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Aux Etats-Unis, les Skittles accusés d’être impropres à la consommation

Un recours collectif vise désormais le groupe Mars au sujet d’un additif controversé qu’il avait promis de retirer des Skittles.

Les Skittles, ces petites dragées bariolées vendues par le groupe Mars, sont dans la tourmente aux États-Unis. D’après le Washington Post, des citoyens américains aurait récemment lancé une croisade judiciaire contre l’entreprise en organisant une « class action », ou action collective en français — une procédure qui permet à un grand groupe de victimes de mettre une entreprise ou institution puissante face à ses responsabilités.

Au pays de l’Oncle Sam, lorsqu’on mange un Skittle, on ne goûte pas seulement l’arc-en-ciel… mais aussi le dioxyde de titane, plus connu sous le nom d’E171. C’est une nanoparticule longtemps utilisée comme additif alimentaire, en particulier dans diverses confiseries ; elle permet de blanchir le produit et d’en augmenter la brillance.

Le problème, c’est qu’elle est aussi considérée comme potentiellement toxique, cancérigène et génotoxique par certains chercheurs qui ont mené des travaux sur des rats. Et il est malheureusement difficile de dire dans quelle mesure ces phénomènes sont transposables à l’homme.

Pour cette raison, plusieurs pays, dont la France, ont choisi de faire jouer le principe de précaution ; le gouvernement a estimé qu’il valait mieux l’interdire « en raison des incertitudes sur son innocuité ». C’est officiellement le cas depuis 2020, et cette interdiction a commencé à entrer en vigueur en début d’année ; dès août prochain, les entreprises devront entièrement cesser la vente de produits contenant de l’E171.

Le dioxyde de titane, l’additif de la discorde

L’Oncle Sam, en revanche, a une conception très différente du principe de précaution ; de l’autre côté de l’Atlantique, cet additif reste parfaitement légal. L’entreprise s’est cependant défendue de toute tentative de dissimulation. Dans le Washington Post, elle explique que les Skittles sont conformes à la réglementation de l’agence fédérale en charge des normes alimentaires (FDA). Celle-ci exige que l’E171 représente moins de 1 % du poids sec.

Le dioxyde de titane, ou E171, permet de blanchir et de faire briller des aliments. © EFSA

Les plaignants, en revanche, considèrent que l’entreprise aurait échoué à avertir ses consommateurs de la présence de ce composé dont ils affirment qu’il est « impropre à la consommation ». Selon eux, cela constituerait une forme de fraude.

La firme était consciente des doutes émis quant au dioxyde de titane. Dès 2016, elle l’avait d’ailleurs placé sur une liste de composés chimiques qui auraient progressivement dû être retirés de la recette en 5 ans. Un engagement qui pourrait coûter très cher à l’entreprise.

Le diable est dans les détails

Car à la seconde où le compteur est passé dans sa sixième année, les plaignants se sont immédiatement rués sur le dossier en affirmant que Mars n’avait pas respecté ses engagements. « Plus de six ans après, la Défense continue de vendre des produits avec du dioxyde de titane à l’insu des consommateurs qui achètent les produits », cite le Washington Post.

Pourtant, la présence de ce composé est documentée dans la liste des ingrédients. Mais aux États-Unis, ces listes ne sont pas réglementées de la même façon qu’en Europe et peuvent parfois être moins évidentes. Selon les plaignants, cette mention serait ici bien trop discrète pour être considérée comme un avertissement digne de ce nom.

« La Défense se repose sur la liste des ingrédients qui est proposée dans une police minuscule à l’arrière du produit, et sa lecture est rendue encore plus difficile par le manque du contraste », expliquent-ils dans la plainte citée par le Washington Post.

Il est important de rappeler qu’aux États-Unis, de nombreuses entreprises font souvent face à ce genre d’accusations. Elles sont parfois entièrement légitimes, et ces procès en « class action » permettent alors à de nombreux consommateurs floués d’obtenir réparation.

Mais il y a aussi des exemples où des consommateurs ont simplement identifié une surface d’attaque qu’ils ont choisi d’exploiter en faisant un forcing juridique ; cela permet parfois d’obtenir une grosse somme d’argent sur la base d’une petite incohérence, qu’elle soit significative ou non.

Des interprétations variées du principe de précaution

À cause de cette ambiguïté, il convient de rester prudent sur les motifs et les implications de ce procès. Le dernier mot devra impérativement revenir à la science, si les chercheurs disposent un jour d’un recul suffisant sur cette question. Mais pour l’instant, il n’existe encore aucun consensus.

L’ European Food Safety Authority (EFSA) estimait « ne pas pouvoir exclure la génotoxicité » de l’E171, d’où l’interdiction temporaire par principe de précaution. Une formulation vague qui n’a pas convaincu l’équivalent britannique de la FDA, par exemple. Elle a décidé de ne pas suivre cet exemple, citant des conclusions encore trop bancales. ScienceAlert rappelle que d’autres pays comme l’Australie sont aussi en train de travailler sur la question pour décider d’une éventuelle interdiction.

Si l’avenir de cet additif s’inscrit en pointillés, il aura au moins permis de constater à nouveau les grosses différences culturelles qui existent d’un pays à l’autre au niveau du principe de précaution. L’avenir nous dira si l’Europe a eu raison de privilégier la prudence pragmatique, ou s’il n’y avait finalement pas de souci à se faire.

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3 commentaires
  1. Il faudrait commencer par demander le retrait du dioxyde de titane des médicaments (comme le paracétamol), bien plus consommé que les Skittles. C’est quand même un comble de commercialiser des médocs avec des cancérogènes dedans, juste parce que pour les gens si ils sont bien blanc s’est qu’ils sont plus efficaces !

Les commentaires sont fermés.

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