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La livraison gratuite sur les livres, c’est bientôt fini

Pour limiter la concurrence déloyale d’Amazon, la France veut mettre en place un tarif minimum de livraison sur les livres. Concrètement, ça change quoi ?

Après la loi Lang en 1981 relative au prix unique des livres, puis celle du 30 décembre 2021 visant à protéger les libraires d’une concurrence déloyale de la part des géants du web, l’Arcep a mis cette semaine en place une consultation publique sur sa proposition de tarif minimum pour les frais d’envoi de livres neufs. Encore une fois, il est question d’égaler un marché inégalement réparti entre le mastodonte Amazon, et les libraires indépendants qui peinent souvent à proposer des tarifs aussi attractifs.

La livraison gratuite, une fausse bonne idée ?

Pour les clients, la livraison gratuite des livres initiée par Amazon est évidemment une aubaine financière. Mais il en va autrement de la concurrence, et notamment des librairies pour qui il est impossible d’appliquer de tels tarifs. En 2014, le gouvernement avait déjà tenté de faire pression sur le GAFAM pour faire interdire la livraison sans frais. Qu’à cela ne tienne, l’entreprise de Jeff Bezos avait à l’époque répliqué en fixant à 1 centime d’euro son prix de livraison.

Un pied de nez qui n’est visiblement pas passé. 8 ans plus tard, l’Arcep vient de proposer un tarif minimum de 3€ sur les commandes de livres. Pour le moment, il s’agit d’une consultation publique, ouverte jusqu’au 27 mai prochain à tous les acteurs du secteur. Concrètement, le régulateur souhaite rééquilibrer la balance entre “la livraison à domicile quasi-gratuite de livres achetés à distance”, et “les librairies physiques” qui doivent “faire face à une sérieuse distorsion de concurrence”.

Qu’est-ce qui pourrait changer concrètement ?

Pour le moment, la consultation émise par l’Arcep n’a aucune valeur officielle, il se peut même qu’elle ne fasse jamais l’objet d’un texte de loi. Cependant, et si elle est votée, elle impliquera plusieurs changements sur le marché du livre :

  • Les frais de livraison seront bloqués à 3€ TTC minimum, sauf au-delà d’un certain seuil (à priori 25€) de commande, auquel cas les frais passeraient à 0.01€
  • Les tarifs appliqués seront les mêmes pour la France métropolitaine et l’outremer
  • Dans le cas où un colis contiendrait des livres ainsi que d’autres produits, le même tarif s’appliquerait, soit 3€ minimum (ou 0.01€ au-delà de 25€)
  • Si une commande nécessite plusieurs colis, les frais de livraison seront appliqués à chaque colis indépendamment
  • Cette nouvelle tarification s’appliquera aux livraisons à domicile et en point relais, mais pas au Clic and Collect
  • Les abonnés à un service payant comme Amazon Prime ou Fnac+ pourront bénéficier d’une remise sur les frais d’envoi, mais pas de la livraison gratuite

Pour le moment, rien n’est encore acté. Mais l’initiative pourrait porter un coup à l’économie d’Amazon, qui a fait de la livraison gratuite l’un de ses plus gros arguments de son service premium Amazon Prime. Il faudra sans doute attendre le mois prochain pour avoir un début de réponse.

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Source : Arcep

8 commentaires
  1. Donc pour quelqu’un comme moi qui habite à la campagne , soit je me déplace en ville pour acheter un livre , ce qui me coute du pognon en essence et en parking , soit je paye 3€ supplémentaire en commandant chez la FNAC ou Amazon , super la réforme … Dans tous les cas je me prends une cartouche dans le fondement. En cette période d’inflation , ça fait plaisir…

  2. Une fois de plus, les habitants des campagnes et ceux des banlieues dortoirs, qui n’ont pas la chance d’avoir un petit libraire sympa à proximité, sont sacrifiés.
    La meilleure solution est de passer au ebook en évitant les best seller dont le prix des ebook est indécent.
    Chacun peut trouver son bonheur pour parfois beaucoup moins de 5euros.
    Dans ce pays la population qui a du mal à joindre les deux bouts va continuer à subventionner les activités dépassées par la modernité.

  3. Et pourquoi on ne cherche pas à diminuer les fdp des autres sites plutot qu’augmenter celui d’amazon?
    On pourrait penser à des forfaits pour les petits sites ou je ne sais quoi… enfin il y a de quoi réfélchir pour aller dans le bon sens plutot que retrograder.

  4. Le livre est toujours d’actualité.
    Faire payer les frais de port sur un produit dont le prix est réglementé, c’est logique pour éviter la distorsion de concurrence.
    Ceux qui vivent à la campagne, et je sais de quoi je parle, n’ont pas les mêmes loyers qu’en ville, faut arrêter la démagogie !

  5. Croire que la distorsion de concurrence se fait sur les fdp et essayer de pousser le gens a plus prendre leur voiture pour acheter un livre a 10e dans une librairie c’est ça aussi la démagogie.

  6. L’arcep pourra bien faire ce qu’elle veut, la révolution est amorcée.
    Les géants du web, maléfiques multinationales américaines (oublions ici la FNAC) répondent à un besoin primaire.

    Étant un gros lecteur antérieur à l’essor d’internet, j’étais confronté régulièrement à des rayons a moitiés vide, ou il était impossible de trouver le 1er tome d’une série.

    Pour trouver le dernier Goncourt ou Musso, je n’ai certes pas besoin d’Amazon.

    La plus value de la majorité des libraires est quasi inexistante face à internet.
    Faibles stocks, pas de conseils de lecture la plupart du temps.

    Pour ma part, je suis passé à la majorité de mes livres en ebook, c’est 20% moins cher, et c’est instantané.

Les commentaires sont fermés.

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