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La Terre abrite au moins 20 000 000 000 000 000 fourmis

Et il s’agit d’une estimation prudente.

C’est une question que bon nombre d’entre nous se sont déjà posés en croisant la route d’une colonie d’insectes bien organisés : combien de fourmis y a-t-il sur Terre ?

À première vue, cette interrogation pourrait paraître futile ; pas besoin d’être un grand scientifique pour réaliser qu’il est tout bonnement impossible de les recenser une par une. On pourrait donc être tentés de refermer le dossier une bonne fois pour toutes. Mais cette drôle de question est bien plus intéressante qu’on pourrait le croire à première vue, et des chercheurs tout ce qu’il y a de plus sérieux se penchent aussi dessus.

Récemment, une nouvelle équipe internationale de chercheurs basée à l’Université Julius Maximilian, en Allemagne, a tenté de proposer l’estimation la plus précise à ce jour du nombre de Formicidae à l’échelle de la planète. Bien entendu, ils ne se sont pas mis à éventrer des fourmilières à la douzaine ; à la place, ils ont mené ce qu’on appelle une méta-analyse.

Une méta-analyse de grande ampleur

C’est une catégorie d’étude un peu particulière, puisqu’elle ne repose pas sur un protocole expérimental établi par les auteurs pour vérifier leur hypothèse. Il s’agit plutôt de moissonner toute la littérature scientifique sérieuse qui existe autour un sujet précis. Pour les méta-analyses les plus solides, les spécialistes se basent souvent sur des dizaines, voire des centaines d’études relativement indépendantes les unes des autres.

Une fois ce travail de documentation bouclé, les chercheurs peuvent alors extraire toutes les données qui les intéressent, puis les recouper et les comparer à l’aide d’outils statistiques poussés pour en tirer des conclusions à une échelle plus large.

Dans ce cas précis, les auteurs ont épluché pas moins de 489 études différentes qui documentent la densité de certaines populations de fourmis dans des zones données. Elles présentent un point commun très important : tous ces travaux reposent sur une méthode de recensement standardisée, ce qui signifie que la méthodologie est très similaire d’un papier à l’autre.

Ils ont ainsi pu intégrer toutes ces données à un énorme modèle statistique. L’objectif : faire émerger des corrélations claires entre la densité de la population de fourmis et des tas de facteurs externes comme le climat de la zone concernée, par exemple.

C’est un progrès significatif, car jusqu’à présent, les travaux de ce genre se basaient généralement sur des mesures tirées d’une ou deux zones géographiques isolées. En substance, il ne s’agissait donc que de « suppositions éclairées », dixit Patrick Schultheiss, co-auteur principal de l’étude.

© hybridnighthawk – Unsplash

Au moins 20 millions de milliards de fourmis sur Terre !

À partir de ces éléments, il ne leur restait plus qu’à extrapoler à l’échelle de toute la planète pour parvenir à une estimation de la population mondiale de fourmis. Ils ont ainsi pu proposer la meilleure estimation de la population totale des fourmis à ce jour : pour eux, notre planète hébergeait au moins… 20 000 000 000 000 000 fourmis, soit 20 billiards, ou encore 20 millions de milliards de ces insectes.

Un chiffre qui donne le vertige ; cela représente à peu près 2,5 millions de fourmis pour chacun des (presque) 8 milliards d’humains qui peuplent la Terre. Et le constat est encore plus impressionnant lorsqu’on raisonne en termes de biomasse. Sur la base de cette estimation, la population des fourmis représente environ 12 millions de tonnes de carbone. Si l’on fait abstraction des humains, c’est plus que l’ensemble des oiseaux et des mammifères terrestres cumulés !

Il est toutefois important de rappeler que cette estimation reste relativement vague, même si c’est la première étude de ce genre à présenter une méthodologie aussi solide. Car même si les méta-analyses de ce genre peuvent faire émerger des tendances claires, elles souffrent également d’un défaut parfois rédhibitoire : les données doivent être aussi précises et exhaustives que possible.

Or, dans le monde réel, il est physiquement impossible de collecter des ensembles de données parfaitement représentatifs. Cela signifie que la qualité et la densité des relevés seront forcément hétérogènes. Résultat : il existe encore des zones d’ombre considérables dans notre connaissance des 15 700 espèces de fourmis documentées.

Par exemple, si les fourmis européennes sont extrêmement bien connues, on ne peut pas en dire autant des espèces africaines ou Nord asiatiques. Cela vaut aussi pour certaines niches écologiques.

On peut notamment citer la canopée des jungles tropicales ou les souterrains, souvent difficiles d’accès pour les chercheurs ; ces zones sont donc beaucoup moins étudiées que le sol des forêts européennes, par exemple, et cela a forcément des conséquences considérables sur l’étude des espèces qui y résident. Pour toutes ces raisons, la population réelle des fourmis pourrait être encore largement supérieure au chiffre annoncé !

© MD_JERRY – Unsplash

Les fourmis, des actrices majeures de l’environnement

Au bout du compte, malgré ces approximations, ces travaux demeurent tout de même très importants. En effet, le suivi de la population globale des fourmis a des implications plus profondes qu’il n’y paraît. Il ne s’agit pas que de curiosité ou d’efforts de conservation. Ces insectes sont immensément importants dans la dynamique globale d’un tas d’écosystèmes, et ces informations permettent d’apprécier leur statut de plaque tournante écologique.

On dit souvent que la survie de l’humanité est intimement liée à celle des abeilles, notamment grâce à leur rôle dans la pollinisation des végétaux. Mais les fourmis jouent aussi un rôle déterminant dans leurs niches écologiques respectives. Ce sont par exemple des acteurs majeurs du brassage du sol ; elles favorisent le transport de l’eau, de l’oxygène et des nutriments indispensables à la croissance des végétaux et micro-organismes.

Elles sont aussi l’un des piliers de la chaîne alimentaire mondiale ; les fourmis, c’est la base de l’alimentation de très nombreuses espèces qui seraient instantanément menacées d’extinction si les fourmis venaient à disparaître. Étudier la population des fourmis permet donc de maîtriser un peu mieux la dynamique complexe qui anime ce grand mille-feuille écologique.

« Avec cette étude, nous proposons une base pour la distribution globale du nombre de fourmis et de la biomasse. À l’avenir, nous pourrons répéter ces études aux mêmes endroits, avec les mêmes méthodes, pour voir ce qui aura changé », explique Sabine Nooten, deuxième co-autrice du papier.

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Source : PNAS

1 commentaire
  1. Et bien oui ce n est plus un risque, elles vont disparaître! certes sur les quantités, des ilôts survivront par ci par là mais vous aurez Tous compris pourquoi ou? du moins les personnes terre à terre comme moi! Merci Thank you merci a Tous !

Les commentaires sont fermés.

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