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Les jeux vidéo rendent-ils vraiment les enfants plus intelligents ?

Une équipe de chercheurs issus d’institutions prestigieuses a produit une étude à grande échelle sur le lien entre les jeux vidéo et l’intelligence des enfants. Et les conclusions pourraient en surprendre certains, même s’il faut être prudent par rapport à l’interprétation.

Même s’il a nettement régressé avec l’évolution de ce médium, il existe encore aujourd’hui un préjugé qui suggère que les jeux vidéo sont abrutissants, en particulier pour les jeunes enfants. Aujourd’hui, les chercheurs ne sont toujours pas unanimes sur la question. Certains d’entre eux considèrent que la pratique des jeux vidéo pourrait même rendre les enfants plus intelligents.

C’est le cas d’une vaste étude menée sur plus de 5000 enfants par des chercheurs de l’Université Vrije à Amsterdam, de l’Université de Dusiburg-Essen en Allemagne et du prestigieux Karolinska Instituet en suède, une institution qui fait partie des meilleures universités médicales au monde.

Ils ont commencé par demander aux enfants combien de temps ils passaient chaque jour devant les réseaux sociaux, la télévision ou les jeux vidéo. Et le premier constat est sans appel. Comme on peut s’y attendre, les enfants d’aujourd’hui consomment beaucoup de contenus numériques !

En moyenne, ces 5000 et quelques enfants âgés de 10 à 12 ans consacraient en moyenne quatre heures par jour à ces activités, dont deux au jeu vidéo. Une durée qui représente une part conséquente du temps libre d’un enfant de cet âge, et qui continue d’augmenter à vue d’œil. L’occasion de valider un premier constat : “aujourd’hui, les écrans définissent véritablement l’enfance”, affirment les chercheurs.

Reste encore à savoir quel est l’impact cognitif de tout ce temps passé devant les écrans. Et c’est là que tout devient compliqué. La majorité des travaux les plus sérieux suggèrent en effet qu’il en résulte un mélange d’effets positifs et potentiellement négatifs. Il faut donc définir des critères; dans cette étude, les chercheurs ont spécifiquement ciblé les effets sur l’intelligence.

Des recherches rarement concluantes

Un terme pour lequel il existe évidemment des tas de définitions bien distinctes qui dépendent beaucoup du contexte. Des chercheurs d’Harvard estiment qu’il en existe 8; cet autre papier bien plus généraliste considère de son côté qu’il y en a plus de 70. Dans le contexte de cette étude sur les jeux vidéo, les chercheurs l’ont définie comme “la capacité à apprendre efficacement, penser de façon rationnelle, comprendre des idées complexes et s’adapter à de nouvelles situations”.

Pour comparer les résultats de leurs jeunes cobayes, il a aussi fallu trouver un score. Pour ce faire, ils ont mesuré leurs performances dans cinq tâches cognitives qui, selon eux, sont directement représentatives de l’intelligence.

Deux de ces tâches étaient basées sur la compréhension de l’écrit et le vocabulaire. Une se concentrait sur l’attention et les “fonctions exécutives”, qui comprennent la mémoire à court terme ou le self-control. Les deux dernières testaient leur capacité à se repérer dans l’espace et à apprendre une tâche au fil des essais.

À noter que les chercheurs ne sont pas les premiers à avoir échafaudé un protocole de ce type. Malheureusement, les résultats ont souvent été très peu concluants. En revanche, ils sont les tout premiers à avoir intégré à la fois des facteurs génétiques et socio-économiques à grande échelle dans une étude de ce genre; une approche qui semble bien plus pertinente et donc prometteuse.

Ce sont pourtant des éléments extrêmement importants, car ils peuvent introduire des biais de raisonnement énormes s’ils sont ignorés. “Par exemple, un enfant né avec certains gènes pourrait être plus enclin à regarder la TV, tout en ayant des troubles de l’apprentissage complètement indépendants”, expliquent les chercheurs dans leur communiqué.

La loterie génétique est un acteur majeur de tout processus psychologique”, insistent-ils. “Et jusqu’à présent, c’était difficile de l’intégrer à des études à cause du prix élevé de l’analyse génomique”. Or, cette limitation s’est considérablement réduite ces dernières années. L’amélioration de ces technologies a ainsi ouvert la porte à ces travaux plus poussés. Ils ont ainsi pu ajuster leur échantillon de façon à ce qu’il soit représentatif de la population américaine en termes de sexe, d’ethnicité et de statut socioéconomique.

Ces travaux montrent qu’il existe un lien statistique entre les jeux vidéo et le développement cognitif. © Ben White – Unsplash

Une corrélation statistique bien réelle…

Et les résultats pourraient en surprendre certains. Dans un premier temps, il ont déterminé que le score d’intelligence des enfants qui passaient le plus de temps devant la TV et les réseaux sociaux était généralement inférieur à la moyenne. En revanche, ils n’ont pas constaté de différence significative entre les enfants de 10 ans qui jouaient régulièrement aux jeux vidéo et ceux qui ne les pratiquaient pas.

Et le tableau est encore sensiblement différent après deux ans de suivi. En premier lieu, les chercheurs ont constaté que les adeptes de la TV et des réseaux sociaux mentionnés ci-dessus n’étaient pas moins intelligents que les autres au-delà de cette période. Cela suggère que si les heures passées devant Instagram et autres ne les ont pas rendus plus malins, elles ne les ont pas non plus rendus plus bêtes, statistiquement parlant.

Ils ont aussi repéré une différence remarquable du côté des gros joueurs. Statistiquement, les enfants qui passaient le plus de temps devant les jeux vidéo étaient aussi ceux qui présentaient les plus gros progrès cognitifs au terme de cette période. Pour les chercheurs, il semble donc bien y avoir une relation de cause à effet mathématiquement démontrable entre la pratique des jeux vidéo et le développement de l’intelligence.

© Emily Wade – Unsplash

… mais aussi des limites indéniables

Peut-on donc en conclure définitivement que les jeux vidéo sont un support de premier choix pour entraîner de futurs petits génies ? Eh bien… c’est beaucoup plus compliqué que ça. D’un côté, c’est effectivement une étude solide menée sur un échantillon de grande taille par des chercheurs issus d’institutions reconnues et compétentes sur ces questions.

Mais de l’autre, même si les chercheurs ont fait de gros efforts méthodologiques pour supprimer tout un tas de biais génétiques et socio-économiques, l’étude comporte tout de même des limites considérables. Par exemple, les chercheurs insistent beaucoup sur le fait que leur étude n’a pas pu tenir compte d’autres paramètres psychologiques potentiellement importants. Ils mentionnent notamment la qualité du sommeil, la santé mentale ou encore l’exercice physique, autant de facteurs qui pourraient peser lourd dans le résultat final.

Une autre limite très importante de l’étude, c’est que les chercheurs ne disposaient pas des données nécessaires pour faire la distinction entre les différents programmes, les différentes plateformes sociales ou les différents types de jeux vidéo. Ces travaux ne permettent donc pas d’expliquer comment la pratique d’un jeu comme Fortnite impacte le développement cognitif par rapport à la pratique d’un jeu de course ou de logique, par exemple. C’est dommage, car d’autres travaux (voir ici ou ici) suggèrent très fortement que les effets sur la cognition dépendent directement du type de jeu et de sa complexité.

Les jeux vidéo ne peuvent évidemment pas se substituer à l’activité physique, remplacer un sommeil de qualité ou limiter l’impact d’une mauvaise alimentation. © Chris Benson – Unsplash

Des conclusions solides, mais attention à l’interprétation

Au bout du compte, les jeux vidéo rendent-ils donc les enfants plus intelligents ? Sur la base de ces données, la réponse est effectivement oui. Les chercheurs ont réussi à confirmer statistiquement que leur pratique semble avoir un impact cognitif au pire neutre, et au mieux positif. Rassurez-vous, votre enfant ne va donc pas devenir profondément bête à cause des jeux vidéo… cela pourrait même l’aider à muscler son cerveau.

Mais il faut aussi rester conscient des nuances de cette étude. Laisser un enfant jouer pendant des heures ne constitue absolument pas une garantie qu’il deviendra très intelligent, loin de là ! Si le reste de l’hygiène de vie est mauvaise, et en particulier en cas d’addiction, l’effet positif documenté par les chercheurs peut complètement passer à la trappe. Il pourrait même céder la place à une pléthore d’effets délétères extrêmement sévères.

En attendant que de nouvelles études de ce type viennent compléter ces résultats déjà très intéressants, la conclusion est donc la suivante : tout est donc une question d’approche et de dosage. À bon entendeur !

Le texte de l’étude est disponible ici.

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5 commentaires
  1. Moi je pense que c’est vrai car je joue beaucoup aux jeux vidéos et je suis plus cultivé et intelligent que la moyenne ! hahaha ! Blague à part, devant la télé nous restons passif, alors que pour un bon jeu vidéo, il faut être constamment actif pour se sortir au mieux d’une situation de combat, d’une énigme, d’un labyrinthe,etc…

  2. Ne serais ce pas plutot l’inverse? que les enfants intelligents on un plus gros appetit videolidique , j’émet de gros doutes sur la façon dont on peux comparer le avant/après surtout lorsqu’il s’agit de l’intelligence… Quid du nombre de synapse et de la consommation de glucose? Encore une étude en carton dont on peux infléchir le résultat selon ses convictions ,du putaclic jdg quoi…

  3. Les reponse a ces questions sont toutes répondues dans la source, c’est pas parce que tu “émet des doutes” derrière ton clavier que ca va changer un truc lol
    Toujours drole les génies qui sorte de nulle part pour deglingue des chercheurs pros alors qu’y comprenne kedalle a comment marche la méthodo et a la conclusion XD sa en dit long
    (Ps conso glucose = activité métabolique rien à voir avec intelligence à proprement parler lol)

Les commentaires sont fermés.

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