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Dans l’Himalaya, la canicule extrême met les lacs glaciaires sous pression

L’Inde et le Pakistan sont en ce moment frappés par une vague de chaleur colossale à l’impact destructeur.

Depuis plusieurs semaines, elle provoque des dégâts considérables (voir notre article). En plus des dégâts sur les filières agricoles et de l’impact direct sur la population, les habitants doivent en ce moment composer avec les conséquences de la canicule sur les glaciers himalayens avoisinants.

Une situation qui a des conséquences importantes puisque le massif abrite de nombreux barrages hydroélectriques qui exploitent les lacs glaciaires, des étendues d’eau qui résultent de la fonte des glaciers. Or, ces derniers ont connu un épisode de fonte particulièrement rapide ce week-end. Cela met une pression considérable sur l’infrastructure.

Une fonte précoce synonyme d’inondations spectaculaires

Habituellement, les lags glaciaires se forment au courant du mois de mai. Mais dans certaines zones, comme le district d’Hunza, les températures exceptionnelles ont considérablement accéléré la fonte des glaciers; cette année, le lac de Shishper a commencé à se former dès avril, soit avec un mois d’avance.

L’élément surprenant, c’est le timing”, explique Umesh Haritashya, glaciologue à l’Université de Dayton interviewé par le Washington Post. “C’est beaucoup trop tôt”, déplore-t-il. Et malheureusement, la fonte a continué depuis; et certains des glaciers qui servent de barrage à ces lacs n’ont pas pu encaisser cette hausse brutale es températures. Celui qui contenait le lac de Shishper a notamment fini par rompre, avec des conséquences très concrètes sur la vie des locaux.

D’après les autorités citées par le Washington Post, le lac aurait été complètement vidé; il aurait ainsi déversé plus de 10,000 mètres cubes d’eau par seconde. “En substance, toute l’eau du lac a été drainée. Et c’est probablement ce qui a causé toute cette dévastation en aval”, explique Haritashya en référence à l’ inondation spectaculaire qui a frappé la zone en contrebas.

Ce véritable torrent était si violent qu’il a détruit un pont, ce qui a eu pour effet d’isoler le village d’Hasanabad. Dans cette bourgade situé en première ligne au pied du glacier, l’eau a aussi détruit plus d’une dizaine d’habitations et deux centrales électriques, et causé des dégâts gigantesques sur les cultures et le reste de l’infrastructure.

L’Himalaya, un réservoir de glaciers menacé

Une situation évidemment dramatique pour les habitants, mais qui comporte aussi d’autres implications encore plus conséquentes. Car la situation du lac de Shishper est loin d‘être un cas isolé. Rien que dans le nord du Pakistan, plus de 3000 lacs glaciaires se sont déjà développés suite à la hausse globale des températures. Et parmi eux, 33 représentent un risque bien réel d’inondation.

Une menace qui ne cessera malheureusement pas d’augmenter tant que les températures ne descendront pas. Les locaux ne le savent d’ailleurs que trop bien; la région d’Hunza a déjà été frappée par de nombreuses inondations d’origines glaciaires depuis 2018.

Et d’après de nombreux experts, la situation n’est pas partie pour s’améliorer. Les météorologues s’attendent à ce que les températures atteignent de nouveaux records, notamment aujourd’hui et demain. La population reste donc sur le qui-vive afin de pouvoir réagir promptement en cas de catastrophe.

Le Pakistan a le plus grand nombre de glaciers en dehors des régions polaires, et nombre d’entre eux fondent à vue d’oeil à cause des températures élevées”, a tweeté Sherry Rehman, ministre pakistanaise du changement climatique. Une preuve de plus qu’il existe souvent un écart considérable entre les premiers responsables et les victimes des conséquences du réchauffement climatique.

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