Des biologistes marins ont récemment fait une rencontre qui les a laissés aussi perplexes qu’enthousiastes. À bord d’un submersible de l’Ocean Exploration Trust, une ONG consacrée à l’exploration des étendues d’eau les plus profondes du globe, ils ont croisé la route d’une créature excessivement étrange dans les tréfonds de l’océan Pacifique.
“De temps en temps, nous tombons sur quelque chose que l’on ne s’attendait pas du tout à voir”, explique Steve Auscavitch, directeur de l’expédition dans une interview à LiveScience. “Et souvent, ce sont les observations les plus marquantes”, s’enthousiasme-t-il.
La bête en question semble tout droit sortie d’une œuvre de fiction lovecraftienne; elle prend la forme d’un long tentacule d’environ deux mètres de long, surmonté d’une drôle de “tête” elle-même parsemée d’appendices crochus. Ils ont même réussi à capturer quelques superbes images de ce bestiau aux allures de demogorgons.
Une toute nouvelle espèce de cnidaire ?
Mais l’identité réelle de cette découverte, qualifiée de “fascinante” par les chercheurs, demeure bien mystérieuse. Ils ont toutefois écarté la piste de l’Upside Down pour se concentrer sur des éléments plus concrets. Selon eux, il pourrait s’agir d’un spécimen de Solumbellula monocephalus. Cette espèce fait partie des cnidaires, et il s’agit donc d’un lointain cousin des méduses, des anémones ou encore des coraux.
Le souci, c’est que ces animaux n’ont jamais été repérés dans cette zone; en fait, personne n’a encore observé de Solumbellula monocephalus dans toute l’immensité de l’océan Pacifique. Il s’agit bien évidemment d’une niche écologique immense; il est tout à fait possible que cette espèce y soit passée inaperçue jusqu’à présent.
Mais pour les chercheurs, une autre lecture de la situation est possible. Puisque leur présence n’a été documentée que dans les océans Indiens et Atlantiques jusqu’à présent, on ne peut pas exclure la possibilité qu’il s’agisse d’une toute nouvelle espèce.
Les profondeurs océaniques, un terrain de jeu unique pour la recherche
Il s’agit d’une hypothèse très excitante pour les chercheurs. En effet, les profondeurs des océans font partie des écosystèmes les moins bien connus. Les raisons de ce mystère sont assez évidentes; c’est un territoire immensément vaste et par définition très difficile d’accès. À l’heure actuelle, seuls cinq à dix pourcents du volume des océans a été exploré.
Pour y parvenir, il faut déployer une logistique conséquente pour mettre en place ces expéditions qui sont souvent très chères. Lorsque l’une d’entre elles fait mouche, c’est donc une excellente nouvelle. En effet, ces océanologues sont aussi mal lotis que leurs collègues qui travaillent sur les organismes extraterrestres ou extrémophiles, par exemple; les données de première main restent relativement rares.
Chacune de ces contributions pèse donc relativement lourd, puisque les chercheurs qui étudient ces espaces ont très peu de matériel à se mettre sous la dent par rapport à la majorité de leurs confrères. “Ça élargit vraiment notre horizon par rapport aux conditions de vie des animaux dans l’océan profond”, insiste Auscavitch.
Malheureusement, même ces superbes images ne permettent pas de tirer une conclusion claire sur l’identité de ce spécimen. Pour savoir s’il s’agit effectivement de Solumbellula monocephalus ou d’une toute nouvelle espèce, il faudra procéder à des analyses plus poussées.
Mais quelle que soit la conclusion, elle sera très intéressante pour les chercheurs. Si c’est effectivement une nouvelle espèce, ils pourront alors documenter ses éventuelles particularités. Et s’il s’agit finalement de Solumbellula monocephalus, la question sera de savoir comment une même espèce peut occuper des niches.
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