La NASA avait promis que la nouvelle coqueluche de l’astronomie mondiale mettrait littéralement des étoiles dans les yeux du public. Et depuis que le Président Joe Biden a dévoilé ses premières images le 12 juillet dernier, le James Webb Space Telescope ne s’arrête plus !
Il nous a déjà gratifiés de prises de vue somptueuses, avec notamment des clichés de galaxies scientifiquement inestimables et esthétiquement séduisants. On peut par exemple citer ses images Stephan’s Quintet, ou encore NGC 628 et 7496 qui ont été présentées plus récemment.
Le Webb repousse (encore) les limites d’Hubble
Il revient aujourd’hui avec une nouvelle image d’un autre objet parmi les plus photogéniques du cosmos. Voici ESO 350-40, plus connue sous le sobriquet “Roue de Chariot“, accompagnée de ses deux compagnes habituelles.
Cet objet est situé à environ 500 millions d’années-lumière de la Terre, dans la constellation du Sculpteur. Son apparence très régulière et son orientation idéale en font une cible de premier choix pour les astronomes et un régal pour les yeux. Mais la photographier n’est pas chose aisée.
Et pour cause : elle est enveloppée d’un épais voile de poussière qui a tendance à masquer la vue des télescopes. Même le vénérable Hubble, qui lui a déjà tiré le portrait à plusieurs reprises, a eu toutes les peines du monde à discerner les détails les plus intéressants ; les photos étaient déjà fabuleuses, mais encore loin d’être satisfaisantes sur le plan scientifique.
Mais le James Webb, de son côté, n’a pas à s’embarrasser de cette contrainte ; son « œil » perçant qui observe dans l’infrarouge (Hubble opère dans le visible et l’ultraviolet) lui permet de voir à travers la poussière. Comme souvent ces dernières semaines, il n’a donc eu aucun mal à capturer les images les plus précises de cette galaxie à ce jour.
La conséquence d’un grand carambolage cosmique
On y retrouve ce bel objet en forme de roue de chariot, comme son nom l’indique. Cette structure très particulière est due à une collision cataclysmique entre deux galaxies distinctes. L’onde de choc a conduit à l’apparition de deux anneaux quasiment concentriques, « un peu comme les ondulations d’un étang dans lequel on jette une pierre », selon la NASA.
Le premier, au centre, a été formé directement lors de l’impact. Il est extrêmement brillant, et pour cause : on y trouve une quantité immense de poussière surchauffée et de « grappes » d’étoiles relativement jeunes et surtout gigantesques.
Dans le second, le paysage est assez différent. Celui-ci ne cesse de s’étendre depuis près d’un demi-milliard d’années, et cette dynamique est à l’origine de nombreux phénomènes fascinants. Au fur et à mesure que son diamètre augmente, l’anneau capture de grandes quantités de gaz « frais » ; le substrat idéal pour créer de nouvelles étoiles. Cette zone est donc une véritable pouponnière stellaire ou des étoiles naissent à un rythme très élevé.
La Roue de Chariot comme la NASA ne l’a jamais vue
Et ces étoiles juvéniles, le JWST n’en a pas perdu une miette grâce à la précision invraisemblable de ses instruments. Sur la première image capturée à l’aide de la NIRCam (Near-Infrared Camera), les chercheurs ont pu distinguer de nombreux amas d’astres. Tous ces éléments étaient très largement hors de portée de Hubble.
Si la seconde image est aussi différente, c’est parce qu’elle a été réalisée à l’aide d’un autre outil. Ici, c’est le Mid-Infrared Instrument (MIRI) qui a été utilisé. Son objectif prioritaire n’est pas de repérer des étoiles ; il s’intéresse plutôt à la poussière qui y réside. Ses propriétés et sa distribution jouent en effet un rôle fondamental dans la dynamique de toute galaxie.
Ici, la NASA a pu déterminer que certaines régions étaient riches en hydrocarbures et en poussière de silice. Selon l’institution, ces matériaux sont majoritairement présents dans les anneaux et les « rayons » de la roue. Très vulgairement, on peut donc assimiler cette poussière au « squelette » de la galaxie.
L’autre information importante qui ressort des observations du Webb, c’est que la galaxie est apparemment dans une phase de transition. Les chercheurs estiment qu’il s’agissait d’une galaxie spiralée plutôt banale avant la fameuse collision, un peu comme notre Voie Lactée ; en revanche, ils ne savent pas encore comment cette transformation se terminera.
Et malheureusement, ni le James Webb ni l’humanité ne seront encore là pour assister à cette mue galactique; elle durera encore des dizaines de millions d’années. Mais d’ici là, toutes ces données fraîches permettront déjà aux chercheurs d’affiner leurs modèles. Ces observations regorgeaient en effet de détails intéressants sur les interactions entre galaxies ainsi que sur leur cycle de vie. Et de notre côté, il ne reste qu’à patienter sagement en attendant que le Webb revienne nous mettre des étoiles — ou même des galaxies entières — dans les yeux !
Les images en haute qualité sont disponibles sur le site de la NASA.
🟣 Pour ne manquer aucune news sur le Journal du Geek, abonnez-vous sur Google Actualités. Et si vous nous adorez, on a une newsletter tous les matins.