Lors du 208e rassemblement du Conseil de l’ Organisation européenne pour la recherche nucléaire (CERN), l’institution a pris la décision de ne pas renouveler l’accord de coopération qui le lie au gouvernement russe. La collaboration du laboratoire avec le Kremlin prendra donc fin dans un peu plus de deux ans.
Cette décision est une nouvelle réaction directe à l’invasion de l’Ukraine par la Russie, que les hautes instances du CERN dénoncent avec vigueur depuis plusieurs mois. En mars dernier, l’institution avait déjà annoncé dans un communiqué qu’elle ne lancerait aucun nouveau projet en collaboration avec la Russie avant la fin de la crise.
Pour rappel, le CERN est le fruit d’une collaboration à l’échelle européenne. Elle rassemble 23 pays qui se sont unis pour pousser la physique des particules dans ses retranchements. Ces travaux de premier plan ont conduit à des trouvailles spectaculaires, dont la plus célèbre est certainement la découverte du boson de Higgs en 2012.
Un accord habituellement tacite remis en question par la guerre
Mais les pays membres ne sont pas les seuls à travailler avec le CERN. L’institution collabore aussi avec des pays non européens comme la Russie dans le cadre d’accords de coopération internationaux. En règle générale, ces accords sont renouvelés de façon tacite et plus ou moins automatique. Mais cette fois, le CERN a émis un avis de résiliation. La coopération avec la Russie prendra donc fin au terme de l’accord actuellement en vigueur, qui court jusqu’en décembre 2024.
“Le CERN a été fondé après la Seconde Guerre mondiale pour réunir les nations à la recherche d’une science pacifique”, explique le communiqué. “Les États membres rappellent que les valeurs de l’organisation ont toujours été basées sur la collaboration scientifique en tant que moteur de la paix, et insistent sur le fait que l’agression d’un pays par un autre va à l’encontre de ces valeurs”.
La fin de plusieurs décennies de collaboration productive
Encore une fois, le progrès scientifique se retrouve donc sacrifié sur l’autel de la guerre. La fin de cette collaboration après plusieurs décennies d’efforts communs est d’autant plus regrettable que le contingent russe dispose d’une expertise reconnue en physique fondamentale.
“Une vigoureuse collaboration scientifique et technologique existe entre le CERN et l’ancienne Union soviétique depuis près de trente ans. […] Les instituts de recherche et physiciens russes contribuent amplement à de nombreuses expériences du CERN”, peut-on lire dans le texte original de l’accord qui date de 1993.
Le timing est lui aussi regrettable. La fin de cette collaboration surviendra en effet en plein milieu de la troisième grande série d’expérimentations du Large Hadron Collider (LHC), le célèbre accélérateur de particules qui a permis de détecter le fameux Boson de Higgs.
Pendant quatre ans, la version mise à jour de ce bijou d’ingénierie va torturer le modèle standard de la physique fondamentale à la recherche des secrets des particules élémentaires. Mais il devra donc se passer des contributions russes pendant la seconde moitié de cette période importante. Il ne reste désormais plus qu’à espérer que cette collaboration reprendra une fois la poussière retombée.
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Rendez vous les russes, vous êtes CERNé ! 😉