Eugene Parker, sommité mondiale de l’astrophysique à qui l’on doit une grande partie de nos connaissances sur le soleil, s’est éteint le 15 mars dernier (voir notre article); mais la Parker Solar Probe (PSP) qui porte son nom est toujours en orbite autour de l’astre.
Elle vient tout juste de boucler son treizième passage au périhélie, c’est-à-dire le point de son orbite où elle est la plus proche du brasier. Et ses opérateurs ont déjà hâte qu’elle refasse un tour complet, car les prochains passage de la sonde pourraient bien leur réserver d’excellentes surprises.
En effet, le Soleil approche en ce moment du pic d’activité de son cycle de 11 ans, qui surviendra en 2025. Il est même encore plus turbulent que prévu; rien que ces derniers mois, les astronomes ont observé de nombreuses taches solaires, elles-mêmes associées à des éruptions solaires et à des éjections de masse coronale qui ont parfois eu des conséquences légères, mais significatives sur Terre (voir nos articles ici et là).
Dans l’ensemble, ces phénomènes sont aujourd’hui relativement bien connus. Mais comme toujours en science, le diable est dans les détails. Et pour comprendre tous les tenants et aboutissants de la dynamique du Soleil, il n’y a qu’une seule solution : s’en approcher autant que possible pour récolter des données directement sur place.
La Parker Solar Probe pourrait croiser une éruption solaire
Et c’est précisément ce qu’espèrent les chercheurs. Ils s’attendent à ce que la sonde se retrouve nez à nez avec une éruption solaire lors d’un prochain passage. Cela sonne comme une mauvaise nouvelle, mais il n’en est rien; au contraire, c’est une perspective qui fait déjà vibrer les astronomes. Cet engin est en effet conçu pour résister à tous les assauts de notre étoile. Ce serait donc une superbe occasion de procéder à des mesures uniques en leur genre.
“Personne n’a encore volé aussi près de l’étoile lors d’un événement solaire”, explique Nour Raouafi, astrophysicien à l’Université John Hopkins. “Ces données seraient complètement nouvelles, et elles nous apprendraient certainement beaucoup de choses”, insiste-t-il.
Et ce n’est pas le seul élément qui rendra les prochains passages très intéressant. À cette date, il y aura même un deuxième engin qui sera parfaitement positionné pour profiter du spectacle : Solar Orbiter. Cet engin, fruit d’une collaboration entre la NASA et l’ESA, pourra également rapporter un tas de données sur les événements observés par la PSP.
Un nouveau regard sur les caprices du Soleil
Une vraie aubaine pour les chercheurs; s’ils tombent sur un phénomène intéressant, ils auront accès à des informations complémentaires qui permettront d’exploiter encore mieux les informations rapportées par la PSP. “En combinant les données de plusieurs missions spatiales et d’observatoires au sol, nous pouvons comprendre les enjeux globaux”, explique Raouafi.
Autant dire que les chercheurs attendent le prochain passage du 11 décembre avec impatience; avec un peu de chance, les informations rapportées par la sondes permettront de mieux cerner les mécanismes associés aux taches et éruptions solaires.
Et ce n’est probablement qu’un début; même si elle ne touche pas le gros lot lors de son 14e passage, il lui restera encore une petite dizaine d’occasions d’y parvenir avant fin 2025, quand le Soleil atteindra son pic d’activité.
“Pendant que le Soleil était calme, nous avons déjà produit de l’excellente science pendant trois ans”, se remémore Raouafi. “Mais notre vision du vent solaire et de la couronne va être totalement différente à partir de maintenant, et nous sommes très curieux de ce que nous allons découvrir”, se réjouit-il.
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