En Ukraine, le bilan de l’offensive russe ne cesse de s’alourdir. En plus de nombreux soldats, civils et même animaux (voir notre article) qui ont déjà fait les frais du conflit, certaines infrastructures importantes ont également payé un lourd tribut. Lundi, l’Odessa Journal a rapporté l’annonce de la destruction d’une structure rattachée à l’inestimable Banque Génétique Nationale des Plantes d’Ukraine.
Il s’agit d’une structure qui était localisée à Kharkiv, une zone particulièrement touchée par le conflit. D’après Serhiy Avramenko, chef de l’équipe de recherche attachée à l’institution, il s’agirait d’une attaque délibérée. Selon lui, les forces russes auraient ciblé le bâtiment avec une précision qui ne laisse aucune place à l’interprétation. “Tout a été réduit en cendres“, déplore Avramenko. “Des dizaines de milliers d’échantillons de graines ! Y compris des variétés anciennes, multicentenaires, qu’il n’est plus possible de restaurer. Tout a brûlé“, se désole le scientifique dans une communication reprise par le gouvernement.
In #Kharkiv, due to the #Russian shelling, the one and only #Ukrainian Gene Bank of plants was burned down.
160K of seed samples have been wiped out, including unique ones that wonʼt be restored. The institution survived WWII but was destroyed by the #Russians.#StopRussianWar pic.twitter.com/XrrUstGGoc
— MFA of Ukraine 🇺🇦 (@MFA_Ukraine) May 18, 2022
Le gros de la collection est intact
Mais depuis, d’autres sources sont venues contredire ces éléments. D’après Nick Vangheluwe, le directeur d’ Euroseed (une marché d’échange pour l’industrie européenne des graines), il s’agissait d’une erreur de communication. Si la Russie cherchait effectivement à attaquer cette banque de graines, elle aurait alors raté son coup. Il est en en effet intervenu sur Twitter pour expliquer qu’il ne s’agissait que d’une station de recherche et de culture satellite. L’infrastructure principale, elle, est bien cachée dans un bunker à des kilomètres de là – et fort heureusement, le stock de cette réserve centrale est intact.
However, it has nothing to do with the genebank conserved material. Conserved seeds are secured under a bunker and the main institution has not been affected.
— Nick Vangheluwe (@nvgheluw) May 17, 2022
C’est une bonne nouvelle, car cette réserve jour un double rôle très important. Dans un premier temps, elle s’inscrit dans un grand effort de conservation du patrimoine biologique ukrainien, mais aussi mondial. Elle héberge une collection phénoménale de plus de 160.000 spécimens de plantes sous forme de graines. Certaines variétés étaient entreposées là depuis le début du 20e siècle.
La collection comporte des tas d’espèces récentes, y compris des hybrides. On y trouvait aussi des spécimens rarissimes, notamment certaines variétés multicentenaires qui n’existent plus du tout à l’état sauvage. Ces variétés auraient donc officiellement disparu si l’intégralité du stock avait brûlé.
Car cette réserve n’était pas qu’un vulgaire musée, loin de là. C’était aussi un laboratoire à ciel ouvert dont les équipes travaillent d’arrache-pied pour renouveler en permanence le stock de toutes ces espèces. Les graines étaient ensuite adressées aux agriculteurs du monde entier.
Le conflit pèse sur la sécurité alimentaire mondiale
Cette banque représente donc une ressource de premier plan pour les spécialistes, en particulier ceux qui travaillent à sélectionner des espèces particulièrement adaptées à des milieux difficiles, notamment pour répondre à des situations de crise alimentaire. C’est donc une institution importante autant en termes de recherche scientifique que de sécurité alimentaire.
“Il n’y a qu’une poignée de banques de ce genre au monde. Et la sécurité alimentaire mondiale en dépend. Des ingénieurs agronomes du monde entier, y compris des Russes, nous commandaient des échantillons pour créer leurs propres variétés hybrides”, explique Serhiy Avramenko.
C’est d’autant plus important que l’Ukraine est une superpuissance agricole qui compte énormément sur ces ressources. Le pays fait partie des premiers producteurs mondiaux de céréales, et notamment de blé; un positionnement stratégique qui lui a souvent valu le surnom de “grenier de l’Europe”.
Plusieurs médias dont Le Monde ont déjà documenté le fait que la guerre met une pression phénoménale sur ce pan fondamental de l’industrie ukrainienne. Une situation qui, selon plusieurs observateurs, pose de nombreuses questions en matière de sécurité alimentaire.
Les autorités russes cherchaient-elles à accentuer encore davantage cette pression ? Difficile à dire puisque le Kremlin n’a pas communiqué à ce sujet, comme on pouvait s’y attendre. Il ne reste donc qu’à espérer que le conflit se termine au plus vite pour pouvoir attaquer la reconstruction des zones meurtries.
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Bande d’abrutis à la vodka ces russes