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Le réchauffement climatique détraque complètement le sexe des tortues

Les tortues de mer mâles ont quasiment disparu de certaines zones de reproduction majeures, ce qui fait peser une menace supplémentaire sur ces espèces déjà en danger.

Les tortues sont des dures à cuire… ou en tout cas, c’est le cas pour les femelles. Pour les pauvres mâles, en revanche, la situation est très différente; des chercheurs ont récemment souhaité rappeler au grand public que l’impact du réchauffement climatique sur ces animaux, pourtant bien documenté depuis des années, commence à avoir des proportions catastrophiques.

Cette situation est directement liée à une stratégie évolutive relativement peu commune. Comme chez les alligators, par exemple, le sexe du futur embryon n’est pas déterminé dès la fertilisation; il repose entièrement sur des conditions environnementales, à savoir la température du sable avoisinant.

Un sexe qui dépend de la température

En effet, c’est cette variable qui conditionne à elle seule le sexe de l’enfant. Lorsqu’elle dépasse un certain seuil (généralement 31°C), c’est une tortue de mer femelle qui sortira de l’œuf. Si elle est inférieure, c’est un mâle qui va naître. Les scientifiques connaissent plutôt bien les mécanismes physiologiques en jeu; par contre, les tenants et aboutissants de cette particularité sont encore assez mal connus. En revanche, ce qui est très clair, c’est qu’elle provoque un déséquilibre considérable dans la répartition entre les deux sexes.

Chez les humains, elle est quasiment égale, exception faite de quelques exemples localisés souvent liés à un contexte culturel particulier; on peut par exemple citer la politique de l’enfant unique chinoise qui a fait pencher la balance en faveur des mâles.

Or les tortues de mer ont tendance à pondre dans des régions chaudes et ensoleillées, comme les Caraïbes ou le golfe du Mexique. Le sable de ces plages est souvent chaud, et par conséquent, on trouve habituellement dix fois plus de femelles que de mâle.

Ce déséquilibre ne semble pas menacer la survie de ces espèces, ou du moins pas en l’état. Car le problème, c’est que ce chiffre est très loin d’être stable. Depuis des années, alors que la température globale continue d’augmenter sous l’effet du réchauffement climatique, les plages deviennent de plus en plus chaudes; le déséquilibre continue de s’accentuer, et la proportion des tortues femelles augmente à vue d’œil.

C’est une tendance très inquiétante pour les naturalistes. En effet, si le pourcentage de mâles passe en dessous d’un certain seuil, l’espèce ne sera plus en mesure de renouveler sa population; un véritable crève-cœur, sachant qu’il s’agit d’espèces déjà vulnérables. Depuis des années, ils appellent donc à prendre des mesures de protection et de conservation drastiques… en vain.

Le sexe des jeunes tortues de mer dépend directement de la température du sable. © Kanenori – Pixabay

Pas un seul mâle identifié en quatre ans

Et malheureusement, tous ces appels sont restés sans réponse; la situation devient même critique dans certaines zones comme la Floride. La péninsule est habituellement un sanctuaire de première catégorie pour ces animaux, mais il se trouve que les quatre dernières saisons estivales ont été les plus chaudes jamais enregistrées dans cet état américain. Et les conséquences de cette montée de la température sont désormais plus qu’évidentes.

D’après Bette Zirkelbach, responsable d’un hôpital pour tortues en Floride, évoque même un bilan catastrophique dans une interview à Reuters.  “Les chercheurs qui étudient les tortues de mer et leurs oeufs [en Floride] n’ont pas trouvé le moindre mâle, donc uniquement des femelles, depuis quatre ans”, se désole-t-elle. Une première depuis l’ouverture du centre en 1986. Et il ne s’agit pas d’un cas isolé. Zirkelbach affirme qu’une étude australienne est parvenue aux mêmes conclusions, avec 99% de tortues de mer femelles.

© Ana Singh – Unsplash

Des espèces plus menacées que jamais

Le fameux seuil de déclin que les scientifiques redoutaient depuis des années semble donc atteint, et les spécialistes ont bien du mal à se montrer optimistes. “Sur les prochaines années, nous allons assister à un déclin très net de leur population parce qu’elles n’ont tout simplement plus la diversité génétique nécessaire”, avertit-elle. “Nous n’avons plus le rapport mâle/femelle nécessaire pour avoir des phases de reproduction productives.

De plus, ce problème de reproduction est loin d’être la seule menace qui pèse sur les tortues marines. Le braconnage, la destruction progressive de leurs habitats naturels et les ravages liés à leur capture accidentelle par les chalutiers exercent aussi une pression considérable sur ces espèces.

Une étude parue en août 2021 a aussi mis en évidence un “piège évolutif” qui pousse les tortues marines à ingurgiter de grandes quantités de plastique, avec toutes les conséquences que l’on peut imaginer (voir notre article). Autant dire que les tortues marines vont devoir lutter pour leur survie au cours des années à venir.

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Source : Reuters

1 commentaire
  1. Mon billet de la semaine de “Chose +” s’appelle “Le piège du climat”. (Taper Chose plus sur un moteur de recherche). Si donc vous voulez y jeter un coup d’œil pour compléter vos informations…

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