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Mars : le rover Perseverance trouve un “trésor” plein de matière organique

Les chercheurs de la NASA frétillent déjà d’impatience à l’idée de récupérer ces échantillons.

Perseverance, l’explorateur martien de la NASA, est en ce moment en train de passer le delta du cratère de Jezero au peigne fin (voir notre article). C’est une zone un peu particulière de cet ancien lac où l’agence estime avoir de bonnes chances d’y trouver des traces de vie passée. Et dans un briefing organisé hier, l’agence a annoncé que le rover avait fait quelques découvertes particulièrement enthousiasmantes.

« Le delta, avec ses roches sédimentaires diverses, offre un superbe contraste avec les roches ignées — issues de la cristallisation du magma — que l’on a découvert sur le plancher du cratère », explique Ken Farley, l’un des chercheurs qui suivent les pérégrinations du robot sur la planète rouge. « Cette juxtaposition nous permet de comprendre l’histoire géologique de la formation du cratère, et cela nous offre des points de prélèvements variés et intéressants. »

« Par exemple, nous avons trouvé du grès qui porte des grains et fragments de roche qui ont été formés loin du cratère de Jezero », détaille-t-il. Or, ces fragments ne se sont pas retrouvés là par l’opération du Saint-Esprit ; c’est un nouveau signe clair qui permet d’apprécier l’ampleur des phénomènes hydrologiques qui façonnaient le paysage martien de l’époque.

Mais surtout, Farley a aussi dévoilé que Perseverance avait trouvé une mudstone (une roche sédimentaire argileuse) un peu particulière; elle comportait des composés organiques qu’il qualifie d’ « intrigants ». « Ces roches sédimentaires sont connues pour préserver des fossiles d’êtres vivants sur Terre », se justifie-t-il. Il a aussi indiqué que les roches étudiées au niveau du delta avaient « la plus haute concentration de matière organique que nous avons trouvée lors de cette mission ».

C’est quoi, cette “matière organique” ?

Le matériel « organique » auquel il fait allusion est un ensemble de composés principalement constitué de carbone, le plus souvent avec des atomes d’oxygène et d’hydrogène. De plus, on y retrouve souvent des éléments un peu particuliers comme l’azote, le phosphore et le soufre.

Il existe des processus abiotiques — c’est-à-dire sans rapport avec la vie — qui permettent de produire ces éléments. Mais ils sont aussi et surtout connus pour leur importance dans des tas de processus biologiques.

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© NASA/JPL-Caltech

Lorsque la NASA retrouve ces éléments sur un site de prélèvement, c’est donc un indice que la zone pourrait potentiellement abriter de véritables biosignatures directes, c’est-à-dire des modifications de l’environnement qui seraient directement attribuables à des êtres vivants.

C’est loin d’être la première fois que des molécules organiques sont retrouvées sur Mars. Même Curiosity en a déjà repérées par le passé. En revanche, c’est la toute première fois qu’elles sont retrouvées en aussi grande quantité dans une zone dont on sait qu’elle aurait pu être propice à l’apparition de la vie.

Le Cratère de Jezero, une excellente pioche

En effet, il fut un temps où le cratère de Jezero était un immense lac chargé en sel et en sédiments, avec sa dynamique hydrologique propre (voir notre article). Un substrat de premier choix qui aurait pu participer à l’émergence d’une forme de vie en présence des bons ingrédients… comme ces fameuses molécules organiques.

Pour l’instant, la présence de ces éléments ne signifie pas forcément qu’il y aura aussi de véritables biosignatures laissées là par des êtres vivants. Mais le fait d’en avoir trouvé dans cette zone reste une excellente nouvelle pour la NASA, car cela rapproche considérablement les scientifiques de ces fameuses biosignatures — si toutefois elles existent.

Le front du delta en périphérie du cratère de Jezero, où la NASA espère bien trouver des traces de vie passée. © NASA/JPL-Caltech

« Nous avons choisi le Cratère de Jezero parce que nous pensions qu’il avait les meilleures chances de nous offrir d’excellents échantillons d’un point de vue scientifique — et maintenant, nous savons que nous avons envoyé le rover au bon endroit », se félicite Thomas Zurbruchen, l’administrateur scientifique de la NASA qui va d’ailleurs quitter l’agence à la fin de l’année (voir notre article).

« Ces molécules organiques sont des éléments constitutifs de la vie, donc c’est très intéressant que nous ayons des roches déposées dans un environnement habitable — un lac — et qui comportent de la matière organique », précise Farley.

Mars Sample Return, un chef d’œuvre logistique

Autant dire que les chercheurs sont très impatients à l’idée de pouvoir étudier ces prélèvements… mais ils vont devoir prendre leur mal en patiente. Car même si Perseverance est équipé d’un véritable petit mini-laboratoire qui lui permet de réaliser des analyses préliminaires, le brave rover arrive au bout de ses capacités à ce niveau-là.

Désormais, il va devoir laisser la main aux chercheurs de la NASA, qui se chargeront en personne d’étudier ces poussières de roche dans les moindres détails. Mais pour connaître le fin mot de l’histoire, il faudra commencer par les récupérer, ce qui ne sera pas une mince affaire. C’est l’objectif de la mission Mars Sample Return.

© NASA/JPL-CALTECH

À cette occasion, un petit atterrisseur ira se poser à proximité du cratère avec un lanceur miniature à son bord. C’est dans cette dernière que seront déposés les prélèvements de Perseverance. Pour l’anecdote, ce dernier point a été modifié assez récemment (voir notre article).

À l’origine, c’est un nouveau rover qui devait se charger de la collecte. Mais la NASA a été tellement impressionnée par les performances de l’inépuisable Ingenuity, le petit hélicoptère qui accompagne Perseverance sur la Planète Rouge, qu’elle a décidé d’en construire deux autres pour assurer la récupération des prélèvements.

Une fois chargée, la mini-fusée s’élancera vers l’orbite martienne. Elle sera alors récupérée par un autre véhicule stationné en orbite. C’est ce dernier qui se chargera de les rapatrier sur Terre à l’horizon 2030.

Un retour qui pourrait révolutionner l’astrobiologie

Autant dire qu’il va falloir patienter un certain temps avant de pouvoir procéder à des analyses plus poussées. Mais vu la qualité exceptionnelle des échantillons, il serait dommage de s’arrêter en si bon chemin. En ce moment, les ingénieurs envisagent même de faire rebrousser chemin à Perseverance pour qu’il dépose ses trouvailles au pied du cratère ; cela lui permettrait de faire de la place pour collecter de nouveaux échantillons. Pour le moment, la mission Mars 2020 est décidément un immense succès de bout en bout !

« J’ai étudié l’habitabilité de mars et sa géologie pendant toute ma carrière, et j’ai pu apprécier personnellement la valeur scientifique incroyable du retour d’échantillon soigneusement collecté », explique Laurie Leshin, directrice du légendaire Jet Propulsion Laboratory de la NASA. « Le fait que nous soyons à quelques semaines de déployer ces échantillons et à quelques années de les ramener sur Terre pour les étudier en détail est vraiment phénoménal », souffle-t-elle. « Nous allons apprendre tant de choses ! »

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11 commentaires
  1. Fantastique
    Je serais curieux de savoir ce que l’on aperçoit au bas de la première photo entre les 2 forages!

  2. Le rêve toujours d’actualité des petits hommes verts ?
    Je ne comprends pas notre désintérêt pour les vers de terre et le dernier des insecte tant cette frénésie pour trouver de l’improbable ailleurs nous captive.
    N’est ce pas un peu plus que ridicule ?

  3. Ça y est il en fallait un …. Comprendre notre environnement ne se limite pas à la terre. Allez bêcher votre jardin puisque Mars a si peu d’intérêt pour vous.

  4. La soif de connaissance et de rayer le maximum d’interrogations pour l’humain.
    Et puis au delà de tout cela, avec l ere spaceX, nous avons fait une avancée significative dans ce domaine.

    Faire un aller retour planete x – terre est justement la plus grande vraie réussite. Et next step de toute façon c’est déplacer l’humain dans l’espace. C’est comme ca depuis toujours, découvrir et toujours découvrir.

  5. Oui d’autant plus que la recherche aurai besoin de fond pour trouver des traitements pour soigner cancer et autres saloperie qui sévices sur notre planète et qui tue des milliers de personnes
    Tout cette argent dépensé pour éventuellement trouver une trace de vie disparue nous fait une belle jambe !

  6. @ Sylvain, vous parlez du morceau d apparence spongieuse et de couleur plus foncée ? c est vrai qu’il est différent…

  7. @Martiandream : Et vous allez habiter sur Mars si la Terre a si peu d’intérêt pour vous !
    Le jour où l’on aura trouvé une trace de vie sur Mars en ayant dépensé des milliards, alors que la Terre sera devenue inhabitable, ça nous fera une belle jambe !
    C’est vrai qu’ici tout roule, aucun problème à résoudre, pas besoin d’investir pour le futur…

  8. L’insatiable soif de connaître, de savoir, et de comprendre de l’être humain, qu’il s’agisse de mondes lointains ou de ce qui se passe dans sa cour, ne reflète en somme que son désir fondamental de saisir le pourquoi de l’Univers et de sa propre existence; la cause et la finalité de toute chose. C’est à la fois un besoin fondamentalement légitime et nécessaire.

  9. Il y a ceux pour qui seule la terre, la vie sur terre n’ont d’intérêts. Puis, il y a les autres pour qui l’univers tout entier est intéressant. Savoir si d’autres vies existent, dans notre galaxie déjà, puis ailleurs. Sous quelles formes elles existent et quelles sont leurs avancées. Sur d’autres planètes qui abriteraient une forme d’intelligence, les questions sont peut-être les mêmes que celles que nous nous posons ici. Combien de planètes sont habitées dans l’univers. Voilà pourquoi l’évolution de telle ou telle planète nous permet d’avancer. Lentement certes, mais nous n’avons pas d’autres choix. Ce qui n’empêche à d’autres chercheurs de soigner des cancers, des maladies emergeantes.
    Moi, les avancées dans ces domaines me fascinent et j’encourage ceux qui s’y sont engagés à continuer encore et encore.

  10. Bonjour,

    Vous avez raison il serait bien de s’occuper de notre petite terre qui en à bien besoin…
    Alors bien sûr il y a les férus de sciences qui eux ont la tête dans la Lune…
    Mais le mieux est d’avoir une approche des deux Terre et Mars. Mais mettons un point d’honneur à faire attention à notre Terre, car dans le cas contraire nous en ferons de même avec Mars …. et là attention……..,.

  11. Pour ceux qui trouve futile la recherche martienne et les fonds alloués, il y a tellement de choses plus futiles sur terre comme l’armement et les armées, le nucléaire pour faire la guerre et plein d’autres choses etc….. de l’argent dépensé en pure perte à tous niveaux même au niveau de l’individuel,c’est facile de cracher dans la soupe et se donner le beau rôle d’être le chantre qui fait tout de bien qui pense à autrui…..en critiquant depuis son canapé sur le constat du monde actuel,evidemment ce ne sera jamais un monde parfait,faut être naze pour le croire…mais la recherche quelle quelle soit est indispensable,si nous en sommes arrivés ici c’est parce qu’elle nous y a mené, nos vie en général se sont amélioré avec des dégradations aussi,l’un va aussi avec l’autre,faut pas rêver à un monde de bisounours ou resterait que le meilleur,faut accepter les choses comme elles sont et essayer d’améliorer celles qui en ont besoin,evidemment le profit aura toujours plus d’intérêt que des causes ou il n’y a aucun gain à glaner,que ceux qui veulent oeuvrer pour la communauté humaine s’investissent au mieux…mais la recherche en tous domaine est aussi cruciale,savoir si il y a de la vie ailleurs,comprendre comment elle a pu apparaître,nous mené aussi à savoir comment avons nous été créé, à savoir comment nous sommes apparu, comment l’univers à pu nous enfanter et pleins de choses mystérieuse qui font que nous sommes ce que nous sommes,je ne crois pas que cette quête soit sans intérêt y a des milliers d’années on se posait peut être pas la question,plus on avance,plus celle ci à son importance….du moins pour moi et que ceux que ça n’intéresse pas n’empêche pas les autres de vouloir en savoir plus.

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