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Ces plantes ont poussé dans de la poussière de Lune !

Pour la toute première fois, des chercheurs américains ont réussi à faire pousser des végétaux terrestres dans un substrat à base de sol lunaire; une première étape retentissante qui aura sans doute des répercussions concrètes sur l’avenir de la conquête spatiale.

Depuis des décennies et à fortiori depuis qu’il a posé le pied sur la Lune, l’Homme explore aussi l’idée de s’y installer durablement. Il reste évidemment de nombreux obstacles conceptuels à ce projet, mais l’un d’entre eux vient partiellement de sauter grâce à des chercheurs américains; pour la toute première fois, ils sont parvenus à faire pousser des végétaux dans un substrat composé de sol lunaire !

Bien évidemment, ils n’ont pas fait pousser ces végétaux sur la Lune. Mais ils ont tout de même pu en reconstituer l’environnement grâce à un véritable trésor scientifique : les échantillons de sol lunaire ramenés par les missions Apollo 11, 12 et 17.

Forcément, il s’agit d’un matériau excessivement rare… et par définition tout aussi précieux. Les troupes de la NASA, qui veillent sur ce stock inestimable comme sur la prunelle de leurs yeux. Ils ne s’en séparent donc pas facilement; pour justifier de sortir ces roches de leur écrin scellé, il faut pouvoir montrer patte blanche en justifiant d’un projet aux implications scientifiques considérables. Récemment, ils ont par exemple annoncé en grande pompe l’ouverture de l’un des derniers scellés encore intouchés des légendaires missions Apollo (voir notre article).

Un matériau inestimable

Fort heureusement, le projet en question fait partie des pistes les plus alléchantes sur la NASA. En effet, elle concerne directement la suite de la mission Artemis 3, qui doit ramener l’Homme sur la Lune aux alentours de 2026 (voir notre article). Et la mise en place de ce grand projet a considérablement modifié la feuille de route de la NASA. Désormais, tout ce qui relève de l’établissement d’une colonie fait partie des axes de recherche prioritaires.

Il ne s’agit plus de passer quelques heures sur la Lune, mais bien des semaines, des mois, voire des années. Et à ce titre, le fait de pouvoir faire pousser des végétaux directement sur place constituerait non seulement une avancée scientifique majeure, mais aussi une ressource concrète pour les futurs colons. Un argumentaire qui a suffi à convaincre la NASA de céder… 12 grammes du précieux sésame, ni plus, ni moins.

Une quantité qui pourrait sembler ridicule, mais qui est en fait très importante; rappelons que ce matériau n’existe qu’en quantité très limitée sur Terre, puisque l’intégralité du stock provient des missions spatiales des années 60. Et ce stock commence tout doucement à s’épuiser; le fait de se séparer de 12 grammes est donc loin d’être anodin, et témoigne de l’importance de ces travaux.

En tout cas, même s’il ne pesait pas bien lourd sur la balance, ce petit paquetage de poussière revêtait tout de même un poids symbolique considérable. C’est en tout cas ce qui ressort des propos de Robert Ferl, professeur à l’Université de Floride et auteur principal de l’étude interviewé par Vice.

© Paul et. al

Un succès retentissant et chargé d’émotions

Nous savions parfaitement ce que nous faisions”, explique le spécialiste en référence aux longues heures d’entraînement qui ont précédé l’ouverture des échantillons. “Mais ouvrir de vrais échantillons ? Les voir, les manipuler, être responsable de VRAIS échantillons lunaires ? Nous étions littéralement en train de trembler”, concède-t-il. “Ouvrir des échantillons collectés par Armstrnog, Alrid, Conrad, Bean, Cernan et Schmidt pendant qu’ils étaient sur la Lune, c’est une expérience dont nous nous souviendrons et que nous chérirons toute notre vie”, avoue le chercheur avec émotion.

Une fois les frissons passés, il leur a tout de même fallu se mettre au travail. C’est ainsi qu’ils ont ensemencé ce terreau extraterrestre avec des graines d’Arabidopsis thaliana. Cette petite fleur blanche, cousine de la moutarde, occupe une place centrale en biologie puisqu’il s’agit d’un organisme modèle de premier plan. Cela signifie qu’elle est très régulièrement utilisée comme plaque tournante dans des tas d’études sur la génétique, le développement et la physiologie des végétaux.

Et contre toute attente, l’expérience a été un succès retentissant puisque al fleur a réussi à germer, puis à grandir. “Des plantes peuvent pousser dans du régolithe lunaire !”, exulte Ferl. professeur à l’Université de Floride et auteur principal de l’étude interviewé par Vice. Encore mieux : même s’ils étaient évidemment alimentés avec de l’air et de l’eau terrestre, tous les échantillons ont germé sans la moindre trace ce sol terrestre !

De quoi passer sans transition de la spéculation la plus complète à une affirmation parfaitement démontrable. “La vie terrestre peut potentiellement vivre sur la Lune, et pour les astronautes qui y passeront du temps, les plantes seront utiles pour supporter la vie par des moyens qui ne relevaient jusque là que de la spéculation”, affirme-t-il.

© NASA

Des travaux indispensables pour l’avenir de la colonisation spatiale

Pendant la croissance, les pousses ont évidemment été scrutées sous toutes les coutures. Les chercheurs ont notamment réalisé des analyses de l’expression des gènes d’ Arabidopsis thaliana. Cela leur a permis d’étudier quel site Apollo serait le plus favorable au jardinage lunaire, et par extension de commencer à optimiser la composition d’un futur terreau spatial.

Il reste évidemment une quantité de travail ahurissante avant de pouvoir poser les bases d’une véritable agriculture martienne. Mais “le succès est désormais à portée de vue et de main”, affirme Ferl. Les chercheurs de l’Université de Floride vont donc continuer à travailler d’arrache-pied pour progresser autant que possible avant le départ d’Artemis 3.

Car il ne fait aucun doute que le futur équipage jouera un rôle fondamental dans le développement de ces travaux. Ils permettront de produire des données importantes, de tester certains concepts en conditions réelles, mais aussi de rapporter de nouveaux échantillons de sol lunaire — une ressource dont les chercheurs auront besoin en grande quantité pour mener des études poussées sur l’agriculture extraterrestre. Il sera donc très intéressant de suivre l’évolution de ces travaux, et surtout d’observer quelle place ils occuperont dans le programme très chargé de la mission Artemis 3 ainsi que dans l’avenir de la conquête spatiale.

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