Comme le Bigfoot ou la Bête du Gévaudan, le fameux Monstre du Loch Ness — Nessie pour les intimes — fait toujours partie des créatures légendaires les plus célèbres du folklore populaire. Au cours des années, cette histoire est souvent revenue sur le devant de la scène suite à différents témoignages farfelus, quand ils n’étaient pas simplement montés de toute pièce.
Mais les travaux d’un groupe de chercheurs viennent peut-être de se rapprocher des origines du mythe… ou plutôt de la bête qui lui a prêté son visage dans l’imaginaire collectif.
Le plésiosaure, à jamais le visage de Nessie
Tout commence en 1823, lorsque la légende de la paléontologie Mary Anning est tombée sur un drôle de fossile. Elle a décrit un étrange reptile préhistorique doté d’une petite tête perchée sur un long cou. Anning a aussi documenté la présence de nageoires, ce qui ne laissait aucun doute quant au milieu de vie de la créature.
Cette découverte a fasciné ses contemporains et a grandement participé à sa renommée ; de nombreux observateurs y ont probablement vu les restes de l’un des monstres mythiques qui, selon le folklore local, sont censés rôder au fond des lochs écossais. Mais l’histoire a pris un nouveau tournant en 1933.
C’est à cette date que le journal local Inverness Courier a relaté le témoignage d’un couple convaincu d’avoir vu une immense bête émerger du Loch Ness. L’information s’est répandue comme une traînée de poudre. Quelques jours plus tard, toute la presse britannique s’empressait de dépêcher une armée de reporters sur le terrain ; la légende du « Monstre du Loch Ness » était née.
Pour donner corps à cette histoire qui a fasciné son époque, il fallait bien donner un visage à Nessie. Et sur la base du témoignage original, c’est le plésiosaure décrit par Anning qui en est devenu l’incarnation ; il a largement inspiré la façon dont l’imaginaire collectif se représente Nessie.
Eau de mer, ou eau douce ?
Pendant des décennies, des amateurs et des scientifiques professionnels ont tenté de retrouver la trace de la bête dans l’espoir de confirmer qu’il s’agissait bien d’un plésiosaure ; jusqu’à preuve du contraire, ils ont tous fait chou blanc. Et plus récemment, de nouveaux éléments sont venus remettre cette théorie en question ; aujourd’hui, les paléontologues considèrent que ces reptiles étaient des animaux strictement marins. Une information qui semblait enfoncer le dernier clou dans le cercueil de cette hypothèse.
Ou du moins, c’était le cas jusqu’à ce que des chercheurs anglais et marocains réalisent une découverte exceptionnelle. Dans le lit d’une ancienne rivière qui coulait il y a plus de 100 millions d’années, ils ont retrouvé tout un tas de fossiles de plésiosaures.
Ils n’ont pas trouvé de squelette complet et donc particulièrement photogénique. En revanche, ils ont déniché de nombreux fossiles qui appartenaient à une douzaine d’individus différents. Dommage pour le grand public, mais il ne s’agit aucunement d’une déception pour les spécialistes ; pour eux, il s’agit même d’une véritable mine d’or.
« Ces os isolés nous apprennent énormément de choses sur les anciens écosystèmes et les animaux qui y vivaient », explique Nick Longrich, l’un des auteurs de l’étude. « Ils sont beaucoup plus communs que les squelettes, et surtout, ils nous donnent plus d’informations avec lesquelles nous pouvons travailler », précise-t-il.
Ce n’est pas la première fois que des éléments de ce type sont retrouvés dans d’anciennes étendues d’eau douce. En 2013, le Scientific American relatait déjà une découverte similaire – et en Angleterre, qui plus est. Mais il faut davantage de preuves pour espérer parvenir à une conclusion claire. Après tout, si des cachalots peuvent se retrouver pris au piège dans l’estuaire de la Tamise, on peut tout à fait imaginer qu’un plésiosaure aurait simplement pu remonter un cours d’eau par erreur avant d’y mourir !
Mais ici, avec une douzaine d’individus retrouvés au même endroit, cette interprétation semble beaucoup moins satisfaisante. Et il reste encore un argument massue qui réside dans un type de fossile particulier : les dents.
Les chercheurs en ont retrouvé beaucoup. Et contrairement aux os, cela ne signifie pas forcément que l’animal est nécessairement mort à cet endroit. Ils ont même pu déterminer avec certitude que certaines de ces dents appartenaient à des animaux encore bien vivants. Ils ont aussi constaté que ces dents étaient usées de la même façon.
La conclusion définitive attendra encore
Tout cela suggère que ces plésiosaures auraient partagé un même habitat en eau douce sur une longue période ; en tout cas, ces indices rendent la piste d’un égarement accidentel bien moins crédible. Mais ils ne permettent pas non plus de l’écarter entièrement. Car au bout du compte, ces éléments ne sont pas encore assez concluants pour affirmer que les plésiosaures vivaient bien en eau douce.
« Nous ne savons pas vraiment, pour être honnêtes. C’est comme ça que la paléontologie fonctionne », explique Georgina Bunker, autrice principale de l’étude. « Tout ce qu’on peut faire, c’est proposer des suppositions éclairées sur la base des informations à notre disposition. Nous trouverons d’autres fossiles. Peut-être qu’ils confirmeront ces suppositions… ou peut-être pas. »
En tout cas, il y a une conclusion qui semble bien plus claire dans ces travaux ; tout indique que les derniers fossiles de plésiosaures remontent à l’extinction des dinosaures, il y a plus de 65 millions d’années. Autant dire que si le fameux couple de 1933 a bien vu Nessy dans ce lac, il ne s’agissait probablement pas de cet animal…
Le papier de recherche est disponible ici, et le communiqué de l’Université de Bath là. Ceux qui souhaitent avoir tous les détails pourront aussi parcourir le blog du chercheur Nick Longrich qui a écrit un article fascinant et très complet sur le sujet.
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De toute façon le Loch Ness à un passage secret vers la mer en haut à droite ! Donc Ils ne sont pas près de trouver Nessie !
Et il ne faudrait pas prendre des Nessies pour des lanternes ! 😉