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LUMI : voici le nouveau roi des supercalculateurs européens !

Il devient le supercalculateur le plus puissant d’Europe et le troisième plus puissant au monde… avec un bilan carbone négatif ?

Le consortium EuroHPC Joint Undertaking, un consortium de 10 pays européens spécialisé dans l’informatique haute performance (HPC), vient d’annoncer l’entrée en scène de son nouveau supercalculateur; l’heure est venue de réviser ses courbettes devant LUMI, le nouveau roi de cette discipline sur le Vieux Continent !

Son arrivée représente un sacré changement dans l’écosystème européen. Jusqu’à présent, c’était Adastra, le supercalculateur du GENCI – CINES français qui avait droit à cette couronne. Mais malgré ses excellentes performances, ce monstre qui cumule plus de 300.000 sous-unités de traitement ne pouvait tout simplement pas rivaliser avec les titans du haut du classement.

Pour rappel, ces tests raisonnent en termes de flops (Floating Point Operations Per Second). C’est unité de mesure qui permet de quantifier le nombre d’opérations qu’un système est capable de réaliser en une seconde.

Sur le benchmark High Performance Linpack, qui fait office de référence dans ce domaine, Adastra était capable de fonctionner à 46 PFlops de moyenne, soit 46 millions de milliards d’opérations par seconde. Un score qui en faisait jusque là le 9e supercalculateur au monde en termes de puissance brute. Mais avec LUMI, l’Europe passe dans une autre dimension.

Le nouveau champion européen de l’HPC

Comme beaucoup de supercalculateurs en ce moment, cet engin assemblé par HP navigue entièrement sous pavillon AMD. Il se base sur des processeurs HPC de la gamme AMD EPYC qui fournissent chacun 64 coeurs.

Le versant GPU est géré par des Radeon Instinct, et le tout peut compter sur 32 TB (32.000 GB) de mémoire vive. Ce matériel lui permet d’atteindre les 151,90 PFlops; il devance le célèbre Summit d’IBM d’une courte tête. Il s’installe ainsi sur la troisième marche du podium mondial. Et il va même progresser, puisque son segment GPU n’est pas encore entièrement installé !

© Top500

En revanche, il fait encore pâle figure par rapport aux deux titans qui occupent les premières places du fameux Top500; ces modifications ne lui permettront malheureusement pas d’espérer grappiller la seconde place. En l’état, il demeure trois fois moins puissant que le Fugaku, le supercalculateur japonais qui a dominé la catégorie pendant deux ans. Il est aussi 7 fois moins puissant que Frontier, le nouveau maître incontesté de cette catégorie dont nous vous parlions récemment.

En revanche, LUMI a tout de même un argument de premier plan à faire valoir : ses performances énergétiques. On mesure cette donnée en GFlops/watt, c’est-à-dire le nombre d’opérations par seconde que la machine peut réaliser avec un budget énergétique d’un watt. Et à ce niveau-là, LUMI est tout simplement phénoménal.

Une machine moderne qui tient compte des enjeux écologiques

Jusqu’à présent, cette métrique était dominée par… Adastra (encore lui), avec un incroyable 50.028 Flops par watt. Il faisait figure d’exception, car plus on augmente la puissance brute, plus il est difficile de maintenir cette rentabilité sensationnelle. Adastra représentait donc un intermédiaire très impressionnant; c’était l’un des rares à figurer à la fois dans le top 500 qui raisonne en termes de puissance brute, et aussi dans le Green500 qui les classe selon leur efficacité énergétique.

Or, LUMI fait encore mieux avec 51.629 Flops par watt, alors qu’il est trois fois plus puissant que le supercalculateur français ! Il réussit donc l’exploit d’arriver en 3e position sur les deux classements à la fois; depuis une décennie, seul Adastra (9e et 3e) et l’incomparable Frontier (largement 1er sur les deux critères) ont réussi à se placer dans le top 10.

Il consomme donc très peu d’énergie malgré sa puissance. De plus, 100% de l’électricité nécessaire est issue d’une filière renouvelable, à savoir une centrale hydroélectrique. Et la cerise sur le gâteau, c’est que la chaleur produite sera réinjectée dans le réseau géothermique de la ville finlandaise de Kajaani, où il est basé ! D’après ses concepteurs, il s’agit donc du tout premier supercalculateur d’élite avec une empreinte carbone globale techniquement négative – même si ce terme doit être pris avec des pincettes.

C’est donc une excellente nouvelle pour toute la communauté scientifique européenne; les chercheurs peuvent dès à présent réserver du temps d’exploitation pour mettre ce nouveau jouet high-tech au service de progrès concrets.

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