Après des semaines de galères logistiques et de fuites à répétition, la NASA a enfin réussi son test de remplissage des réservoirs du Space Launch System, l’immense lanceur qui doit relancer la grande conquête de la Lune. Mais il y a un hic : l’engin a toujours des problèmes d’étanchéité…
Le test en question était une sorte de version allégée et plus délicate du wet dress rehearsal. C’est un processus qui consiste à vérifier point par point toute la procédure de lancement, y compris le transfert du carburant, jusqu’au début du compte à rebours. L’objectif est de permettre aux équipes techniques de valider les derniers détails techniques tout en répétant la procédure de lancement.
Un wet dress rehearsal allégé qui s’est bien passé
Le SLS a d’abord échoué plusieurs fois à valider cette étape avant d’y parvenir pour la première fois le 21 juin (voir notre article). Mais voilà : entre temps, l’engin a collectionné les soucis techniques, à commencer par une incontinence caractérisée. Les opérateurs ont repéré des fuites significatives dans son circuit de distribution d’hydrogène. Les techniciens en ont identifié au moins deux. La première, et la plus grave, se trouvait au niveau de la colonne d’hydrogène principale. L’autre, moins significative, touchait un connecteur qui sert à remplir les réservoirs.
Cela a forcé la NASA à repousser le lancement une première, puis une deuxième fois en l’espace de quelques jours. Résultat : alors qu’il devait initialement décoller le 29 août dernier, le SLS n’a toujours pas bougé d’un iota. À l’heure où ces lignes sont écrites, le colosse est toujours confortablement juché sur son pas de tir, en train de se faire dorloter par les ingénieurs et les techniciens.
La NASA fait donc tout son possible pour qu’il soit fin prêt à la prochaine de tir, le 27 septembre prochain. Elle dispose donc de moins d’une semaine pour boucler les derniers (on l’espère) préparatifs. Et pour la première fois depuis quelque temps, les responsables commencent enfin à se montrer optimistes. “Je suis très encouragé par le test d’aujourd’hui”, a expliqué Charlie Blackwell-Thompson, directeur de lancement du programme Artemis.
Ce satané connecteur fuit toujours
En revanche, elle s’est bien gardée de confirmer que l’engin décollerait bien le 27 septembre prochain. Et pour cause : il reste encore quelques inconnues, à commencer par… une fuite qui n’a toujours pas été colmatée.
Heureusement, il s’agit de la moins importante des deux, à savoir celle qui concerne le connecteur de remplissage parfois surnommé “cordon ombilical”. La bonne nouvelle, c’est qu’il ne s’agit pas d’une fuite active. Le SLS ne se déleste donc pas de tout cet hydrogène au fil du temps; il perd simplement une partie de ses réserves au moment où le connecteur est retiré.
https://twitter.com/NASAGroundSys/status/1572635546064674818?ref_src=twsrc%5Etfw%7Ctwcamp%5Etweetembed%7Ctwterm%5E1572635546064674818%7Ctwgr%5E99a828a3a522893d79fcfcd962395a318153338f%7Ctwcon%5Es1_&ref_url=https%3A%2F%2Fwww.theverge.com%2F2022%2F9%2F21%2F23365231%2Fnasa-artemis-1-rocket-liquid-hydrogen-fuel-test
D’après les mesures de l’agence, cela représentait 3,4% du volume d’hydrogène total. Ce chiffre ne dépasse pas le seuil de sécurité établi par la NASA. Elle a donc pu poursuivre le test jusqu’à son terme. En théorie, il n’y a donc plus de quoi s’inquiéter; le SLS ne devrait plus rester cloué au sol – ou du moins, pas à cause d’une fuite.
Trop tôt pour crier victoire
Mais dans tous les cas, mieux vaut rester prudent, sachant que ce monstre de métal en a déjà fait voir de toutes les couleurs aux ingénieurs. Les données produites lors du test sont toujours en cours d’analyse, et les équipes techniques ne sont pas encore à l’abri d’une nouvelle mauvaise surprise de dernière minute.
De plus, la NASA va encore devoir cocher quelques cases supplémentaires avant de procéder au lancement. À l’heure où ces lignes sont écrites, l’agence n’a toujours pas indiqué si l’US Space Force avait répondu à sa demande d’extension du Flight Termination System. Ce dispositif d’arrêt d’urgence doit être vérifié et certifié lors d’une procédure officielle pour une période de 25 jours qui arrive à son terme, et doit donc être rallongée pour pouvoir envisager un départ fin septembre ou début octobre (voir notre article pour plus de détails).
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