Le 5 septembre dernier, des astronomes ont surpris le Soleil en pleine éjection de masse coronale (EMC). Une observation qui, en temps normal, n’a rien d’inhabituel, sachant que ces événements se multiplient à l’approche du pic d’activité de l’étoile, prévu en 2025. Mais cet événement était tout de même remarquable pour plusieurs raisons, et les chercheurs se frottent déjà les mains.
Les EMC sont des bulles de plasma qui sont catapultées à grande vitesse par des éruptions solaires. Si elles se dirigent vers la Terre, elles peuvent avoir des conséquences très concrètes qui dépendent directement de leur intensité.
Les plus faiblardes n’auront aucune conséquence mesurable. Les plus puissantes, en revanche, pourraient provoquer un chaos sans précédent sur Terre en détruisant instantanément une grande partie des systèmes qui fonctionnent avec de l’électricité.
Et il se trouve justement que cette CME était absolument gigantesque. « Je peux affirmer sans risque que l’événement du 6 septembre était l’une des plus grosses (si ce n’est LA plus grosse) tempête de particules que nous avons observé depuis le lancement du Solar Orbiter en 2020 », explique George Ho, spécialiste de l’héliophysique interviewé par SpaceWeather.
Elle était si intense qu’elle a émergé sous une forme dite « en halo complet ». Les CME voyagent généralement dans une direction bien précise. Mais dans ce cas, les astronomes ont pu observer qu’en plus de la CME principale, le soubresaut du Soleil a aussi éjecté une vague de gaz surchauffé tout autour de l’étoile.
Solar Orbiter était au bon endroit au bon moment
Fort heureusement pour nous, la Terre n’était pas en ligne de mire ; l’éjection principale est même partie de l’autre côté du Soleil, précisément à l’opposé de notre planète. Une bonne nouvelle pour le réseau électrique… mais aussi pour les chercheurs qui ont pu bénéficier d’un heureux concours de circonstances.
En effet, si la Planète bleue a échappé à cette CME, ce n’est pas le cas de Venus ; la planète la plus chaude du système solaire passait justement par là et a été percutée de plein fouet. Or, il se trouve que le Solar Orbiter faisait aussi escale dans la région à ce moment précis ; il venait de boucler une manœuvre orbitale à proximité de Venus pour ajuster sa trajectoire par rapport au Soleil.
Cette sonde consacrée à l’exploration de notre étoile, opérée conjointement par l’ESA et la NASA, était donc en première loge; elle a pu observer cette gigantesque CME de l’autre côté de notre étoile, ce qui est par définition extrêmement difficile.
SOLAR DISCO: AR3088 is stayin' alive – blasting out light and matter on its journey around the Sun. It's still providing an amazing show even out of our view. Here is a look at the region over 2.5 days ending with its big M2 blast directed away from us. SDO 171/193/131 🧐🙀🤩😆👋 pic.twitter.com/lXGiUQC3Os
— Dr. C. Alex Young (@TheSunToday) August 31, 2022
Un avant-goût des futurs caprices du Soleil
Le Dr. Alex Young, héliophysicien à la NASA, a partagé les superbes images collectées par la sonde. On y voit une gigantesque proéminence solaire, cette structure en forme de boucle constituée de plasma canalisé par d’intenses perturbations du champ magnétique. Il est difficile d’en apprécier la taille invraisemblable sur ces images ; ces jolies volutes mesurent plusieurs milliers de kilomètres et sont bien plus grandes que notre planète elle-même.
Pour les chercheurs, c’était en tout cas une véritable aubaine. Grâce à la présence du Solar Orbiter, ils ont pu collecter une grande quantité de données qui promet déjà de faire progresser les connaissances sur ces phénomènes éminemment complexes. « Ce n’est pas un événement comme les autres », se réjouit George Ho. « De nombreux papiers scientifiques vont étudier ça sur les années à venir », assure-t-il.
Et ce n’est probablement qu’un début ; rappelons que le Soleil atteindra le pic de son cycle d’activité de 11 ans en 2025. Il y a donc de fortes chances qu’il pique des colères de plus en plus spectaculaires d’ici là. Les héliophysiciens peuvent donc sortir le pop-corn… mais il va aussi falloir toucher du bois pour que notre étoile ne nous expédie pas une énorme CME, avec toutes les conséquences catastrophiques que cela impliquerait (voir notre article).
que l’étoile aux proportions absolument phénoménales
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