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Derrière Perseverance, une nouvelle génération de robots spatiaux arrive

Les jours des rovers traditionnels sont comptés : l’avenir appartient à une nouvelle génération de robots à la philosophie très différente.

Lorsqu’il s’agit d’aérospatiale et de sciences planétaires, l’aspect visuel est loin d’être une priorité. À cause des contraintes de poids et d’espace inhérentes à ces disciplines, le fond prend systématiquement le pas sur la forme. C’est pour cette raison que les rovers lunaires, par exemple, se contentent du strict nécessaire, à savoir leurs instruments scientifiques; ils sont systématiquement dépourvus d’éléments cosmétiques qui représentent un poids mort. Mais une entreprise japonaise semble avoir envie de bousculer ce paradigme avec un engin à la forme très particulière repéré par Interesting Engineering.

GITAI, une startup japonaise spécialisée dans la robotique, s’est associée à l’agence spatiale japonaise (JAXA) pour créer un rover qui bouscule tous les codes établis par Persévérance et son illustre lignée. Rien à voir avec ces engins, qui sont en substance des amoncellements d’instruments scientifiques soigneusement empilés sur une plateforme motorisée; cet engin baptisé R1 ressemble davantage à un centaure robotique perché sur des roulettes.

Une tête, des bras et des jambes à roulettes

Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il est très impressionnant visuellement avec sa silhouette à moitié anthropomorphe. La plupart des capteurs sont placés au sommet d’un mât qui a la forme d’un torse humain surmonté d’un casque. Il dispose aussi d’une paire de bras robotiques au niveau des “épaules”.

Cet engin est si différent des rovers traditionnels qu’on pourrait croire à un simple concept. Mais le programme est en fait relativement avancé. Lors des tests préliminaires en février dernier, le robot s’est montré capable d’évoluer sur un terrain synthétique censé reproduire les reliefs accidentés et poussiéreux de notre satellite. Il a aussi réussi à récolter (maladroitement) un échantillon de cette poussière lunaire artificielle.

Récemment, il est même parvenu à déballer, puis à assembler la base de la structure d’un panneau solaire grâce à ses bras articulés. C’est typiquement le genre de tâches qui va commencer à devenir de plus en plus important dans le contexte actuel. Ce R1 est donc un avant-goût de la direction que pourrait prendre la robotique spatiale dans un futur assez proche.

Un nouveau look pour une nouvelle vie

Jusqu’à présent, les ingénieurs n’avaient pas vraiment de raison de dévier des standards établis par Curiosity et consorts. Car même si chaque machine avait ses particularités, dans l’ensemble, l’objectif était toujours exactement le même : collecter des échantillons et des données scientifiques susceptibles d’améliorer notre connaissance des planètes en question.

Mais depuis que Lunokhod 1, le tout premier rover posé sur la Lune par l’Union soviétique en 1970, a ouvert la voie, de nombreux verrous technologiques ont sauté. Aujourd’hui, il ne s’agit plus seulement d’étudier ces planètes; ces changements au niveau de la forme sont motivés par la volonté de nombreux acteurs qui envisagent désormais d’y installer une infrastructure en bonne et due forme, voire même de véritables colonies.

Et il ne s’agit plus seulement d’une prestigieuse compétition technologique. C’est désormais un enjeu stratégique majeur, notamment en termes de ressources et de géopolitique. Cela pousse de nombreuses grandes puissances, à commencer par la Chine et les États-Unis, à occuper le terrain de façon très agressive.

Perseverance et les autres rovers scientifiques auront toujours leur place, mais ils seront bientôt accompagnés de nouveaux rovers à vocation plutôt utilitaire. © NASA/JPL-Caltech

Un changement de paradigme qui s’annonce fascinant

Mais ces grands projets sont associés à tout un tas de nouveaux obstacles logistiques. Et pour les surmonter, l’humanité pourra compter sur une nouvelle génération de robots extrêmement sophistiqués. Leurs missions n’auront rien à voir avec celles de leurs prédécesseurs. Car en un sens, Perseverance et consorts ne sont que des touristes; ils se contentent d’arpenter la planète, de prendre des photos et des mesures, et dans le meilleur des cas, de collecter quelques souvenirs.

Ces éléments sont évidemment très importants et ont indiscutablement fait progresser la science. Mais ces nouveaux robots assisteront les humains sur place, directement ou indirectement. Ils pourraient notamment nous aider à installer les équipements nécessaires à la production d’énergie, à la communication et à la survie avant l’arrivée des colons. Ensuite, ils permettront de faciliter des tâches difficiles comme l’excavation, la manutention, ou encore la réparation de certains éléments.

GITAI espère que son R1 pourra fouler le sol lunaire aux alentours de 2025. Soit dans un futur très proche à l’échelle de la conquête spatiale. Reste à voir s’il s’agira uniquement d’un test ou s’il se rendra déjà utile. D’ici là, il est fort probable que de nombreux autres concepts de robots novateurs aux capacités diverses et variées novateurs voient le jour. Il sera donc très intéressant d’assister à cette transformation pour l’instant assez discrète, mais fondamentale de la robotique spatiale.

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