Dans le monde rural, John Deere fait partie des noms les plus connus grâce à ses tracteurs, moissonneuses-batteuses et autres équipements agricoles omniprésents dans les campagnes. La marque se distingue par son coloris vert reconnaissable entre mille, mais aussi par les performances de ses machines qui rendent de fiers services aux exploitants depuis deux siècles.
Mais comme chez tous les constructeurs d’équipements spécialisés, le travail des ingénieurs de John Deere a considérablement évolué sur les dernières décennies. En effet, ses produits ont largement dépassé le stade des “simples” machines agricoles; il s’agit aujourd’hui de vrais bijoux d’ingénierie mécanique, mais aussi logicielle, avec un accent tout particulièrement mis sur l’intelligence artificielle.
La firme fait d’ailleurs partie des précurseurs à ce niveau. Dès novembre 1999, la firme a racheté NavCom Technology, une startup spécialisée dans la navigation par satellite. L’objectif : développer son propre système de guidage par satellites pour ses engins agricoles. Elle a réussi à développer un système précis à quelques centimètres près.
Une nouvelle génération d’engins agricoles ultra-high-tech
Et si cette association vous paraît saugrenue, ça a été une véritable révélation pour John Deere. Le concept n’était pas parfait, mais il a fait l’effet d’un électrochoc à l’état-major de la marque qui en a immédiatement fait l’une de ses priorités absolues. En quelques années, elle a modifié toute sa feuille de route pour amorcer une grande transition qui allait faire passer ses engins dans une nouvelle dimension.
Une philosophie qui a attiré l’œil de certains acteurs prestigieux. Si bien qu’en 2018, JD s’est même associé au légendaire Jet Propulsion Laboratory de la NASA, à qui l’on doit le tout premier système GPS au monde ! Ensemble, ils ont développé un système qui permet de piloter et de suivre un engin à distance avec une vue satellite en direct, le tout avec une précision redoutable et agrémentée d’une grosse quantité de données exploitables en temps réel.
Une petite révolution qui a posé les bases d’une “nouvelle ère” à base d’engins autonomes à la pointe de la technologie. C’est en tout cas ce qui ressort d’une interview de Jorge Heraud, Vice-Président de l’automatisation chez John Deere, par TheNextWeb. Il décrit une philosophie basée sur des routines automatisées au service d’une agriculture de précision, optimisées à tous les étages grâce à l’intelligence artificielle.
Agriculture et IA, un mariage qui tombe sous le sens
À terme, ces machines seront capables de gérer la quasi-totalité de ces travaux sans intervention humaine. Cela représente évidemment un gain de temps immense. Cette approche basée sur l’IA permettra aussi aux engins de déterminer avec une précision redoutable la date idéale de semis ou de récole de telle ou telle parcelle pour en optimiser le rendement sur le long terme.
Et il ne s’agit pas que de quantité. Il y a aussi une dimension qualitative à prendre en compte. Les machines sont déjà capables de réaliser certaines tâches de ce genre de tâches avec une précision impressionnante, bien au-delà de ce que les contraintes de temps d’un agriculteur lui permettent de réaliser avec une machine traditionnelle.
Elles permettront d’optimiser le rendement de chaque parcelle en leur dispensant un traitement sur mesure. Elles sauront aussi tenir compte de la souche cultivée, de l’emplacement du champ, et de tout autre paramètre environnemental externe comme la présence de parasites ou d’espèces invasives.
Certains constructeurs travaillent déjà sur des systèmes qui permettent d’identifier, puis de se débarrasser des végétaux ou insectes indésirables de façon sélective et en temps réel avec un système IA similaire à la reconnaissance faciale. Une IA de ce type permettrait aussi à ces engins de délivrer des produits phytosanitaires avec une précision chirurgicale. Cela permettrait d’avoir recours à des doses microscopiques pour en maximiser l’efficacité tout en minimisant l’impact environnemental.
Et il ne s’agit que de quelques exemples isolés. Il s’agit déjà d’une vraie révolution par rapport à l’agriculture d’il y a quelques décennies, et tout indique que ces progrès fulgurants vont continuer de plus belle. Et c’est une bonne nouvelle, car les enjeux sont tout simplement énormes.
https://www.youtube.com/watch?v=SmOkhVu6oUI
La situation alimentaire évolue, et l’industrie doit suivre le rythme
Personne n’ignore le fait que la gestion des ressources alimentaires est un point déterminant pour l’avenir de l’humanité. Or, ces ressources sont directement menacées par l’augmentation de la population, l’impact de l’Homme sur son environnement, ainsi que le réchauffement climatique et ses conséquences.
La population augmente à vue d’œil l’espace disponible fond comme neige au soleil; en parallèle, de plus en plus de terres autrefois arables deviennent inexploitables à cause du réchauffement climatique. Il y a donc urgence à optimiser la production jusque dans les moindres détails.
Et il ne fait aucun doute que les machines seront des alliés de tout premier plan pour accompagner les agriculteurs dans cette transformation de cette industrie qui ne récompense souvent pas leur travail à sa juste valeur. Ce n’est donc pas un hasard si des dizaines d’autres entreprises comme Ecorobotics, Naio Technologies ou Agrobot ont déjà investi ce segment.
Une IA “pratique” au service des agriculteurs et de l’humanité
À terme, nous verrons donc fleurir des fermes entièrement autonomes comme il en existe déjà des tas dans la science-fiction. Et d’après l’interview de TNW, il semble que ce futur soit beaucoup plus proche qu’on ne le croit. Heraud affirme sans hésitation que les fermes 100% automatiques du futur “arriveront avant la fin de la décennie”.
En tout cas, cette interview est aussi une belle illustration du fait que l’intelligence artificielle n’est pas qu’une discipline nébuleuse et abstraite réservée à des petits génies en blouse blanche. C’est aussi un formidable outil qui peut aider l’humanité à répondre à certains problèmes vieux comme le monde de façon très efficace. Nous ne parlons pas ici de recherche fondamentale, mais bien d’un versant on ne peut plus “pratique” et déjà relativement mature de l’IA qui servira un jour à nourrir l’humanité, ni plus ni moins.
Il ne reste qu’à patienter jusqu’à 2030 pour voir si la prédiction d’Heraud se concrétisera. Mais ce qui est sûr, c’est que d’ici là, nous verrons probablement fleurir de nouveaux mastodontes de “l’IA pratique”, et vraisemblablement dans un futur relativement proche. L’avenir de cette discipline s’annonce décidément fascinant.
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