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Cette araignée reste 30 minutes sous l’eau grâce à un curieux scaphandre

Certaines araignées ont développé des adaptations spectaculaires au milieu aquatique, et Trechalea extensa en est un excellent exemple.

Même si elles souffrent d’une réputation injustement peu flatteuse, les araignées sont des bêtes fascinantes à bien des égards. Loin des espèces qui tissent des toiles dans les coins des maisons, il existe aussi de nombreuses espèces qui présentent des comportements uniques et tout à fait fascinants. C’est le cas de Trechalea extensa, une espèce qui échappe à ses prédateurs… en pratiquant la plongée !

C’est un point qui peut être surprenant. Car même les espèces dites “semi-aquatiques” ne sont tout simplement pas équipées de branchies pour extraire l’oxygène de l’eau. Elles se nourrissent certes de larves et de petits poissons d’eau douce dans les zones tropicales; mais elles ont toutes recours à des techniques de chasse particulières qui leur permettent de le faire sans risquer la noyade.

Pour les naturalistes, c’est une véritable bénédiction. Ces araignées présentent souvent des adaptations assez spectaculaires à leur environnement qui se manifestent par des comportements très intéressants. Et c’est le cas de Trechalea extensa, d’après cette étude repérée par Futura.

Une drôle d’araignée avec scaphandre intégré

Les chercheurs ont constaté qu’elle avait tendance à se précipiter dans l’eau à toute vitesse à l’approche des humains. Elle est alors restée immergée pendant une grosse demi-heure. Et les chercheurs ont déterminé l’origine de ce tour de passe-passe; pour y parvenir, elle peut compter sur un véritable scaphandre qui apparaît de façon spontanée au moment du plongeon.

En effet, cette espèce présente de nombreux poils qui ont pour effet de créer une surface complètement imperméable; on parle alors de surface hydrophobe. Et puisque cette surface refuse tout net d’entrer en contact avec l’eau, cela se matérialise par la capture d’une poche d’air autour de l’araignée.

Ce petit scaphandre fonctionne admirablement bien. Il permet à l’araignée de s’approvisionner en oxygène suffisamment longtemps pour qu’un prédateur s’en désintéresse. Une capacité très intéressante dans l’impitoyable jungle tropicale où elle réside. Et cette couche intermédiaire sert également de doudoune pour éviter à Trechalea extensa de souffrir d’hypothermie dans le cas où elle aurait dû se ruer dans une mare trop frisquette à son goût.

Une voie évolutive surprenante

Mais ce mode de défense pose aussi de nombreuses questions. Car pour des bêtes comme les araignées, qui sont par définition assez sédentaires, fuir son territoire n’est pas sans conséquences. Cela implique de laisser son chez-soi, et par conséquent une éventuelle progéniture sans surveillance. De plus, l’environnement aquatique n’est pas non plus un havre de paix inviolable. Il comporte lui-aussi des risques, et certains prédateurs n’ont d’ailleurs pas peur de s’y aventurer.

Au premier abord, cela ne ressemble donc  pas vraiment à une solution optimale en termes de sélection naturelle. Les chercheurs sont curieux de découvrir quelles pressions de sélection l’ont encouragée à emprunter cette voie évolutive. Ils vont donc continuer de s’y intéresser.

Une petite joueuse par rapport à la reine de la catégorie

Mais malgré ces prouesses, Trechalea extensa n’est pas la plus grande spécialiste de cet environnement pour autant. Ce titre revient sans conteste à l’argyronète; une espèce qui ne se contente pas seulement de se cacher dans l’eau… mais qui en a carrément fait son milieu de vie exclusif, alors qu’elle ne dispose pas non plus de branchies. Une particularité qui est pour l’instant unique dans la littérature scientifique.

À l’instar de Trechalea extensa, Argyroneta aquatica embarque également son oxygène. Mais sa solution est encore plus élaborée. Ici, ce ne sont pas des poils, mais la toile elle-même qui joue le rôle de surface hydrophobe. Elle fonctionne donc comme un ballon d’oxygène, un peu à la manière des plongeurs à cloche de l’ancien temps. L’araignée remonte simplement à la surface une fois de temps en temps pour aller chercher une cargaison d’ air frais en capturant une bulle autour de son postérieur, exactement comme le fait Trechalea extensa.

Autrement, elle passe l’intégralité de son cycle de vie sous l’eau. Cette toile sert aussi de salle à manger puisque c’est là que cette redoutable nageuse revient déguster ses proies. Elle fait aussi office de pouponnière; c’est là que l’argyronète se reproduit et que les bébés naîtront. Autant d’éléments qui nous rappellent à quel point les araignées sont des êtres vivants fascinants.

Le texte de l’étude est disponible à cette adresse.

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