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NASA : Ingenuity capture les ruines fantomatiques de son arrivée sur Mars

Le petit hélicoptère de la NASA s’est offert un pèlerinage aux airs de retour aux sources en revenant tirer le portrait à la capsule qui l’a déposé sur Mars.

Le 18 février 2021, le rover Perseverance et son compère volant Ingenuity se posaient sur Mars, signant le début d’une fabuleuse aventure scientifique. Tout récemment, les équipes de la NASA ont pu se remémorer ce jour en visitant une stèle un peu particulière : Ingenuity est parti jeter un coup d’oeil aux décombres fantomatiques des équipements qui lui ont permis, à lui et au rover, de se poser en toute sécurité.

Cette nouvelle expédition, réalisée à l’occasion du 26e vol d’Ingenuity, a permis à l’hélicoptère de capturer plusieurs superbes clichés. Au milieu des plaines rousses désolées de Mars, on distingue très nettement la capsule qui a déposé les deux robots. Plus loin, c’est le reste du parachute qui gît au sol, désormais à moitié recouvert d’une couche de poussière orangée.

À chaque fois qu’il s’envole, Ingenuity offre une perspective qu’ aucune mission planétaire n’est jamais parvenue à proposer”, s’extasie Teddy Tzanetos, responsable en chef du drone au prestigieux Jet Propulsion Laboratory de la NASA.

© NASA/JPL-Caltech

Un retour aux sources chargé d’implications

Si ces images fantomatiques d’un appareil humain échoué au milieu de ce désert spatial sont saisissantes pour le public, elles sont aussi très importantes pour la NASA. En effet, il ne s’agit pas seulement d’un pèlerinage sur fond de retour aux sources; si Ingenuity s’est donné la peine de se rendre sur place, c’est que les ingénieurs avaient très envie de poser les yeux sur ces décombres.

En effet, cette étape majeure du 26e vol a été réalisée sur demande des ingénieurs en charge du Mars Sample Return (MSR). Et il ne s’agit pas de simple curiosité morbide. Pour rappel, il s’agit de la mission qui aura la lourde tâche de revenir sur les traces de Perseverance pour récupérer ses prélèvements, puis de les rapatrier sur Terre pour qu’ils puissent être étudiés (voir notre article).

Le lancement de la mission n’est pas prévu avant la deuxième moitié de la décennie, et il faudra attendre 2030 pour le retour des échantillons. Mais d’ici là, les ingénieurs en charge du programme n’ont pas prévu de se tourner les pouces. Ils travaillent déjà d’arrache-pied pour mettre en place cette mission ô combien importante.

Et pour augmenter au maximum leurs chances de succès, le moindre détail compte. Ils estiment notamment que ces décombres pourront les renseigner sur les spécificités de la rentrée atmosphérique, de la descente et de l’atterrissage sur Mars. Il s’agit en effet d’une étape extrêmement délicate en termes d’ingénierie.

© NASA/JPL-Caltech

Un nouveau regard sur une étape critique

Pour commencer, c’est une des seules étapes de la mission sur laquelle les ingénieurs n’ont pas le moindre contrôle direct; tout ce qu’ils peuvent faire, c’est prévoir le coup le mieux possible, puis croiser les doigts pendant que le véhicule traverse cette épreuve en solitaire. Pendant ce baptême du feu, il doit encaisser les contraintes mécaniques et thermiques dantesques qui surviennent lorsqu’un objet percute l’atmosphère de plein fouet à plus de 20.000 km/h, puis la surface martienne à plus de 125 km/h.

Comme en témoignent les exploits des deux engins depuis cette date, ils ont finalement réussi à passer ce cap critique avec succès. Il représente donc un exemple à suivre, et la NASA compte bien s’en inspirer pour maximiser les chances de succès de Mars Sample Return.

Perseverance a été l’atterrissage le mieux documenté de l’histoire, avec des caméras qui nous montraient tout, du parachute au contact”, explique Ian Clark, l’un des grands artisans du rover et de la future mission MSR. “Mais les images d’Ingenuity nous offrent un autre point de vue”, nuance-t-il.

Si elles confirment que nos systèmes ont fonctionné comme prévu, ou si elles nous fournissent ne serait-ce qu’un petit ensemble de données d’ingénierie utilisable pour préparer Mars Return Sample, ça sera incroyable”, espère l’ingénieur. “Et dans le cas contraire, les images sont quand même phénoménales”, souffle-t-il. Mais dans tous les cas, il faudra patienter plusieurs semaines le temps que les ingénieurs puissent décortiquer consciencieusement tous ces clichés.

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© NASA/JPL-Caltech

Ingenuity toujours aussi vaillant

Il convient aussi de saluer la nouvelle performance d’Ingenuity, le petit hélicoptère qui n’en finit plus de bluffer tous les observateurs. Rappelons qu’à l’origine, il n’était censé réaliser que cinq vols au maximum; mais ce petit engin s’en sort tellement bien qu’il continue d’être mis à contribution.

Il a récemment escorté le rover Perseverance jusqu’au fameux delta à la frontière du cratère de Jezero, où il va désormais continuer sa recherche de traces de vie passée (voir notre article); un voyage dantesque qui a demandé de gros efforts de planification à la NASA. Et ce 26e vol était du même acabit.

En effet, le nouveau théâtre des opérations marque un changement radical du paysage. Terminé, le terrain relativement plat au-dessus duquel Ingenuity volait depuis le début; désormais bien avancé dans le delta, il doit composer avec un terrain très accidenté truffé de petites falaises affûtées, des surfaces hasardeuses, de dangereuses poches de sables…

Autant d’éléments qui ont donné du fil à retordre à la NASA. “Pour prendre les photos dont nous avions besoin, Ingenuity a du beaucoup manoeuvrer”, explique Håvard Grip, pilote en chef de l’hélicoptère. Mais c’est aussi là que pourraient peut-être se cacher de véritables trésors géologiques, à commencer par les traces de vie passée que l’agence espère tant y trouver. Le jeu en vaut donc la chandelle; en tout cas, ce qui est sûr, c’est que même s’ils ne trouvent jamais la moindre biosignature, Perseverance et Ingenuity n’ont pas fini de nous émerveiller.

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