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Chine : de gros gisements d’uranium trouvés à une profondeur “impossible”

La découverte de cet immense gisement va peser lourd dans la transition énergétique de la Chine, qui rejoint instantanément le haut du classement mondial des réserves en uranium.

D’après des chercheurs de la China National Nuclear Corporation (CNNC), l’agence qui gère la gestion de l’énergie nucléaire en Chine, l’institution vient de mettre la main sur un gisement d’uranium tout simplement remarquable; sa découverte pourrait rapidement avoir des conséquences très concrètes sur la feuille de route énergétique de Pékin, mais aussi du reste du monde.

La première particularité de ces gisements, dont la découverte a été relayée par le South China Morning Post (SCMP), c’est leur taille cumulée. Le communiqué de la CNNC traduit par le SCMP affirme que leur découverte va permettre à lui seul de multiplier les réserves chinoises en uranium par 10 ! Un chiffre ahurissant, mais aussi particulièrement difficile à vérifier. S’il s’avère est exact, cela aura en tout cas pour effet de catapulter la Chine vers les hauteurs du classement mondial des réserves en uranium.

Un énorme gisement qui décuple les réserves chinoises

Selon les derniers chiffres disponibles qui remontent à 2019, le podium est occupé par le Canada (564.900 tonnes de réserves estimées), le Kazakhstan (906,800 tonnes), et surtout l’Australie. Le pays des kangourous domine outrageusement ce classement avec des réserves minières estimées à 1,692,700 tonnes selon les chiffres de 2019 présentés par world-nuclear.org.

La Chine, elle, était déjà plutôt bien lotie jusque là; elle résidait en 9e position avec des réserves estimées à 269,700 tonnes. Mais si les chiffres annoncés par la CNNC sont effectivement exacts, la découverte de ce nouveau gisement propulserait instantanément le pays de Xi Jinping au-delà des 2 millions de tonnes; de quoi atteindre les hauteurs du classement, voire même s’emparer de la première position avec une avance confortable.

Une ressource pour la transition énergétique de la Chine

Ces réserves tombent à point nommé pour la Chine. En effet, le pays est en ce moment embarqué dans une grande démarche de transition. À l’heure actuelle, l’infrastructure énergétique du pays est encore extrêmement rudimentaire par endroits. Il y a bien évidemment des exceptions, notamment dans des centres urbains extrêmement riches et développés comme on en trouve à Pékin ou Shanghai.

Mais une partie non négligeable du pays dépend encore de ses immenses mines à ciel ouvert qui alimentent une industrie du charbon catastrophique pour l’environnement. En 2021, un rapport d’un cabinet anglais estimait que la Chine était responsable de 53% de la production mondiale d’électricité par charbon, avec tout ce que cela implique en termes de développement durable.

© Haluk Beyazab – Flickr

Mais depuis quelques années, Xi Jinping tente d’inverser la tendance. Quoi que l’on pense de sa volonté (affichée) de couper les financements aux énergies fossiles, il est en tout cas indiscutable qu’elle devrait laisser davantage d’espace aux autres énergies. Cela concerne notamment les énergies renouvelables, un terrain sur lequel la Chine est paradoxalement en train de devenir une grande puissance mondiale… mais aussi le nucléaire.

Car si cette énergie a régulièrement été accusée de tous les maux pendant des décennies, elle présente aussi de nombreux avantages. Et il ne s’agit pas que de la compétitivité économique – un critère sur lequel le nucléaire est tout simplement imbattable aujourd’hui.

Même si l’on parle beaucoup – et heureusement, car c’est évidemment crucial – de la problématique des déchets nucléaires et du risque d’accident, il faut tout de même rappeler que l’énergie nucléaire est loin d’être un non-sens écologique.

Elle a notamment l’avantage d’avoir un bilan en gaz à effet de serre très inférieur à celui d’une centrale à charbon, par exemple; un élément loin d’être négligeable connaissant le désastre climatique que nous promettent des observateurs comme le GIEC. Cette énergie s’est donc imposée comme un candidat de premier choix pour l’indispensable transition énergétique chinoise.

Une technique de détection aérienne basée sur l’IA

Et il n’y a pas qu’au niveau de la politique énergétique que ces travaux sont intéressants; ils le sont aussi en termes purement scientifiques. Car d’après Li Ziying, directeur de l’Institut de Recherche en Géologie de l’Uranium de Pékin, la découverte de ce gisement va à l’encontre du modèle actuellement en vigueur sur la formation de l’uranium.

Habituellement, les exploitants minent surtout ce minerai hautement stratégique dans des zones peu profondes et relativement stables en termes d’activité géologique. Pourtant, d’après Interesting Engineering, la Chine a trouvé plusieurs dépôts d’uranium étonnamment profonds autour d’1,5 km ces dernières années. De plus, les zones en question présentaient toutes une activité tectonique à grande échelle qui semble incompatible avec les modèles actuels de formation de l’uranium.

Les chercheurs considèrent toujours que ces modèles sont corrects. Pour expliquer la présence d’uranium dans ces régions, ils suggèrent que ce minerai a probablement migré depuis le manteau terrestre à la faveur des mouvements tectoniques. Mais surtout, ils affirment avoir développé une technique qui permet de repérer ce type de gisement assez facilement.

Pour cela, il se sont basés sur les propriétés de l’uranium. Comme chacun le sait, il s’agit d’un élément radioactif. Cela signifie qu’au cours de sa vie, il subit en permanence un phénomène dit de désintégration radioactive qui produit un flux de particules, mais aussi une petite quantité de chaleur.

C’est ces petites traces de chaleur souterraine que les chercheurs ont suivies à la trace. Ils ont utilisé un capteur ultrasensible monté sur un engin volant pour analyser le terrain avant de traiter ces données grâce à un système basé sur l’intelligence artificielle. Ils ont ainsi pu détecter ces gisements profonds depuis le ciel, sans s’embarrasser du processus de prospection habituel qui demande beaucoup de temps et de ressources.

D’après le SCMP, cette technique pourrait également permettre à d’autres pays d’identifier des gisements d’uranium dans des zones considérées comme incompatibles. Il n’est donc pas impossible que le classement des ressources en uranium évolue considérablement au cours des prochaines années. Espérons simplement que ces ressources seront utilisées pour la production d’énergie plutôt que pour alimenter un arsenal nucléaire qui aujourd’hui est plus inquiétant que jamais, dans un contexte de tensions militaires extrêmes entre la Russie et le reste du monde.

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6 commentaires
  1. “Un capteur ultrasensible monté sur un engin volant” souhaitons leur plus de chance que n’en ont eu nos précurseurs ” Avions renifleurs”

  2. Le problème des déchets n’en est pas un.
    Dans les années 60, les scientifiques ont mis au point un réacteur qui utilisait du Thorium, qui a l’avantage d’être non proliférant, il ne produit pas de plutonium.
    Les réacteurs à base d’uranium sont militaires, ils servent à produire le plutonium, la bombe.
    Le choix politique des réacteurs civil à l’Uranium a été dicté par le coût de développement de deux filières Thorium et Uranium.
    Quand l’Iran s’est mis en tête de développer des réacteurs les politiques auraient dû proposer le développement conjoint de réacteur au Thorium mais honnêtement je pense que le personnel politique ne connait pas le Thorium.
    Le démonstrateur mis au point dans les années 60 à Aok Ridge USA a fonctionné 4 ans sans intervention ou problème. L’utilisation systématique de sécurité passive permet une sûreté maximale : fonctionnement a pression ambiante, refroidissement par air, combustible dans du sel liquide de fluor non réactif (le sodium est inflammable a l’air et explosif a l’eau, le surgenetateur japonais à expérimenté le feu, declanchant l’arrêt de super phénix), la technologie a neutrons rapides permet de brûler tout les déchets radioactifs y compris ceux résultant de la physique de l’Uranium… Plutonium, actinides, uranium lui même !
    C’est donc depuis les années 60 sur étagère, si bien que les chinois construise un démonstrateur dans le désert de Gobi avec les archives américaines…
    Les déchets ultimes sont de 300 ans, c’est un temps historique, le stockage se ferait simplement sur le site du réacteur.
    Le Thorium est actuellement un déchet du raffinage des terres rares, il est stocké. La France détient un stock déjà extrait équivalent à 500 ans de production électrique au niveau de consommation actuel.
    Le Thorium est un élément très disponible sur la planète avec une réparation géographique bien plus large que l’uranium.

  3. Trop trop scientifique; difficile à comprendre pour les gens aux études moyennes comme moi !

  4. Il faut lire “Terres rares” de Jean Tuan chez C.L.C. Éditions. L’auteur sous forme de fiction dévoile la réalité des coups tordus de la Chine qui en échange des minéraux rares dont elle dispose en quantité s’accapare les ressources essentielles d’un grand nombre de pays à travers la planète. Disponible en librairie et via les sites de vente sur internet. Lecture édifiante et distrayante !

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