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Les briques essentielles de la vie trouvées pour la première fois dans des météorites

Pour la toute première fois, des chercheurs japonais ont identifié les cinq bases azotées qui sont à la base de notre génome dans des météorites tombées sur Terre. Une découverte qui rend ce scénario sur l’origine de la vie encore plus tangible.

Cela fait belle lurette que les biologistes et les astronomes estiment que des météorites auraient pu apporter les premières briques à partir desquelles la vie s’est construite sur Terre. Les preuves indiscutables en faveur de cette théorie, par contre, brillent toujours par leur absence; ou du moins, c’était le cas jusqu’à la publication de travaux de chercheurs de l’université d’Hokkaido, au Japon, qui ont détecté les cinq “briques fondamentales” de la vie dans une roche spatiale.

La vie telle qu’on la connaît sur Terre repose en très grande partie sur l’ADN. Sous ses airs simplistes, il s’agit d’un support biochimique d’une grande puissance; c’est grâce à lui que les êtres vivants sont capables de préserver l’intégrité de leur patrimoine génétique.

Cette information génétique est codée grâce à une succession de bases azotées que l’on pourrait qualifier de “briques fondamentales” de notre génome; dans l’ADN, il s’agit d’ adénine, de thymine, de cytosine et de guanine, qui sont plus souvent désignées par les lettres A, T, C, et G. C’est la même chose dans l’ARN, mais à une exception près. Dans ce cas, la thymine (T) y est remplacée par une autre base azotée, l’uracile (U).

Ces unités sont réparties dans deux catégories : A et G sont ce qu’on appelle des purines, tandis que T, C et U font partie de la classe des pyrimidines. Dans ce contexte, inutile de s’attarder sur les différences biochimiques entre les deux classes; ce qui est plus important dans notre cas, c’est l’endroit où on les trouve.

ADN
© Sangharsh Lohakare – Unsplash

Reçu 5 sur 5

En effet, depuis que cette hypothèse a émergé, toutes les météorites ou presque sont passées au crible dès leur découverte; les astrochimistes espèrent ainsi y trouver ces fameuses bases, ce qui constituerait un argument de poids en faveur de cette théorie. Jusqu’à présent, ils y ont déjà repéré des purines (A et T); en revanche, les pyrimidines brillaient encore par leur absence.

Un écart particulièrement curieux qui laisse encore les chercheurs perplexes à ce jour. Pourquoi diable les purines sont-elles à ce point prédominantes, alors que les deux classes devraient théoriquement pouvoir se former dans des conditions extrêmement similaires ? À ce jour, il existe plusieurs théories valables; la réponse définitive, en revanche, demeure inaccessible pour l’instant.

Mais en attendant d’y parvenir, le travail d’investigation continue; récemment, ce sont des chercheurs de l’Université d’Hokkaido qui ont remis le couvert avec des techniques analytiques de pointes. Ils ont utilisé une technique de détection conçue à l’origine pour l’industrie pharmaceutique, qui s’en sert pour détecter des traces infinitésimales de certains composés.

Cette méthode a permis d’analyser des météorites avec une précision “10 à 100 fois” supérieure à celle proposée par les outils précédents, expliquent les chercheurs. C’est ainsi qu’ils ont pu détecter non seulement les deux purines, mais aussi les trois pyrimidines dans les mêmes météorites. La concentration était certes extrêmement faible, mais cela reste la toute première fois que quelqu’un détecte la totalité de ce cocktail de molécules dans un même substrat extraterrestre.

Perseverance en train de forer la surface pour collecter un échantillon. © NASA/JPL-Caltech

Un argument de poids en faveur de cette piste

Une observation lourde de conséquences; elle renforce considérablement l’idée que les météorites auraient pu contribuer à l’émergence des premiers mécanismes génétiques à partir desquels la vie s’est développée. De plus, ce scénario est aussi intéressant, car il est compatible avec certaines des pistes les plus prometteuses sur l’émergence de la vie.

On peut par exemple citer la fameuse hypothèse dite “du Monde à ARN”, dont vous nous parlions récemment dans cet article; elle stipule que les premières formes de vie terrestre se seraient développées à partir d’ARN, et ces travaux montrent justement que ce matériel pourrait être arrivé sur Terre par l’intermédiaire d’une météorite.

Évidemment, il ne s’agit pas encore d’une preuve formelle; à eux seuls, ces éléments demeurent encore insuffisants pour écarter tous les autres scénarios, comme celui d’une apparition spontanée sur Terre. En revanche, il s’agit incontestablement d’un nouvel élément en faveur de cette piste très prometteuse. Avec un peu de chance, de nombreux autres travaux déjà en cours nous permettre ont bientôt d’y voir plus clair.

On peut par exemple citer ceux que la NASA mène avec Perseverance et Ingenuity; le rover est en ce moment en train de fouiller un ancien delta martien asséché en espérant y trouver de vieilles biosignatures. Jour après jour, nous nous rapprochons donc progressivement d’une réponse à cette question qui taraude les chercheurs depuis des décennies.

Le texte de l’étude est disponible ici.

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1 commentaire
  1. La vie telle qu’on la connaît sur Terre repose en très grande partie sur l’ADN. Sous ses airs simplistes (SOUS SES AIRS SIMPLISTES!!!!!), cette protéine est un support biochimique d’une grande puissance; c’est grâce à lui que les êtres vivants sont capables de préserver l’intégrité de leur patrimoine génétique.

    Antoine doit être un génie, si l’ADN est une molécule simpliste.
    Il pourra peut-être nous éclairer avec des exemples de molécules plus complexes? 🙂

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