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Cette hypothèse sur l’écroulement des Mayas est aussi un avertissement

La civilisation Maya a bien failli disparaître à cause d’une sécheresse, et il y a des leçons à en tirer.

Les Mayas occupent une place toute particulière dans l’imaginaire collectif. On se souvient par exemple de cet imbroglio remarquable autour d’une prétendue « apocalypse » censée survenir en 2012. Au-delà de ces fantaisies, une nouvelle étude tout aussi peu réjouissante, mais cette fois tout à fait sérieuse formule une nouvelle hypothèse sur les facteurs qui ont failli précipiter la chute de cette civilisation… et elle comporte une bonne leçon pour les humains du XXIe siècle.

Il n’existe encore aucun consensus scientifique sur la cause exacte du déclin de cet empire. Mais un groupe d’anthropologues de l’Université de Californie à Santa Barbara semble avoir défriché une hypothèse intéressante. Selon eux, les, Mayas auraient fait les frais d’une terrible sécheresse qui a eu de nombreuses conséquences directes, mais aussi indirectes.

La première, c’est évidemment le manque de nourriture. Incapable de cultiver ces terres rendues stériles par le manque d’eau, le peuple Maya a donc commencé à se disputer les rares parcelles encore viables. Et d’après les auteurs, c’est là que résiderait l’origine du mal.

La météo, la nourriture et la guerre

En croisant leurs modélisations avec les travaux de précédents chercheurs, ils ont constaté quelques phénomènes qui pointent en tout cas dans cette direction. Par exemple, l’intensification de cette sécheresse correspond étonnamment bien à l’augmentation progressive des blessures traumatiques que les spécialistes ont constatées sur les squelettes des Mayas.

Selon eux, il s’agit d’une preuve parmi d’autres qui suggère une augmentation des conflits à l’époque. « De nombreuses sources de données indiquent que les conflits civils ont augmenté de façon significative », expliquent-ils.

© Free-Photos – Pixabay

Plus la pression montait autour de l’approvisionnement en nourriture, plus les tensions au sein de la population faisaient de même. Après quelque temps, ces frictions auraient commencé à tourner à la guerre civile ; le début d’une spirale infernale qui conduit cette illustre civilisation au bord du précipice.

« Cette sécheresse prolongée a conduit à une escalade des tensions entre factions rivales », expliquent les chercheurs. Cette interprétation est renforcée par le fait que le phénomène inverse se vérifie également ; tous les signes de conflits étudiés par les chercheurs étaient beaucoup plus rares lors des périodes très pluvieuses.

L’argument massue des chercheurs, c’est que la chronologie de tous ces éléments correspond parfaitement à un événement qui a déjà été largement documenté par de nombreux archéologues : l’effondrement institutionnel de Mayapan, la capitale culturelle et politique de l’ancien empire Maya.

Symbole fort de cet épilogue sanglant : un charnier suspecté d’héberger les dépouilles des Cocoms, responsables politiques au sein de l’empire Maya. Ils auraient été exécutés à la hâte par la population excédée juste avant que la ville ne soit définitivement abandonnée.

Une bonne leçon pour les humains d’aujourd’hui

L’histoire de ce peuple ne s’arrête cependant pas là. Les Mayas ont fini par fonder de nouvelles colonies prospères et politiquement indépendantes. Du moins, jusqu’à ce qu’un certain explorateur vienne jouer les trouble-fêtes. À notre époque, il reste encore quelques millions d’individus qui descendent directement de cette génération.

Mais pour les chercheurs, une autre lecture de ces éléments est aussi possible. Il reste un point très intéressant à aborder; ils ont dressé un parallèle intéressant entre le drame qui a touché les Mayas et la crise climatique actuelle. La problématique de fond n’est pas tout à fait la même puisque ce peuple ancien n’a bien évidemment pas bouleversé la dynamique climatique comme l’Homme moderne. Mais il existe tout de même plusieurs points de comparaison.

Ce n’est un secret pour personne : le réchauffement climatique moderne met une pression considérable sur l’humanité. Entre la montée des eaux, celle des températures moyennes et tous les autres phénomènes associés, notre planète commence tout doucement à devenir de plus en plus inhospitalière.

Et comme chez les Mayas de l’époque, on constate aussi une augmentation des tensions à l’échelle de la planète. Il va donc falloir s’assurer de gérer ces frictions le mieux possible pour qu’elles ne produisent pas trop d’étincelles ; dans le cas contraire, la crise climatique pourrait rapidement se transformer en un immense incendie politique suite au manque de nourriture, à la perte des espaces rognés par la montée des eaux, et ainsi de suite.

L’histoire des Mayas nous montre qu’une civilisation est capable de se remettre d’un tel effondrement. Mais il s’agit d’un exemple difficilement transposable à l’échelle de la planète entière. Surtout dans le contexte actuel où les rapports de force sont très différents et beaucoup plus complexes.

Une piqûre de rappel supplémentaire dont les décideurs politiques semblent avoir grand besoin ; il n’y a donc plus qu’à espérer un changement de trajectoire radical dans un futur proche… à moins qu’ils comptent sur des extraterrestres pour « résoudre » le problème, comme les colons l’ont fait avec d’autres civilisations locales à l’époque.

Le texte de l’étude est disponible ici.

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2 commentaires
  1. mode troll ON : mais comment croire que le climat créé par Dieu puisse être altéré par l’homme?” mode troll OFF
    Ce n’est pas de moi mais d’un sénateur américain conservateur républicain du milieu évangéliste 🙂
    Chez nous ils sont aussi cons qu’aux US, mais au moins, personne n’osera sortir ça à l’assemblée, enfin, j’espère.

  2. L’ironie c’est que ce très bon article est sourcé par Nature. Une revue scientifique de premier plan aux USA et dans le monde.
    Comme quoi les paradoxes sont fréquents quand la politique se mêle des sujets scientifiques.

Les commentaires sont fermés.

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