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Le photovoltaïque orbital est-il viable ? La NASA va mener l’enquête

La NASA a lancé une étude pour tenter de déterminer si elle doit se pencher une nouvelle fois sur la question du photovoltaïque orbital, comme l’envisagent déjà plusieurs pays.

La NASA vient d’annoncer le début d’un programme qui vise à étudier une nouvelle fois la viabilité d’une centrale photovoltaïque spatiale. Il s’agit d’un concept qui cherche à collecter l’énergie solaire directement en orbite avant de la rapatrier sur terre sous la forme d’un rayonnement électromagnétique, le tout sans une once de gaz à effet de serre.

L’idée n’est pas nouvelle, loin de là; elle remonte même à plusieurs décennies. Mais cette technologie autrefois présentée comme l’avenir de l’énergie a perdu de la vitesse à force de se heurter à de nombreux obstacles techniques.

Mais elle pourrait bien revenir au premier plan très bientôt, propulsée par le développement rapide des énergies renouvelables et de l’aérospatiale. Ces dernières années, plusieurs institutions ont recommencé à explorer l’idée. On peut notamment citer nos voisins d’outre-Manche, qui ont récemment lancé la Space Energy Initiative (SEI).

Une approche exploratoire et prudente par acquit de conscience

Ce vaste projet gouvernemental qui rassemble de nombreuses institutions de recherche et géants de l’industrie cherche à prendre le leadership sur cette technologie dès aujourd’hui. Ensemble, ils espèrent déployer la toute première ferme solaire orbitale au monde d’ici 2035. Et ils ne sont pas les seuls : d’autres pays comme le Japon, l’Inde et la Chine ont aussi commencé à avancer leurs pions par anticipation.

Désormais, ces projets semblent aujourd’hui moins farfelus qu’ils ne l’étaient autrefois; de quoi relancer l’intérêt de l’administration américaine. Les responsables en charge du SEI n’hésitent pas à affirmer que le concept est aujourd’hui mature d’un point de vue technologique, et qu’il ne reste plus qu’à y mettre les moyens. En revanche, la NASA se montre beaucoup plus prudente que le gouvernement anglais, et parle plus volontiers d’en “étudier la viabilité”.

Du nouveau sous le Soleil

La technologie a évolué, la faisabilité du système a changé avec le temps”, explique Nikolai Joseph, chef du bureau technologique, politique et stratégique de la NASA. “Cela nous permettra d’estimer à quel point la NASA devrait s’investir dans l’énergie solaire spatiale”, précise-t-il.

La NASA s’était déjà intéressée au concept dans les années 70. Elle avait cependant fini par jeter l’éponge, intimidée par le prix hallucinant du projet. Mais depuis, la donne a changé. Le réchauffement climatique ne fait plus que toquer à la porte; il l’attaque désormais avec la violence d’un Jack Nicholson fou furieux dans Shining.

Dans ce contexte, plus question de faire dans la demi-mesure. Toute technologie potentiellement révolutionnaire du côté des énergies renouvelables doit donc impérativement recevoir l’attention qu’elle mérite, ne serait-ce que par acquit de conscience. De plus, avec l’explosion de l’aérospatiale ces dernières années, le coût moyen des lancements continue de baisser, ce qui rend l’idée de plus en plus intéressante.

Et la NASA en a bien conscience. Elle souhaite donc offrir une nouvelle chance à ce concept plutôt que de prendre le moindre risque de passer à côté d’une petite révolution énergétique. “J’ai le sentiment que c’est plus ou moins une obligation pour la NASA de s’y intéresser”, explique Nikolai Joseph. “L’idée existe depuis tellement longtemps, mais elle n’a toujours pas été détruite et a persisté jusqu’à aujourd’hui”, justifie-t-il.

La Space Energy Initiative anglaise croit dur comme fer dans son projet, et contrairement à la NASA, elle a déjà avancé ses pions. © Space Energy Initiative

La NASA a un train de retard

Une éventualité qui a beaucoup de mal à passer chez certains observateurs très patriotiques. Certains ne conçoivent tout simplement pas que l’Oncle Sam puisse être à la traîne sur une technologie potentiellement révolutionnaire.

Ça n’a tout simplement pas de sens pour les États-Unis de ne pas s’y intéresser”, tonne Peter Garretson, un ancien officier de l’Air Force qui avait dirigé une étude sur le sujet en 2007. “Même si on partait du principe que le photovoltaïque spatial ne serait pas rentable, le fait qu’on sorte de la course sans essayer de faire quelque chose que cette question globale nous fait passer pour des idiots”, martèle-t-il, visiblement piqué au vif par le manque d’initiative de son pays sur cette question.

Garretson sera donc probablement ravi que ce sujet fasse son grand retour sur la table de la NASA. Mais comme le reste du public, il devra mesurer ses attentes. Car même si la situation semble plus favorable qu’il y a 50 ans, il reste de très nombreuses questions en suspens; ce n’est pas pour rien si la NASA parle explicitement d’en étudier la “viabilité“.

Même si la technologie de transmission a progressé, de nombreux observateurs émettent encore des doutes quant à la technologie qui permettra de rapatrier cette énergie. Techniquement, il s’agit de la convertir en micro-ondes qui sont ensuite récupérées par un gigantesque récepteur placé sur Terre. Elles seront alors retransformées en électricité utilisable sur notre planète.

Un concept loin de faire l’unanimité

En plus du problème de déperdition d’énergie lié à cette double conversion, les responsables du SEI affirment que ce rayon serait inoffensif; mais de nombreuses anciennes études ont mis les ingénieurs en garde contre les risques écologiques et logistiques, notamment pour les oiseaux migrateurs et l’aviation.

Il reste aussi des doutes sur la viabilité économique pure et simple du projet. Certains observateurs affirment aussi que la structure ne pourrait tout simplement pas devenir rentable avant que les cellules photovoltaïques n’arrivent en fin de vie.

Il sera donc très intéressant de suivre le résultat de cette étude, quelles qu’en soient les conclusions. Si elle estime le projet viable, il est plus que probable qu’elle décide de monter son propre programme le plus vite possible. De nombreuses autres institutions pourraient aussi se laisser convaincre et lui emboîter le pas; nous pourrions alors assister à une transformation considérable du secteur des énergies renouvelables.

Et si elle considère que c’est une perte de temps et de ressources, la situation sera probablement encore plus intéressante. Tous les regards se tourneront alors vers les responsables de la Space Energy Initiative, qui croient dur comme fer en leur projet. Dans ce cas de figure, on peut déjà s’attendre à un débat extrêmement vif, connaissant les enjeux et les sommes pharaoniques déjà engagées dans le projet. Affaire à suivre !

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