Elyze : pourquoi l’app est accusée d’avoir manipulé les élections présidentielles ?

Quel rôle jouent les plateformes de divertissement dans la politique nationale ? La question mérite d’être posée, à l’heure où les élus sont de plus en plus nombreux à mettre en scène leur engagement sur leurs réseaux sociaux. Il y a déjà quelques années, les émissions Au Tableau et Ambition Intime étaient déjà pointées du doigt pour leur “starification” de certaines personnalités publiques. Depuis l’évènement de TikTok, la majorité des politiques optent désormais pour une communication directe, “sans filtre“, et destinée à toucher un public jeune plus sensible aux codes des réseaux sociaux qu’aux tracts distribués sur les marchés.

Quand la politique se mêle au divertissement, il est parfois compliqué de distinguer le passe-temps du militantisme politique. Il y a quelques mois, la vidéo de McFly et Carlito mettant en scène un concours d’anecdotes entre les deux créateurs de contenu et le Président candidat Emmanuel Macron avait déjà fait des émules. Beaucoup de détracteurs accusaient le service communication de l’Élysée d’avoir mené une opération séduction d’ampleur auprès des jeunes, et les nombreux commentaires sous la vidéo tendaient à leur donner raison.

L’app Elyze a-t-elle manipulé l’opinion publique ?

En début d’année, alors que les élections présidentielles battaient leur plein, une application a connu un énorme succès auprès des jeunes électeurs. Présentée comme un Tinder politique, Elyze empruntait les codes des sites de rencontres pour swiper à droite ou à gauche en fonction de nos affinités avec certaines propositions. Après avoir répondu à quelques dizaines de questions, il était alors possible de découvrir son match présidentiel, soit le ou la candidate avec lequel l’internaute possédait le plus d’affinités politiques.

Rapidement, des questions de sécurité concernant les données personnelles des internautes s’étaient posées. La CNIL avait même ouvert une enquête afin de déterminer si ou ou non, l’application était en conformité avec la réglementation française et européenne à propos des données qu’elle hébergeait.

Plus dérangeant encore, plusieurs internautes ont soulevé le fait qu’à réponses égales avec un concurrent, le profil d’Emmanuel Macron ressortait systématiquement en tête de liste. Selon les cofondateurs de l’application, Elyze n’avait pourtant “aucun contact avec LREM ni avec aucun autre parti politique au moment de la conception de l’application, laquelle a toujours veillé à respecter une stricte neutralité partisane”.

À l’époque, ce favoritisme avait été justifié par un souci purement technique rapportent nos confrères du Parisien : en cas d’égalité, JavaScript classerait les candidats par ordre d’ajout dans la base de données. Emmanuel Macron ayant été entré en premier, il apparaissait donc systématiquement en tête de liste. Dénoncé par l’opposition, le problème avait finalement été résolu à travers une mise à jour.

Le cofondateur d’Elyze rejoint l’Élysée

Malgré l’assurance d’un projet apolitique ne favorisant aucun candidat, les critiques autour de l’application Elyze se sont ravivées cette semaine. L’un des cofondateurs de l’application Grégoire Cazcarra vient en effet d’être nommé au cabinet de la porte-parole du gouvernement, Olivia Grégoire. Il continue cependant de démentir une quelconque appartenance politique pour Elyze, qui n’avait pour vocation que d’inciter les plus jeunes à prendre part au débat politique promet-il. Depuis sa prise de fonction, l’ancien candidat sur la liste du député MoDem Fabien Lainé dans les Landes a quitté le projet ainsi que l’ensemble de ses autres engagements associatifs.

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