Pour reprendre le contrôle d’un véhicule autonome, il vaut mieux être une femme

Si une urgence nécessite de reprendre le contrôle manuel d’un véhicule autonome, il vaut mieux être une femme. L’université d’ingénierie de Newcastle a souhaité étudier les différences entre les hommes et les femmes concernant la reprise de contrôle d’un véhicule automatisé. Dans un long papier publié sur le site de la revue scientifique Nature, les chercheurs rappellent que les voitures automatisées sont susceptibles de réduire les accidents de la route ; les collisions et les encombrements ou encore de diminuer les émissions. Elles peuvent aussi favoriser l’inclusion sociale en améliorant la mobilité des personnes âgées ou en situation de handicap.

Les amateurs de voitures savent déjà sans doute qu’il existe différents niveaux de conduite autonome. On recense pas moins de six niveaux d’autonomie, allant du niveau 0 au niveau 5. Le premier degré signifie que la conductrice ou le conducteur reste maître de son véhicule et contrôle tout ; pouvant néanmoins être assisté par certaines options d’aide à la conduite. À l’inverse, le niveau 5 offre une automatisation complète dans toutes les situations possibles.

Les différents niveaux d’autonomie d’un véhicule

Entre les deux, on trouve des niveaux intermédiaires comme le niveau 3 qui offre une sorte de « semi-autonomie ». L’expérience de conduite change alors radicalement, permettant à la voiture d’effectuer certaines tâches seules. Le conducteur est alors autorisé à relâcher le volant, mais il doit être en mesure de reprendre la main à tout moment. Il doit donc garder une certaine attention sur ce qui se passe sur la route.

Tous les pays ne sont pas logés à la même enseigne sur cette question, en particulier en France. Dans l’Hexagone, seule l’autonomie de niveau 2 est officiellement autorisée et se rapproche d’une conduite assistée. La situation va toutefois changer et il sera très bientôt possible d’utiliser le niveau 3 de conduite d’autonome en France. Autorisée depuis le 14 juillet en Europe, l’utilisation d’un système de pilotage automatique sera possible à partir du 1^er septembre sur nos routes. Pour en savoir plus sur cette petite révolution, vous pouvez consulter cet article.

Les femmes ont un temps de réaction plus court…

Ce retour sur les différents niveaux de conduite autonome aide à mieux comprendre l’étude réalisée par les chercheurs de l’université de Newcastle. La question de la reprise de contrôle est un sujet important et on constate que le cadre reste très strict. Outre une volonté de reprendre le contrôle pour passer en conduite manuelle ; le système peut faire face à des situations qui dépassent ces compétences. C’est là que les conducteurs humains doivent intervenir et nos réflexes ne sont pas seulement liés à notre âge.

Le sexe du conducteur a une réelle influence sur la manière dont il va réagir. Des différences de comportements ont déjà été identifiées dans de nombreux accidents, comme l’expliquent les chercheurs. Les femmes et hommes ont aussi tendance à ne pas percevoir le risque de la même manière et ne présentent pas toujours le même niveau de confiance au volant. Si de nombreux facteurs ont déjà prouvé des différences de comportements ; peu de recherches se sont intéressées à la reprise de contrôle manuel d’un véhicule automatisé.

 … et un meilleur contrôle du véhicule que les hommes

Fort de ce constat, la faculté de Newcastle a souhaité rectifier le tir. Dans son étude, elle s’intéresse plus particulièrement à des conductrices et conducteurs de véhicules automatisés de niveau 3. Les chercheurs assurent avoir constaté des différences marquées entre les femmes et les hommes lorsqu’il s’agit de reprendre le contrôle manuel. « En général, les femmes affichent de meilleures performances de prise de contrôle que les hommes », peut-on lire en conclusion. Les femmes présentent un pourcentage plus faible de « prises de contrôles hâtives » et des « réactions significativement plus rapides » lorsque le système demande de reprendre la main. L’étude révèle aussi que les conductrices « ont fait preuve d’une stabilité beaucoup plus grande au volant » durant le processus de prise de contrôle manuel.

Pour les chercheurs, cette étude permet d’acquérir des connaissances utiles. Elle aide à mieux comprendre les différences entre les sexes dans la manière d’interagir avec un système de conduite de niveau 3. « Les résultats de cette étude soulignent également l’importance de prendre en compte le genre lors de la recherche et de la conception de véhicules automatisés », précise l’équipe de recherches. Elle balaye certains clichés sur les femmes au volant en démontrant « que les femmes sont capables d’utiliser et d’interagir avec des véhicules automatisés de niveau 3 mieux que les hommes ».

À noter que l’étude a toutefois ses limites. En effet, le niveau de performances des participants a été examiné à l’aide d’un simulateur de conduite. Dans des conditions réelles, d’autres facteurs peuvent entrer en jeu et modifier le comportement d’une conductrice ou d’un conducteur. Enfin, il y aurait des conséquences graves si les conducteurs n’étaient pas en mesure de reprendre le contrôle.

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