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ISS : la Russie confirme son intention de quitter la station après 2024

Les tenants et les aboutissants de ce départ annoncé restent encore extrêmement flous.

[Mise à jour 28/07/22 – 11h30]

Pendant son mandat à la tête de Roscosmos, l’agence spatiale russe, l’ancien directeur Dmitry Rogozine n’a eu de cesse de clamer son intention de mettre définitivement fin à la présence russe à bord de l’ISS. Ce dernier ayant récemment été remercié par Poutine, c’est désormais son successeur Iouri Borissov qui a repris la main sur ce dossier, et il vient d’officialiser le retrait de l’ISS à l’horizon 2024.

« La décision de quitter la station après 2024 a été prise », a affirmé le nouveau dirigeant selon l’Associated Press. Une petite phrase un tantinet ambiguë qui, techniquement, devrait enfoncer le dernier clou dans le cercueil de la coopération russe à bord de la station… mais la réalité sera probablement plus nuancée.

Comme mentionné ci-dessus, Borissov vient tout juste de prendre ses fonctions. Il doit donc marquer le coup avec quelques décisions fortes, et c’est probablement ce qu’il a cherché à faire en officialisant cette menace régulièrement brandie par son prédécesseur.

Il faut aussi préciser que pour l’instant, Roscosmos ne semble pas avoir directement communiqué cette information à ses partenaires de la NASA, de l’ESA et de la JAXA. C’est en tout cas ce qu’explique Bill Nelson, administrateur de l’agence américaine.

« La NASA n’a pas été avertie d’une quelconque décision de ses partenaires », affirme-t-il dans un communiqué cité par Space.com. Pour l’instant, le statu quo est donc maintenu. « Nous continuons à travailler pour assurer notre présence majeure dans l’orbite terrestre basse », précise-t-il.

Iouri Borissov, successeur de Dmitryi Rogozine, ne semble pas avoir prévu de faire machine arrière sur le retrait de l’ISS. © Lenta.ru

Bluff politique ou sécession définitive ?

D’ailleurs, plusieurs observateurs se montrent plutôt sceptiques par rapport à cette annonce. C’est notamment le cas de Scott Kelly, l’un des astronautes les plus expérimentés de la NASA. « Je pense que les Russes essaieront de rester aussi longtemps que possible », explique-t-il sur Twitter. Il estime en tout cas que Poutine aurait tout intérêt à poursuivre cette coopération. « Cela donnerait de la crédibilité domestique et internationale », précise-t-il.

https://twitter.com/StationCDRKelly/status/1551959771007184901?ref_src=twsrc%5Etfw%7Ctwcamp%5Etweetembed%7Ctwterm%5E1551959771007184901%7Ctwgr%5E%7Ctwcon%5Es1_&ref_url=https%3A%2F%2Fwww.space.com%2Frussia-leaving-international-space-station-2024

En tout cas, qu’il s’agisse ou non d’un coup de bluff, tous les partenaires vont devoir commencer à préparer cette échéance, car cette transition ne sera pas évidente ; rappelons que la station est divisée en plusieurs segments interdépendants, et que les modules russes sont indispensables à son fonctionnement.

Le départ des cosmonautes commencera donc par poser donc tout un tas de questions logistiques fondamentales. Cela concerne par exemple le maintien de l’altitude de la station, qui reste encore une prérogative russe à l’heure actuelle. Le sulfureux Rogozine ne s’était d’ailleurs pas privé pour le rappeler à travers quelques provocations outrancières dont il a le secret, en insinuant que la station serait condamnée à s’écraser sans l’expertise des Russes.

Une prise de position évidemment assez éloignée de la réalité, comme souvent avec l’ancien patron de Roscosmos. En revanche, cette saillie avait tout de même le mérite de rappeler l’ampleur des changements qui surviendront à bord de l’ISS après le retrait de Roscosmos.

Dans l’absolu, il n’est pas non plus exclu que Borissov suive simplement la ligne du Kremlin ; il pourrait s’agir d’une annonce avant tout politique et symbolique en réponse aux sanctions décidées contre la Russie suite à son invasion de l’Ukraine.

Au bout du compte, on peut au moins se satisfaire du fait que le nouveau patron de Roscosmos ne soit pas aussi porté sur l’invective et l’outrance que son prédécesseur. Mais quoi qu’il en soit, cette décision reste une triste nouvelle pour la coopération scientifique internationale, encore une fois sacrifiée sur l’autel de la guerre.

Ce qui est sûr, c’est que les jours de l’ISS telle qu’on la connaît sont comptés. Le timing, en revanche, reste encore très mystérieux; Reuters a par exemple relayé les propos d’un autre officiel russe qui affirme que Roscosmos ne quittera pas l’ISS avant que sa propre station ROSS soit opérationnelle, soit à l’horizon 2028.

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