En 1620, le légendaire navire Mayflower embarquait pour un voyage historique en transportant les premiers colons anglais vers le continent américain. Une date importante dans l’histoire de ce que l’on appelle désormais les États-Unis, et qui est régulièrement célébrée de part et d’autre de l’océan.
Et un peu plus de 400 ans plus tard, nous avons eu droit à une commémoration particulièrement mémorable puisque le voyage du Mayflower a été reproduit par le Mayflower Autonomous Ship, une embarcation au moins aussi remarquable que son illustre aîné puisqu’elle est 100% autonome, autant en termes de navigation que d’alimentation !
D’après la BBC, ce projet est le fruit du travail d’une équipe internationale d’ingénieurs et de techniciens qui issus d’une dizaine de pays. Mis à part son nom et son trajet, ce MAS n’a pas grand-chose à voir avec le Mayflower original. Le majestueux trois-mâts en bois parcouru de cordages a laissé sa place à un trimaran ultramoderne, extrêmement léger et bardé de technologie de pointe.
Énergie solaire et navigation autonome
Cette nouvelle mouture ne dispose pas de la moindre voilure. Au lieu de tirer son énergie du vent, il l’extrait directement du Soleil grâce à un jeu de panneaux photovoltaïques disposés sur la coque. Ils viennent alors alimenter un jeu de moteurs électriques pour voyager sans émettre le moindre gaz à effet de serre.
Mais il ne s’agit pas du premier navire à énergie solaire, loin de là. L’élément le plus intéressant de ce MAS, c’est surtout l’identité de son pilote. En effet, aucun humain n’a pris place à bord de cette embarcation, et elle n’a pas non plus été contrôlée à distance. Vous l’aurez compris : le Mayflower Autonomous Ship a réalisé l’intégralité du trajet tout seul, comme un grand, sans la moindre intervention humaine.
L’espace habituellement réservé à la cabine sert ici à héberger une cinquantaine de capteurs très avancés. Leur rôle est de collecter autant d’informations que possible sur le milieu environnant. Cela comprend de nombreux paramètres liés au bateau en lui-même comme, sa direction, sa vitesse, ou son inclinaison, mais aussi de nombreuses données météorologiques.
Toutes ces données ont servi à alimenter un système basé sur l’intelligence artificielle spécialement conçu pour l’occasion par IBM. L’objectif : amener l’embarcation à bon port en toute autonomie. Et le MAS a réussi avec brio, ou presque. Il a bien réussi à traverser l’océan, mais il n’a pas terminé sa course à l’endroit initialement prévu; il a dû être redirigé vers Halifax, au Canada, à cause d’un problème technique.
Cap sur la marine autonome à l’échelle globale
C’est donc raté pour la fidélité historique. En revanche, c’est un carton plein sur le plan technologique. Le MAS s’est débrouillé comme un chef lorsqu’il était livré à lui-même, et les ingénieurs n’ont quasiment pas eu à intervenir, à l’exception de la redirection vers Halifax. De plus, même s’il avançait à une allure modérée, il a tout de même battu le record de vitesse de l’original. Il lui a fallu un gros mois pour achever la traversée, contre plus de deux pour le vrai Mayflower.
Au bout du compte, les chercheurs sont donc extrêmement satisfaits de cette preuve de concept. “Cette traversée nous a appris beaucoup de choses sur la conception, la construction et l’opération d’un navire de ce type pour le futur de la marine”, explique Brad Phaneuf, directeur du projet.
Le concept semble désormais quasiment mature, et on peut désormais envisager que cette technologie commence à monter en puissance à grande vitesse; d’ici quelques années, des humains et des marchandises pourront peut-être traverser la Manche ou même l’Atlantique à bord d’une embarcation pilotée principalement par l’IA. Même s’il y aura tout de même certainement du personnel à bord par sécurité, du moins au début. Reste à voir si ces bateaux électriques autonomes connaîtront un essor aussi fulgurant que leurs équivalents terrestres à quatre roues !
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