Des chercheurs du College of Science australien viennent de mettre la main sur une curiosité cosmique aux proportions folles; ils ont déniché un immense trou noir dont la masse a été estimée à environ trois milliards de Soleils… et il grandit encore.
Ce simple constat suffit déjà à en faire un objet très particulier. En effet, la majorité des trous noirs de ce calibre ont cessé de grandir depuis plusieurs milliards d’années déjà. Mais celui-ci ne semble pas vouloir s’arrêter d’enfler. Les astronomes estiment qu’il est environ 500 fois plus gros que Sagittarius A*, le trou noir supermassif qui structure la Voie lactée dont la première image nous est parvenue récemment (voir notre article).
Pour resituer ce chiffre dans ce contexte, cela signifie que l’intégralité du système solaire pourrait parfaitement tenir dans l’horizon du trou noir, cette petite zone obscure au centre de la singularité dont rien ne peut s’échapper.
Un trou noir exceptionnellement vorace
Et comme on pouvait s’y attendre, ce mastodonte fait étalage d’une gloutonnerie encore jamais vue à cette échelle. C’est même la toute première fois que des astronomes découvrent un trou noir qui grandit à une vitesse aussi spectaculaire; ils expliquent qu’il ingurgite l’équivalent d’une planète Terre… chaque seconde.
Ce régime gargantuesque a conduit à sa transformation en qasar, une sous-catégorie un peu particulière de trou noir. Ces objets sont extrêmement lumineux qui se comportent comme de véritables phares cosmiques pour les astronomes.
L’intensité du rayonnement émis est directement liée à la quantité de matière qu’ils ingurgitent. et comme on pouvait s’y attendre avec un glouton de cette catégorie, le feu d’artifice est à la hauteur de son appétit. Avec une magnitude de 14,5, c’est tout simplement le quasar le plus lumineux à avoir été repéré sur les 9 derniers milliards d’années. Il est même si lumineux qu’un amateur peut l’observer, à condition de le faire dans de bonnes conditions et avec un télescope de qualité.
Le rejeton d’un “événement catastrophique” ?
Cet écart significatif avec le reste des trous noirs observés suggère l’existence d’un autre phénomène externe qui serait responsable de la différence. Pour les chercheurs, tout l’enjeu est donc de l’identifier. “Nous voulons savoir pourquoi ce trou noir est si différent; un événement catastrophique serait-il survenu ?” suggère Christopher Onken, l’un des chercheurs affiliés à l’étude, dans un communiqué.
Avec son équipe, il a d’ailleurs déjà formulé quelques débuts de pistes. “Peut-être que deux galaxies sont entrées en collision, ce qui aurait pu “nourrir” le trou noir en mettant beaucoup de matériel à sa disposition”, explique Onken.
En attendant de nouveaux éléments, le mystère reste entier. Mais cette découverte constitue une belle opportunité qui permettra sans aucun doute de progresser sur cette question. Et il vaudrait mieux que ça soit le cas, car les chances de trouver un meilleur candidat à l’observation sont extrêmement minces.
Cela revient à chercher une aiguille dans une immense botte de foin à l’échelle du cosmos. Et même si “les astronomes ont chassé des objets de ce genre depuis plus de 50 ans”, dixit Onken, les candidats ne se sont pas bousculés au portillon. Cette découverte tombe donc à pic, car les astronomes commençaient à ne plus savoir où donner de la tête.
“Nous sommes plus ou moins arrivés à court de portions de ciel où des objets de ce genre pourraient se cacher”, explique Christian Wolf, membre de l’équipe de recherche. “Nous sommes assez confiants dans le fait que ce record ne sera pas battu”, affirme-t-il en référence à son appétit et à sa luminosité exceptionnelle.
Le papier de recherche est disponible ici.
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