    Sans la NASA et toute la techno et les milliards que a été donné à Musk, c’est un poil plus simple pour ” innover” même si ça reste un domaine extrêmement pointu.
    https://www.aerospatium.info/apollo50-spacex-secret-moteur-lm/
    Et pour voir les évolutions incroyables de DeltaClipper, yen a plein sur youtube

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